Entrevue avec les artisans du film Mobile Étoile. Sortie en salle dès le 25 mars.

le réalisateur Raphaël Nadjari, les comédiens Luc Picard et Dorothée Berryman ainsi que la Soprano et directrice musicale sur le film Nathalie Choquette.
le réalisateur Raphaël Nadjari, les comédiens Luc Picard et Dorothée Berryman ainsi que la Soprano et directrice musicale sur le film Nathalie Choquette.

Le film musical Mobile Étoile, mettant en vedette Luc Picard, Géraldine Pailhas et la magnifique voix de Nathalie Choquette prend l’affiche le 25 mars au Québec et le 27 avril en France.  Un film qui célèbre la création musicale et la beauté et l’élégance des musiques religieuses sacrées.

Synopsis

Hannah (Géraldine Pailhas), chanteuse de musique classique, passionnée et obstinée, dirige une chorale à Montréal avec son mari Daniel (Luc Picard), pianiste. Ils vivent de concerts de création de musiques françaises sacrées, véritables trésors du patrimoine,  composées pour les synagogues de France fin XIXe – début XXe. Mais depuis quelque temps, ils peinent à maintenir leur groupe vocal à flot. Et alors qu’ils recrutent Abigail (Éléonore Lagacé), une jeune fille fragile et surdouée qui leur redonne de l’espoir, l’ancien professeur d’Hannah, Samuel, arrive à Montréal avec une ancienne partition perdue…

Mon appréciation du film est accessible via ce lien :

https://info-culture.biz/2016/03/24/le-film-musical-mobile-etoile/#.VvRdK9LhDvY

Étaient présents à la conférence de presse et les questions des médias, le réalisateur Raphaël Nadjari, les comédiens Luc Picard et Dorothée Berryman ainsi que la Soprano et directrice musicale sur le film Nathalie Choquette.

Raphaël Nadjari
Raphaël Nadjari

Question pour le réalisateur Raphaël Nadjari :Pour ce film, ce sont d’abord les chansons qui ont été créées à partir du scénario et le tournage a eu lieu par après. Ce qui est à l’inverse de tous les autres films, pourquoi avoir procédé ainsi ? «Dans l’idée du cinéma d’habitude on peut illustrer par la musique.  Tandis que là, bien que ce ne soit pas un «musical», au sens classique,  on a décidé d’avoir des pièces entières comme base du film. Et comme on avait des musiciens qui ne sont pas comédiens qui étaient dans le film, mais aussi des comédiens qui ne sont pas musiciens, il fallait avoir déjà tout enregistré d’avance et le tout était joué en playback pendant qu’on tournait. Ainsi donc, même si Dorothée Berryman chantait pour vrai, sa voix était préenregistrée et elle jouait par-dessus. Même chose pour Luc, il devait faire semblant de jouer du piano, alors que c’était en fait Dominic Boulianne qui jouait vraiment. Et pour Géraldine Pailhas, c’était plutôt Nathalie Choquette qui lui prêtait sa voix.»

C’était donc tout un défi au niveau de la réalisation que de faire ce film n’est-ce pas ? «Effectivement. En fait, ce film est assez spécial puisqu’il avait un côté très technique, mécanique du côté musical, mais il y avait aussi le côté plus spontané du dialogue où alors là, tout était joué en improvisant. Car tout ce que les comédiens avaient pour jouer une scène, c’était des dessins précis de la scène. Ils devaient créer le texte à jouer. » 

Qu’est-ce qui a fait en sorte que vous ayez décidé de prendre un acteur pour être un pianiste avec une doublure au piano, alors que vous avez choisi un joueur de violon qui n’est pas comédien pour incarner le fils par exemple ? «La directrice de casting Lucie Robitaille et Murielle Laferrière nous ont présenté diverses personnes en audition. Je ne les connaissais pas. Je ne savais pas par exemple qu’Éléonore était la fille de Nathalie, que Dorothée était une actrice qui savait chanter. Mais j’ai voulu tous les rencontrer, qu’ils soient comédiens ou musiciens, en personne. Et c’est un truc de lumière au final qui m’a fait choisir. Par exemple Éléonore, elle n’était pas comédienne, mais la façon qu’elle avait de raconter sa vie, l’énergie qu’elle avait, cela m’a épaté. Et c’est la même chose avec Alexandre. Sa passion pour la musique m’a fait le prendre, alors qu’il n’avait jamais joué.»

Lors du début du tournage, le film s’appelait initialement Yzkor, soit le nom d’une prière juive voulant dire  In Memoriam «en mémoire de » . Il a été changé pour Mobile étoile, titre de la chanson qui apparaît à la fin du film, pourquoi ? « C’était le titre qu’on avait depuis les tout débuts, voilà maintenant 5 ou 6 ans et lors du tournage, on s’est rendu compte que ce qui représentait le mieux ce film, c’était la chanson de la fin et donc, on en a changé le titre tout simplement» 

Nathalie Choquette
Nathalie Choquette

Question pour Nathalie Choquette :Nathalie, à part votre petit rôle de la mère d’Abigail dans le film, quel était votre apport comme conseillère musicale ? «Raphaël m’a confié la tâche de trouver la couleur juste de la musique. On avait des chanteuses qui arrivaient de différents background. Dorothée avec sa voix jazz, Félicia plutôt comédie musicale, Éléonore entre deux mondes et moi soprano. Et Raphaël voulait que l’on donne la couleur de la musique française, de Ravel et Debussy. Il fallait aussi chanter avec l’émotion en retenue, sans vibrato. De mon côté, le titre de directrice musical, cela m’angoissait un peu. Je n’ai jamais dirigé personne. J’avais vraiment le trac. Et Raphaël nous laissait plein de liberté pour créer. Heureusement qu’on avait de grands musiciens comme Dominic Boulianne qui a fait le piano avec une grande sensibilité. Et évidemment Jérôme Lemonier qui a composé toutes les chansons sauf la dernière. On avait Jérôme au téléphone de la France qui nous guidait et nous conseillait. Il y avait aussi le jeune violoniste Alexandre Sheasby qui était tellement fort en musique et en théorie. » 

Avez-vous une anecdote de tournage à raconter ? « Oui, par exemple, je devais montrer à Géraldine comme battre la mesure. Mais je n’ai jamais battu la mesure moi-même. J’ai toujours regardé les chefs d’orchestre battre la mesure. Alors je l’ai fait à l’envers. On a donc filmé ainsi toute la scène. Puis Alexandre arrive pour sa scène et il dit, mais ça ne va pas. C’est à l’envers… Et aussi, il y avait Éléonore, ma fille. Je l’appelle ma boss musicale. Elle a l’oreille absolue. Elle entend tout. Et elle a tellement d’assurance comme son père Éric Lagacé. Tandis que moi, je marche toujours avec des doutes. Alors son assurance me donnait confiance. » 

Est-ce que cela faisait bizarre d’entendre sa propre voix dans un autre corps ? «C’est complètement hallucinant, parce que quand j’entends le son, mon corps réagit en tant que chanteuse et toute ma mémoire physique refait surface. Et de voir une autre personne qui bouge un peu différemment de moi, c’était plutôt hallucinant. C’est très étrange. »

Luc Picard
Luc Picard

Questions pour Luc Picard :Le film traite entre autres du sujet du manque de financement au niveau des arts. Quelles conséquences avez-vous remarquées du manque de financement actuel au niveau des arts québécois depuis les dernières années ? « Radio-Canada va déménager, voilà une conséquence désolante. Et il y a tellement de places que l’on peut voir les conséquences de cela aussi. Par exemple, lorsque je tournais dans une série avant, on pouvait tourner 7 ou 8 scènes dans une journée. Si je fais une série aujourd’hui, ce sera 24 scènes que l’on va tourner. Ça veut donc dire qu’on ne refait plus les prises. On fait une prise et c’est tout. Il faut que ce soit la bonne. Alors quand on me dit que je suis bon dans une série ou pas bon dans une série, je réponds, écoute, je fais ce que je peux, j’ai juste une prise pour la faire cette scène. Et ce n’est pas juste pour les séries, c’est partout aussi, au théâtre, au cinéma… Et la culture, c’est le ciment de la société. C’est là qu’on se dit ce qu’on est et ce qu’on n’est pas. Alors c’est fondamental dans l’identité d’une nation. Donc, c’est très grave ce manque de financement.» 

Le fait que vous n’étiez pas un musicien, comment est-ce que cela vous a transformé d’avoir à jouer un pianiste? «C’est sûr que pour moi c’était très intimidant. J’ai suivi des cours de piano pendant quelques mois. Pas pour apprendre à jouer, car personne ne peut devenir un pianiste classique en l’espace de quelques mois. Ce n’est pas possible. J’ai donc frayé avec des musiciens, et j’ai eu de l’aide de Nathalie. J’étais donc très intimidé, car au départ, je suis intimidé par les gens qui maîtrisent un instrument de musique. Mon fils joue de la guitare et il m’intimide. Je me sentais vraiment imposteur, mais c’est ça mon métier. Un imposteur sincère qui se croit lui-même un moment donné.»

Vous deviez improviser votre texte à dire, et en plus, vous aviez également une multitude d’accents pour les divers personnages qui se parlent. Est-ce que c’est un atout ou au contraire une difficulté quand vient le temps d’improviser justement ? « Pour le côté improvisation, au début ça fait peur, parce que tu ne sais pas ce que la journée te réserve. Tu ne sais pas ce que tu vas dire et où cela va aller. Ensuite, le mélange des accents peut devenir intimidant pour improviser, car t’es confronté à d’autres cultures, à d’autres façons de voir. J’avais le dilemme avec Géraldine. Ces deux personnages habitent ensemble depuis 15 ans au moins, alors normalement, ils se comprendraient très bien, même si elle est française et lui québécois. Mais dans les faits, Géraldine était au Québec depuis 2 semaines seulement. Alors en impro, si je me laisse aller à dire ce que je veux, il y aura des trucs que Géraldine ne comprendra pas. Mais en même temps, ça ne me tentait pas de bien parler, mieux que d’habitude juste pour qu’elle comprenne. J’ai donc essayé de trouver un niveau de langage qui avait bien de l’allure pour moi et qu’elle pourrait comprendre ce que je dis. Mais c’est quand même arrivé quelques fois pendant des prises où j’ai dit des trucs et elle a n’a rien compris »

Dorothée Berryman
Dorothée Berryman

Questions pour Dorothé Berryman: Comment vous êtes-vous senti de jouer dans ce film ? «J’ai fait déjà quelques films où je devais chanter en plus de jouer, comme avec Jack Paradise. Mais dans ce cas-ci, c’était un répertoire que je ne connaissais pas ou peu. Un style que je n’avais jamais chanté. C’était un très grand défi et un grand bonheur à jouer par la suite, une fois la peur maitrisée. J’aurais pris plus de moments en studio. Et ensuite, le seul regret que j’ai c’est que le tournage a été si court pour moi. J’aurais aimé y participer plus. Car tout le côté improvisation que j’ai déjà pratiqué, il y a longtemps, à l’université Laval, à la troupe des treize, c’est ce qu’on faisait de la création collective, je ne l’avais jamais fait au cinéma. C’est une démarche que je ne connaissais pas. Cela aussi ça m’a fait peur. Et c’est bien de se sentir en danger. Et de faire ces scènes en improvisant, avec toute la spontanéité que cela comporte, c’est très enrichissant. »   

Galerie de photos des entrevues :  https://www.flickr.com/photos/infoculturephotos/25385108573/in/album-72157665735817720/

 

L'équipe en entrevue
L’équipe en entrevue

La sortie du film est prévue le 25 mars 2016 au Québec.

LISTE DES MUSIQUES

*Incantation Pour Le Nouvel An

Une musique originale de Jérôme Lemonnier

Tiré de la bible hébraïque du Prophète Michée

adaptation poétique Emmanuel Moses

 

*Louanges À L’éternel

Une musique originale de Jérôme Lemonnier

Tiré de la bible hébraïque, Psaumes 27

adaptation poétique Emmanuel Moses

 

*Le Miracle De La Clef

Une musique originale de Jérôme Lemonnier

Une création d’Emmanuel Moses

 

*La Montagne Sacrée

Une musique originale de Jérôme Lemonnier

Inspiré de la bible hébraïque, des Lamentations de Jérémie

Création poétique d’Emmanuel Moses

 

*Ma Colombe

Une musique originale de Jérôme Lemonnier

Inspiré du Cantique des Cantiques

une création poétique d’Emmanuel Moses

 

*Prière Du Soir

Une musique originale de Jérôme Lemonnier

Inspiré du Corpus Liturgique du Soir

Traduction et adaptation poétique Emmanuel Moses

 

*Dis Moi Mobile Étoile

Mélodie de Fernand Halphen

Arrangement : Jérôme Lemonnier

Écrit par Auguste Lacaussade

Avec l’aimable autorisation de Mesdames Isabelle Friedman,Odile Haye,

Nathalie Bardon

© Institut Européen des Musiques Juives

 

*Mouvement énergétique (cours d’Étha)

Une musique originale de Jérôme Lemonnier

 

Distribution

Hannah Hermann        Géraldine Pailhas

Daniel Dussault       Luc Picard

Etha Salomons         Felicia Shulman

Abigail Colin         Éléonore Lagacé

Samuel Badaszcs   Paul Kunigis

David Hermann-Dussault  Alexandre Sheasby

Jean-Paul Dussault    Marcel Sabourin

Marlus                Raymond Cloutier

Madame Kessel         Michèle Dascain

Monsieur Ruben        Jean Cordier

Jason Roy-Léveillée et Dorothée Berryman font également partie de la distribution.

Avec la participation exceptionnelle de Natalie Choquette  pour le rôle de la mère d’Abigail et l’interprétation de la voix d’Hannah

Et Dominic Boulianne qui est la doublure pour le piano.

 

Production Déléguée :  The French Connection

Production Étrangère : Ema films

Distribution France : Zootrope Films

Coproduction : Sister Productions

Exportation / Vente internationale : mk2

 

Réalisateur              Raphaël Nadjari

Scénaristes              Raphaël Nadjari et Vincent Poymiro

Directeur de la photo : Benoît Beaulieu

Directrice artistique :    Geneviève Huot

Directeurs de production : Michel Croteau, Nelly Mabilat, David Hurst

Monteur : Elric Robichon

Casting : Murielle Laferrière, Brigitte Moidon, Lucie Robitaille

Etalonneur : Élie Akoka

Coproductrice : Julie Paratian

Ingénieur du son : Xavier Dreyfuss

Décoratrice : Marzia Pellissier

Bruiteur : Chen Harpaz

Costumiers : Pierre Moreau, Eric Poirier

Maquillage & Coiffure :  Sophie Lebeau et  Réjean Goderre

Mixeur : Chen Harpaz

Musiques originales : Jérôme Lemonier

Liturgie et chansons :   Emmanuel Moses

Superviseur musical :    Myreille Bédard

Conseil Musical :  Natalie Choquette, Lucie Roy et Helma Warum

Origines :  France, Canada

Année de production :  2014

Sortie en France : 27 avril 2016

Sortie au Québec : 25 mars 2016

Durée :  1 h 59 min

http://www.zootropefilms.fr/

Crédit photos : Réjeanne Bouchard