Je est une autre, de Suzanne Aubry, mon premier coup de cœur de l’année 2017

Je est une autre
Je est une autre

Pour son dixième roman, Suzanne Aubry signe avec Je est une autre, mon premier coup de cœur de l’année 2017. Un roman fascinant d’une grande originalité sur la quête d’identité, la vérité, le mensonge et la passion de l’écriture.

Résumé

Les parents d’Anaïs rêvaient que leur fille soit écrivaine. Elle les a déçus en choisissant le métier de scénariste. Âgée de 37 ans, célibataire, sans enfants, Anaïs accueille par compassion un amuseur public rencontré dans un par cet un chien sans collier, qui vivent désormais à ses crochets. N’ayant pas le cœur de les mettre à la porte, maintenant enceinte, sans travail depuis un an, elle accepte à regret de devenir une «auteure fantôme» pour une productrice célèbre, Patricia M…

Dans le prologue de quelques pages, qui résume les 37 premières années de la vie d’Anaïs, cela se termine par cet extrait : « Qui n’a jamais menti par nécessité, pour se protéger soi-même ou pour protéger quelqu’un d’autre ? Qui n’a jamais eu de secrets ou caché une chose inavouable, à tout le moins à ses propres yeux ? Voici l’histoire de ces mensonges, de ces secrets. Je ne vous demande ni votre indulgence, ni votre compassion. Peut-être seulement de lire mon récit jusqu’au bout avant de porter un jugement sur ce qui a fait de moi un personnage de l’ombre, dont l’identité, déjà fragile, s’est peu à peu dissoute dans un tissu de demi-vérités et de vrais mensonges. »

Dès cet instant j’ai su que j’allais adorer ce livre et que je serais tiraillée entre vouloir le lire rapidement pour connaître le dénouement ou l’éplucher lentement pour en savourer tous les mots, toutes les émotions… J’ai choisi la deuxième option et je me suis repu de cet excellent roman avec une joie sans pareille. Un pur délice pour l’amatrice des mots que je suis.

Je suis une fervente admiratrice des livres de Suzanne Aubry. Avec la série Fanette en sept tomes, que j’ai lus en un été, j’ai découvert une auteure passionnée des mots et de l’histoire. Puis, avec Ma vie est entre tes mains, j’ai appris que cette auteure pouvait également m’émouvoir avec une histoire contemporaine, avec intrigue et suspens, où le pardon, la rédemption et la résilience étaient à l’honneur.

Je est une autre est un roman qui ne ressemble à aucun autre roman de Suzanne Aubry, mais on en reconnaît sa signature, sa justesse dans l’utilisation des mots, sa passion pour l’écriture. Dès le départ, elle nous entraine dans une histoire intrigante insensée même. On ne sait pas où s’en va l’auteure avec cette histoire pour le moins inconcevable, mais on veut s’y laisser entrainer. Chaque page m’a tenu en haleine, chaque événement m’a surprise, m’a décontenancée. J’ai été captive de ce roman pour mon plus grand bonheur!

Je ne veux pas trop raconter l’histoire, car je trouve essentiel de pouvoir découvrir ce livre petit à petit. Tout ce que je vais en dire c’est que j’en ai appris beaucoup sur le métier de scénariste,  les «auteurs fantômes» d’hier et d’aujourd’hui, et le besoin intrinsèque d’écrire pour les écrivains.

Je dois aussi mentionner la beauté de la page couverture. Elle a été créée par Clemence Beaudoin, une graphiste très talentueuse. C’est magnifique!

Voici quelques extraits du livre pour donner une idée du style et quelques phrases-clés qui m’ont chamboulée.

Le personnage d’Anaïs est assis sur une terrasse de la place Maubert à Paris et décrit son entourage «Tout en buvant un Perrier, j’ai regardé le spectacle de la rue. Une femme longue et maigre, vêtue de noir, marchait à grands pas avec un parapluie déployé au-dessus de sa tête, même s’il ne pleuvait pas. Un homme d’une cinquantaine d’années, en loden, une mallette dans une main, faisait les cent pas devant un arrêt de bus, son portable vissé sur une oreille. Un mendiant accompagné de son chien, venait de quitter son coin de la rue, transportant tout son barda sur son dos. Deux jeunes filles riaient aux éclats en se tenant par la taille. Tant de gens que je ne connaissais pas, dont je croisais brièvement la trajectoire, et que je ne reverrais jamais plus. » 

Parlant des auteurs fantômes et une des raisons qui les poussent à cela : «Parce que c’est rassurant de travailler dans l’ombre d’un autre. Au moins, on ne court pas le risque d’être jugé.»

Raison pour écrire un roman «Pour avoir l’impression d’exister. »

Merci Suzanne Aubry d’exister…

Suzanne Aubry
Suzanne Aubry

Diplômée en écriture dramatique de l’École nationale de théâtre du Canada,  Elle est  coauteure de trois téléséries très populaires auprès du grand public : À nous deux !Sauve qui peut ! et Mon meilleur ennemi. Suzanne Aubry a aussi scénarisé le film Meurtre en musique(d’après le roman Meurtre en 45 tours de Boileau-Narcejac), diffusé tant au Québec qu’en Europe.
Son premier roman, Le Fort intérieur, salué par la critique comme « un délicieux premier roman » et « un tour de force », a été mis en nomination pour le Grand Prix de la relève littéraire Archambault, 5e édition.
Les sept tomes de la saga historique Fanette, qui raconte le destin d’une orpheline d’origine irlandaise exilée à Québec en 1847, connaissent un grand succès et se sont vendus à plus de 95 000 exemplaires. L’auteure travaille à un projet d’adaptation de sa populaire saga pour la télévision. Le premier tome de Fanette est paru en version anglaise en novembre 2015.
Son roman Ma vie est entre tes mains a été finaliste pour le Prix des cinq continents de la Francophonie 2016 et a paru en France, aux Éditions Robert Laffont. Je est une autre est son dixième roman.

Date de parution : 8 février 2017
Sujet : Littérature québécoise
Nombre de pages : 280 pages
Prix 24,95 $

Éditions Libre Expression

http://www.editions-libreexpression.com/

http://www.suzanneaubry.com/

crédit photo : Julien Faugère