Jeux d’enfants ? l’heure juste sur l’intimidation par Stéphanie Deslauriers, un livre utile à l’école mais aussi pour tous les parents!

Jeux D'enfants? l'Heure juste sur l'intimidation
Jeux D’enfants? l’Heure juste sur l’intimidation

La psychoéducatrice Stéphanie Deslauriers remet les pendules à l’heure dans cet essai Jeux d’enfants ? sur le sujet de l’intimidation, publié aux éditions Stanké.

Quelle place devraient occuper les parents et l’école dans la prévention et la lutte contre l’intimidation ? Est-il possible d’enrayer complètement l’intimidation ? En parlons-nous trop et trop mal ?
Dans cet essai nécessaire, la psychoéducatrice Stéphanie Deslauriers rappelle la définition même du concept d’intimidation, qui se perd au fil des nombreuses interventions sur le sujet. Elle apporte du même souffle un point de vue rafraîchissant sur le problème, en confrontant les idées reçues et en dénonçant l’approche de la plupart des médias et de ceux qui se prétendent spécialistes.
Forte de sa formation et de son expérience, elle souhaite donner l’heure juste à travers tout ce qui se dit, entre autres en déboulonnant quelques mythes tenaces. Au passage, elle met en lumière les lacunes des outils actuels de lutte contre l’intimidation et ébauche d’autres pistes d’intervention.

Dans son avant-propos, Stéphanie Deslauriers prévient déjà le lecteur sur les raisons qui l’ont poussé à écrire cet essai :

«Que vous ayez été victime, témoin ou agresseur, ou encore que votre enfant tienne un de ces rôles, vous êtes impliqué émotionnellement et vous réagirez plus ou moins fortement à certains propos. Voilà le but de cet ouvrage : Faire réagir pour faire réfléchir… Si vous terminez votre lecture avec plus de questions que de réponses, j’aurai atteint mon objectif.» 

Pour ma part, je dois dire que l’auteure a atteint pleinement son objectif. Pendant ma lecture, je fus parfois ébranlée par ses propos. J’ai remis en question mes agissements face à mes propres enfants. Et au final, Stéphanie m’a permis de réfléchir sur ma manière de voir les intimidateurs et elle m’a ouvert les yeux sur une réalité que je ne soupçonnais pas. Je demeure remplie de questions, mais aussi je suis mieux outillée pour faire face à ce fléau qu’est l’intimidation. 

Voici un peu ce que je retiens de son livre. Il y a trois critères qui doivent être présents, pour affirmer qu’il s’agit d’une situation d’intimidation : L’intentionnalité, la répétition et le déséquilibre de pouvoir.

De plus, le manque d’estime de soi est un facteur important dans l’intimidation.

«Ce ne sont pas tous les jeunes enfants qui ont confiance en eux, qui osent dire ce qu’ils pensent, sans peur de se faire rabrouer. Souvent, ce sont ces jeunes qui sont victimes d’abus de toutes sortes ou deviennent des témoins silencieux. Il y a donc un besoin criant de travailler l’estime personnelle de nos jeunes afin qu’ils puissent réagir et faire cesser ce type de violence. »

Le parent se doit de servir de modèle à son enfant. L’enfant regarde et apprend beaucoup du comportement de ses parents, entre autres.

Qu’est-ce qui pousse un jeune à intimider? Il y a tout un chapitre complet sur les divers facteurs de risques, illustrés à partir du modèle écosystémique du développement humain. Ce que l’on retient c’est qu’en contexte d’intervention, il est important de connaitre le plus d’informations possible sur les agresseurs.« Car l’intimidation cache des dizaines de stresseurs, de facteurs de risque, de souffrances avouées ou non et de besoins non comblés. Les intimidateurs ont besoin d’aide, eux aussi… Ils font souffrir les autres, faute de moyens socialement et affectivement adéquats… 

Il est donc important de prioriser les apprentissages en matière de gestion des émotions et de l’impulsivité, de développement de l’empathie et de responsabilisation, plutôt que la culpabilisation et la punition excessive. » 

Je retiens qu’il faut mieux comprendre pour mieux intervenir.

En résumé, ce livre est nécessaire pour tous ceux qui sont touchés de près ou de loin par l’intimidation. Mais je dirais même que tout le monde devrait le lire, puisqu’il contient des outils pour prévenir les risques d’intimidations. Donc, chaque école devrait avoir ce livre en main et chaque parent aussi. C’est un petit trésor d’informations pertinentes et instructives.

Stéphanie Deslauriers © : Sarah Scott
Stéphanie Deslauriers © : Sarah Scott

Diplômée d’un baccalauréat en psychoéducation de l’Université de Montréal et d’une maîtrise en psychoéducation de l’Université de Sherbrooke, Stéphanie Deslauriers travaille auprès d’enfants et d’adolescents présentant divers besoins (affectifs, psychosociaux, neurodéveloppementaux) ainsi que de leur famille. Chargée de cours et conférencière, elle alimente depuis 2010 le blogue Ensemble, maintenant. Elle collabore comme chroniqueuse à différentes émissions, notamment Format familial, à Télé-Québec. Elle a publié deux romans aux Éditions Stanké, L’Éphémère et La Trahison des corps, en plus d’un essai, Jeux d’enfants ? – L’heure juste sur l’intimidation.

Date de parution : février 2016
Sujet : Littérature québécoise
Nombre de pages : 160 pages

22,95 $

Éditions Stanké

http://www.editions-stanke.com/

 

Ayant rencontré Stéphanie lors du salon international du livre de Québec, voici comment elle m’a décrit son essai.

Parle-moi de cet essai sur l’intimidation : « Dans les dernières années, on a parlé beaucoup d’intimidation dans les médias. Mais le constat c’était qu’on en parlait un peu tout croche, beaucoup dans le sensationnalisme. Il y a les méchants agresseurs d’un côté, les pauvres victimes de l’autre. C’était très dichotomique. Étant psychoéducatrice auprès des jeunes en difficulté, je le voyais sur le terrain que ce n’est pas tout noir et tout blanc. C’est beaucoup plus nuancé que cela. Donc, ce livre est un essai pour recadrer les faits. Qu’est-ce qui met en risque de devenir agresseur? ou de devenir une victime? Et ce, pas seulement dans la personnalité de l’enfant, mais dans tout ce qui l’entoure, sa famille, son milieu scolaire, les lois, les services qui sont en place. On retrouve aussi dans le livre des stratégies de prévention, pas juste à l’école, pour nous aussi les parents. Dès que nos enfants naissent, qu’est-ce qu’on peut faire pour les outiller dans la vie à avoir une bonne confiance en eux, à avoir de bonnes habiletés sociales? Ce sont là les facteurs de protection pour prévenir l’intimidation. »

Pour la suite de l’entrevue : https://info-culture.biz/2016/04/15/entrevues-au-silq-edition-2016-essais/#.VxywvNThDvY