Entrevue avec India Desjardins pour la sortie de son roman La mort d’une princesse.

India Desjardins
India Desjardins

Après le succès en littérature jeunesse avec les huit tomes du Journal d’Aurélie Laflamme, India Desjardins a écrit un roman pour les adultes (pour tous), La mort d’une princesse, aux éditions de l’homme. Ce roman de fiction retient l’attention par sa prise de conscience déstabilisante que l’amour se vit beaucoup mieux dans la réalité et la simplicité que dans l’illusion et le coup de foudre.

Mon appréciation du roman est disponible ici : https://info-culture.biz/2017/02/13/la-mort-dune-princesse-dindia-desjardins/#.WKRQ9dThDvY

J’ai rencontré India Desjardins pour me parler de ce roman et de son processus d’écriture.

Après les 8 tomes du Journal d’Aurélie Laflamme, tu as écrit des bandes dessinées, et là, tu changes complètement de registre et de style pour écrire La mort d’une princesse. Qu’est-ce qui t’a motivé dans ce choix de roman?   «Tu vois, tout le monde me parle de ça (changement de style), mais moi, je ne le vois pas comme ça.  Je ne vois pas une transition entre deux styles. J’aborde toutes mes histoires de la même façon. J’ai un thème qui me touche, une histoire à raconter et un personnage à développer. Dans le cas d’Aurélie, je l’ai écrit avec la même passion, la même rigueur, le même désir de vouloir dire quelque chose, au niveau de l’adolescence, trouver sa place dans l’univers, que je l’ai fait avec La mort d’une princesse, où là c’est un personnage adulte qui a d’autres préoccupations. Dans tous mes livres, ce sont toujours mes observations et réflexions qui passent à travers mes personnages, que ce soit Aurélie ou Sarah. Cette fois-ci l’idée m’est venue il y a longtemps. En 2009, j’étais en pleine écriture d’Aurélie. Mais comme j’ai bloqué durant l’écriture, j’ai dû le laisser de côté et le laisser mûrir pendant quelques années. Moi, j’ai 40 ans et mon personnage de Sarah a 31 et ensuite 38 ans. C’est sûr que j’ai revisité des émotions authentiques, même si je les ai inclus dans une histoire de fiction. Et mon personnage de Sarah, je lui ai donné comme métier, celui d’une relationniste de presse, car je voulais avoir des observations et des réflexions sur l’image, les médias sociaux, cette ère dans laquelle on vit où on est tous un peu en autopromotion. J’ai voulu montrer l’impact des réseaux sociaux sur les relations interpersonnelles.»

C’est vraiment intéressant de voir les coulisses du métier de relationniste de presse. Est-ce inspiré de gens du métier que tu connais? «J’ai fait beaucoup de recherches auprès de relationnistes de presse autour de moi qui m’ont parfois donné de façon anonyme des anecdotes que j’ai intégrées en partie ou dont je me suis inspirée. »

Aussi, ton personnage de Sarah parle beaucoup des réseaux sociaux, et tu sembles en faire un constat bien réaliste des bons et mauvais côtés des réseaux sociaux. Est-ce suite à cette réflexion que tu as décidé d’être moins présente sur les réseaux sociaux maintenant? «Je me suis rendue compte un moment donné que j’étais dépendante des réseaux sociaux. Et tu vois, mon roman, je l’ai campé dans deux moments différents en 2008 et en 2015. Et ce n’est pas anodin. En 2008, c’est l’année où une grande majorité de personnes se sont inscrites sur les réseaux sociaux. Au début, c’était ludique, ça commençait. Et 2015, c’est là que j’ai remarqué le plus d’agressivité, d’activités plus malsaines sur les réseaux sociaux… Alors, pour ma part, je suis moins présente parce qu’un jour j’ai accepté que j’étais dépendante de cela et que j’ai voulu changer ça. C’est sûr, quand tu fais un métier comme le mien, tu veux répondre aux courriels, tu veux être présent pour les gens. Mais dans le fond, je me rends compte que je suis présente dans les salons du livre. Je vais à la rencontre des gens pour vrai. C’est la vraie vie. C’est vraiment là que j’ai envie de les rencontrer plus que sur les réseaux sociaux. Je prends quand même la peine de répondre aux courriels des gens, mais je me laisse le droit d’avoir des périodes ou est ce que je ne fais que profiter de la vie. Cela ne veut pas dire que je suis contre les réseaux sociaux. Cela a quand même du positif. Cela m’a amené des liens avec des gens. Ça amène une proximité qui fait que certains lecteurs peuvent m’écrire. J’ai un feedback et ça me fait toujours plaisir. J’adore ça quand les gens prennent une photo avec mon livre et le publie sur instagram. C’est juste que j’ai dû apprendre à gérer mon utilisation des réseaux sociaux.»

Dans le livre, on voit Sarah gérer divers scandales, ou situations difficiles pour ses clients, qui ressemblent parfois à des moments qu’on a vu passer sur les réseaux sociaux justement. « Ce qui est drôle, c’est qu’il a plein de situations que j’ai écrit dans le roman, et qui se sont passées pour vrai, mais après l’avoir mis dans le livre. J’ai trouvé ça vraiment bizarre, quand la réalité rejoint la fiction.» 

La mort d'une princesse
La mort d’une princesse

Parlons un peu de l’illustration du roman. C’est très représentatif et très beau. Comment s’est fait ce choix et qui en a fait l’illustration? « J’ai vraiment voulu travailler avec Diglee  qui est une illustratrice française qui fait des bandes dessinées en France. Elle a fait une de mes couvertures de livre en France. Un jour qu’on prenait un café après une séance de signature, on a commencé à parler de féminisme et on avait vraiment les mêmes points de vue. On avait une grande complicité. Je lui ai donc demandé si elle pouvait faire la couverture de ce roman. Je lui ai parlé de mon histoire. Je lui ai donné certains éléments comme le foulard, le magnolia. Et je lui dis ce que je voulais qu’on ressente en voyant la couverture. Et cette illustration est ce qu’elle m’a proposé. Je l’ai accepté tel quel, sans changement. J’ai tout de suite eu un coup de cœur. Un élan de confiance pour elle. J’ai eu les larmes aux yeux en voyant la couverture.» 

Tu écris beaucoup. Quel est ton rituel d’écriture, si tu en as un? « J’écris le matin et l’après-midi je fais des recherches. Je me torture beaucoup quand j’écris. Je me mets beaucoup en doute. J’ai peur de ne pas être à la hauteur de mon dernier roman. Je me questionne à savoir si je me ferai bien comprendre par les gens. Mon écriture est beaucoup parsemée de doute. » 

Tu as toujours de multiples projets en cours. Quels sont ceux sur lesquels tu travailles présentement et que tu peux me parler? « Cet automne je vais sortir un livre aux éditions de La Pastèque. Je prépare aussi une bande dessinée avec Bach, une illustratrice de Québec qui a écrit la BD C’est pas facile d’être une fille. Cela sera pour le printemps de l’année suivante. Et je serai au Salon du livre de Québec en avril qui vient. »

La mort d’une princesse, aux éditions de L’Homme, disponible depuis le 8 février 2017.

Nombre de pages : 296 pages

Prix :24.95$

Éditions de L’homme

http://www.editions-homme.com/