Transat Québec Saint-Malo – À la découverte du Saint-Laurent !

Transat Québec Saint-Malo  photo: Steve Deschênes
Transat Québec Saint-Malo photo: Steve Deschênes

C’est demain le dimanche 10 juillet que sera donné sous les plaines d’Abraham, en amont de la ville de Québec, le départ de la 9e édition de la Transat Québec Saint-Malo. Quatre multicoques de 50 pieds seront les premiers à s’aventurer sur le majestueux et toujours aussi mystérieux fleuve québécois. Ils seront suivis un quart d’heure plus tard des 20 monocoques de la flotte. Charge à eux de décrypter et de négocier au mieux les subtilités des 371 milles de navigation fluviale jusqu’à Percé, afin d’entrer au plus vite dans la baie de Gaspé, prélude à la grande traversée de l’Atlantique Nord, marqué cet été, et ce n’est pas la seule curiosité de cette unique course en équipage disputée d’ouest en est, par la présence loin dans le sud de Terre-Neuve, et sur la route de Saint-Malo, de nombreux icebergs.

Aux caprices du fleuve
Mais avant d’en arriver là, les concurrents s’apprêtent à vivre trois à quatre journées particulièrement difficiles, sur le tortueux parcours côtier de 371 milles, scandé par quatre marques de passage obligées à Rimouski, Matane, Gaspé et Percé, et par de nombreux obstacles sous la forme de zones d’exclusion à la navigation pour la protection de réserves marines, îles et îlots, voies navigables des cargos… Les conditions météo si spécifiques à chaque région en paraissent presque accessoires. Les concurrents vont pourtant devoir affronter dès le coup de canon, et c’est là une configuration unique dans la longue histoire de l’épreuve créée en 1984, un vent soutenu de secteur nord est installé très exactement dans l’axe de descente du fleuve. Le courant sera heureusement, au moins pour les toutes premières heures de course, orienté dans le bon sens et devrait grandement aider à parer l’île d’Orléans. Chaque équipage s’apprête ainsi à vivre une véritable course contre la montre, afin non seulement de ne pas se faire décrocher par le gros de la flotte, mais surtout afin de ne manquer aucun des nombreux passages à niveau préfigurés par la renverse des courants, et par l’établissement d’une zone de haute pression dimanche soir sur Terre-Neuve. L’examen plus général des conditions météo en Atlantique Nord révèle l’arrivée d’un fort flux de secteur sud-ouest sous Terre-Neuve, véritable autoroute pour « rentrer à la maison », au portant et pied au plancher.

Qui pour succéder à Halvard Mabire et Miranda Merron
En l’absence du double tenant du titre et recordman de l’épreuve, Halvard Mabire associé à sa compagne Miranda Merron vainqueurs en 2012 et 2008, le jeu au sein des 19 protagonistes de la Class40 s’annonce particulièrement ouvert. « Je vois bien 6 à 7 vainqueurs potentiels » annonce Phil Sharp (Imerys). De retour dans cette classe qui lui est chère dix ans après son succès en solitaire dans la Route du Rhum, le Britannique fait partie des favoris en compagnie de ses prédécesseurs au classement de The Transat en mai dernier, Thibaut Vauchel-Camus (Solidaire En Peloton-ARSEP) et Louis Duc (Carac). Ces trois hommes se sont entourés de pointures de la course au large, attestant de leur appétit de victoire. Deux femmes pourraient venir contester ces ambitions ; Isabelle Joschke (Generali-Horizon Mixité), un brin revancharde après son abandon dans The Transat alors qu’elle menait les débats, a fait appel à son mentor Alain Gautier, et à un habitué de la classe, Pierre Brasseur. Une combinaison de talents qui inspire le respect sur les pontons québécois. Modeste et effacée, Catherine Pourre arrive pourtant à Québec forte d’une expérience considérable du 40 pieds, avec son Mach 40 Eärendil éprouvé et un équipage de trois hommes au vécu maritime et régatier long comme un Saint-Laurent déventé. Motivé pour lui aussi faire tourner le destin en sa faveur, le jeune Malouin Maxime Sorel (V and B) veut effacer la désillusion de son abandon entre Plymouth et New-York. Entouré de Luke Berry et de Bertrand Delesne, il compte bien relancer son projet qui devrait l’emmener jusqu’au départ de la prochaine Route du Rhum.

Classe internationale, la Class40 présente sur cette Transat Québec Saint-Malo nombre de nationalités parfaitement capables de s’imposer. Le marin architecte espagnol Gonzalo Botin et son Tales II, bateau victorieux de la Route du Rhum 2014 aux mains d’Alex Pella (équipier cette année de Sidney Gavignet à bord du MOD 70 Musandam Oman Sail) fait partie des épouvantails de la course, au même titre que Black Pepper / Les p’tits doudous by Moulin Roty, à l’Allemand Burkhard Keese, amateur certes très éclairé, qui s’appuiera sur l’expertise et l’expérience d’Armel Tripon. Le Japonais Kitada Hiroshi (Kiho), a fait taire nombre d’esprits malins en terminant sa première transat en solitaire en mai dernier. Lui aussi sait s’entourer. Il bénéficiera avec les talents de Rémi Beauvais, Jean-Christophe Caso et Mark Smith des moyens de bien figurer.

Ils ont dit :

Armel Tripon – Black Pepper / Les p’tits doudous by Moulin Roty
« Notre équipage est franco-allemand. On a choisi de partir à quatre afin d’équilibrer le niveau entre les professionnels du bord et les amateurs éclairés. La course est très exigeante et on sera content d’avoir des bras à certains moments. On connait bien le bateau et on se connait bien. On a sûrement une belle carte à jouer avec notre Class40 de la dernière génération. Il faudra être très alerte sur la navigation, avec beaucoup de manœuvres, au contact. C’est tout de suite la bagarre, avec des rebondissements, des échappées belles qui s’interrompent aussi vite qu’elles sont arrivées… J’ai un super souvenir de mon expérience de 2012 avec Fabrice Amedeo, quand nous passons en tête à Saint-Pierre. Il faudra partir avec le bon wagon une fois en Atlantique… »

Manuel Cousin – Groupe Setin
« Le bateau est arrivé par cargo. C’est notre première expérience ici. Quel plaisir d’être là ! On est là pour se faire plaisir. On part à quatre, Yann Claverie, un ministre émérite, Damien Rousseau et Sébastien Oursel qui est un partenaire de travail. C’est la bonne combinaison de compétences. L’Atlantique Nord sera une première pour moi. Je connais les Antilles mais c’est excitant de découvrir ces nouveaux horizons. On est sensible à la valeur historique de ce parcours, grands bancs, Terre-Neuve, Saint-Pierre… C’est très excitant. Le plateau est très relevé, avec des anciens vainqueurs de Vendée Globe, des Figaristes… En tant qu’amateurs éclairés, avec le plus vieux voilier de la flotte, nous sommes honorés d’être là. Le bateau a prouvé sur la Transat Jacques Vabre (7e) qu’il est encore capable de faire des bonnes places. À nous de jouer… »

Catherine Pourre – Eärendil
« On ne sait pas trop à quelle sauce on va être mangée… Du près, des calmes… On observe les courants et on espère avoir choisi la bonne voile. On va faire beaucoup de côtiers, avec son lot d’objets flottants. On a un équipage de régatiers à l’aise le long des côtes. Il faudra aussi être vigilant aux glaces sous Terre-Neuve. Donc il faudra être en veille permanente, en espérant ne pas avoir trop de brouillard. Il ya beaucoup de paramètres à intégrer, ne pas se tromper sur le sens du courant, être sensible aux effets de pointe… Il faut vite rejoindre la sortie du Saint-Laurent pour attraper les dépressions d’Atlantique Nord. Ne pas se faire prendre par la dorsale qui nous attend après l’embouchure du fleuve. On va surveiller les petits copains à l’AIS. Eärnedil est un bon bateau qui nous autorise tous les espoirs. »

Fabien Delahaye –Solidaire En Peloton-ARSEP
« La course en équipage redistribue les cartes dans la mesure où chaque bateau est manié par de marins de grande qualité. Ils sont nombreux à prétendre à la victoire. On va faire notre maximum avec un équipage de qualité. Le début de course comporte énormément d’obstacles. Ces difficultés vont conditionner le résultat. C’est à Saint-Pierre qu’on fera un premier bilan. On va traverser des zones hostiles à la navigation, ce qui force l’humilité. Ce sera une transat rapide pour attraper une dépression et la suivre dans son Sud. Ce sera du pilotage musclé au portant. Je suis ravi de revenir dans cette Class40 que j’ai découverte en 2013 avec Sébastien Rogues (Victoire sur la Transat Jacques Vabre). On vient chercher la confrontation, sur des bateaux compétitifs et bien armés pour la régate. Il faut maitriser la machine et être toujours à la bagarre. La course peut aussi se jouer en Manche, dans une situation anticyclonique qui permet aux retardataires de revenir. »

Gilles Lamiré – French Tech Rennes Saint-Malo :
« La flotte est cohérente, avec de superbes machines très proches les unes des autres. On va naviguer à vue, c’est la spécificité de cette Transat, entre régate côtière et grand large… On va rencontrer une météo très complexe, avec des phénomènes locaux très particuliers, le long de la rivière Saguenay, près des îles de la Madeleine… beaucoup d’effets de sites et de courants… sans compter les troncs d’arbre et les baleines. Beaucoup d’observation et de vigilance au menu… Faire le grand chelem The Transat- Transat Québec Saint-Malo serait un rêve. On part dans un esprit très humble. Il faut d’abord ambitionner d’arriver à Saint-Malo avec un bateau en bon état. Le reste, ce sera à la bagarre… »

Tous les détails de la programmation et les détails sur les équipages inscrits sont disponibles via le transatquebecstmalo.com

À propos de la Transat Québec Saint-Malo
La Transat Québec Saint-Malo (TQSM) est un événement de Voile internationale Québec (VIQ) qui a pour mission de promouvoir le sport de la voile, le fleuve Saint-Laurent et le développement des relations économiques et culturelles entre la Ville de Québec, la Ville de Lévis et la Ville de Saint-Malo. Tous les quatre ans depuis 1984, le départ de la Transat Québec Saint-Malo est donné entre les villes de Québec et Lévis. Pour tous les équipages, un seul objectif : relever les défis de navigation du fleuve Saint-Laurent et traverser l’océan Atlantique en un temps record ! Depuis 2012, VIQ mandate GESTEV comme producteur délégué de la TQSM. Spécialisée en gestion d’événements sportifs et culturels, GESTEV est installée depuis 1992 dans la région de Québec et est certifiée éco-responsable selon la norme BNQ 9700-253.