Architecture du printemps : une saison dans la vie de Vincent

Architecture du printemps
Architecture du printemps

On dit d’un auteur qu’il écrit des œuvres, d’un chanteur qu’il interprète des chansons, d’un peintre qu’il peint des toiles… Metteur en scène, dramaturge et comédien, Olivier Lépine, lui, façonne l’Architecture du printemps, le titre de sa dernière pièce de théâtre. Présentée sur la scène de Premier Acte de Québec du 15 mars au 2 avril 2015, la pièce constitue une fabuleuse reconstruction d’événements sociopolitiques, de déceptions amoureuses et d’un clin d’œil sur l’histoire de l’art. Olivier Lépine, seul sur scène, authentique, se met à nu et nous permet de nous infiltrer dans une partie de sa vie personnelle à travers ses propres mots et ceux de celui qui le captive depuis longtemps, Vincent Van Gogh.

1888 : Rétrospectives sur la souffrance du peintre impressionniste lorsqu’il est interné dans un hôpital à la suite d’accès de folie passagers qui l’amèneront à la mort. Coups d’œil sur la correspondance méconnue qu’il a longtemps entretenue avec son frère Théo et sur ses mots magnifiques riches en réflexions et en images.
2012 : Vincent, trentenaire, sombre dans une dépression profonde à la suite d’une rupture amoureuse. Une issue devient possible lorsqu’il croise le chemin de Van Gogh, à Amsterdam, lorsqu’il est engagé pour réaliser un documentaire à l’occasion du 125e anniversaire de sa mort, en 2015.
2013 : Paul, un policier dans la mi-trentaine, se fait juger devant le comité de déontologie pour abus de pouvoir et manque de discernement alors qu’il intervenait pendant le Printemps érable dans les rues remplies de manifestants. Ses convictions sont ébranlées et il part en Europe en 2015 pour se réconcilier avec sa vie et ses choix.
La rencontre de trois solitudes, trois désillusions, qui déclenchera une éclosion majeure dans leur vie. Chacun se fera architecte de son printemps dans un ultime frisson d’espoir et d’amour.

Olivier Lépine qui incarne Vincent
Olivier Lépine qui incarne Vincent

La métaphore de la renaissance est omniprésente tout au long de la pièce, par les mots qui nous poussent à regarder les étoiles, ces énormes étoiles jaunes scintillantes qui donnent l’illusion que le jour renaît après la nuit… par la couleur jaune qui peint les différents tableaux de la pièce et par laquelle les soleils réchauffent les cœurs refroidis et ramènent le chant des oiseaux au printemps. Des images fortes ponctuent la fusion des trois histoires et on peut presque sentir l’odeur des tulipes, le vent du mistral dans nos cheveux ou les rayons du soleil du Midi sur notre peau. Des vidéos en trame de fond nous ramènent au Printemps érable et nous rappelle l’élan de solidarité et le souffle de résistance qui a balayé les vues du gouvernement Charest en ce qui concerne la hausse des frais de scolarité.
Olivier Lépine interprète tous les personnages et dévoile un jeu personnalisé pour chacun d’eux, leur voix, leurs mimiques, leurs accessoires, leur vécu et leurs souffrances propres. Lépine donne un sens au mot « incarner » et se lance tête première dans ce tour de force de 1 h 40 de pures émotions. Un décor aux multiples possibilités et un éclairage thématique justifient et lient encore plus cet amalgame des trois mondes. Malheureusement, le personnage de Paul, le policier, n’est pas aussi précis et défini que les autres et sa quête passe presque inaperçue.
Architecture du printemps est une pièce qui nous fait voyager à Amsterdam, en France, au Québec, dans le temps ainsi qu’à l’intérieur de nous. Elle nous laisse cependant partir le cœur léger, heureux. Un projet ambitieux, réussi.

Crédit photos : Cath Langlois photographe
www.premieracte.ca