La comédie musicale «Footloose»: de superbes numéros de danse et de bons chanteurs

La comédie musicale «Footloose»
La comédie musicale «Footloose»

La grande messe de la comédie musicale de Juste Pour Rire avait lieu hier soir au Théâtre St-Denis avec la présentation du succès «Footloose».  Le public a été épaté par les numéros musicaux, tout spécialement la grande finale qui nous en met plein la vue.  Les deux acteurs principaux sont des révélations et nous font embarquer pleinement dans leur histoire d’amour, tout en étant touché par leur vécu.  Les succès musicaux des années 80 comme «Footloose», «Let’s hear it for the boy», «Holding out for a hero» et «Almost Paradise» sont les meilleurs moments et on n’a pas essayé de les dénaturer en les traduisant en français.  La mise en scène de Serge Postigo est encore une fois impeccable, avec un développement des personnages détaillé et un rythme digne des meilleurs scènes de Broadway.  Quelques points négatifs comme un jeu inégal et une sonorisation difficile sont quand même de la partie.  Mais le public habitué aux spectacles à grand déploiement y trouvera son compte et saura s’amuser pleinement.

L’histoire reprend les grandes lignes du film original de 1984. Ren, un adolescent qui vit avec sa mère (Ethel), déménage dans une petite ville qui est sous le joug d’un révérend conservateur (Shaw). Ren qui a l’habitude de se défouler par la danse, se sent emprisonné par une loi qui lui interdit son moyen d’expression. À l’aide de son ami (Willard) et de la fille du révérend (Ariel) dont il s’amourache, il luttera pour faire lever l’interdiction lors d’un bal de l’école de la ville.

Avec presque la même équipe qui a développé «Mary Poppins», «Footloose» était très attendu.  C’est très différent, mais plusieurs qualités restent.  À commencer par les chorégraphies dynamiques qui en mettent plein la vue. On est épaté par les mouvements et les acrobaties des danseurs chevronnés.  Malgré tout, pour un spectacle mettant en vedette la danse, on aurait aimé voir plus de numéros dansés.  La mise en scène de Postigo est vraiment de haut calibre, et les décors et les projections ont bien été pensés pour permettre des changements rapides sans laisser de temps mort.  Il faut mentionner aussi les costumes et surtout les éclairages colorés et brillants.  Par contre, la sonorisation est tellement fragile, qu’on perd des mots à l’occasion, particulièrement lors des contrepoints musicaux (lorsque tous chantent en même temps différentes parties).

Philippe Touzel (Ren McCormack) et Éléonore Lagacé (Ariel Moore)
Philippe Touzel (Ren McCormack) et Éléonore Lagacé (Ariel Moore)

Une grande partie du succès de «Footloose» est portée par ses interprètes qui sont pour la plupart très bons.  Philippe Touzel dans le rôle de l’ado Ren McCormack est énergique et danse à merveille. Il a une belle voix dynamique pop avec une bonne puissance.  Il est touchant lorsqu’il parle avec émotion de son père et dans chacune des scènes sous le pont avec Ariel.  Éléonore Lagacé est la découverte du spectacle dans le rôle de Ariel.  Fille de la chanteuse Nathalie Choquette et aussi la soeur de Florence K, elle combine tous les talents autant en jeu qu’en chant et en danse.  Sa voix est flexible, elle peut chanter avec de aigus doux et clairs, mais elle est aussi capable de pousser en voix de poitrine avec des notes puissantes.  Son «Holding out for a hero» est très apprécié du public, tandis que «Almost paradise» chanté avec de superbes harmonies avec Ren nous donne des frissons dans le dos tellement on croit à leur histoire d’amour.

Dominique Côté (Révérend Moore) chante d’une belle voix classique de bariton.  Par contre, on a de la difficulté a percevoir la lutte de ses émotions causée par la perte de son fils.  Sa femme Anna, jouée par Émilie Josset, offre une performance plus sensible, surtout par les nuances de sa belle voix de soprano.  Elle sait bien raconter son histoire en chantant, comme dans «Que reste-t-il au fond de toi» qui est très touchant.  Annie Éthier, dans le rôle de la mère de Ren, se joint à elle dans «Toujours vouloir me taire» qui a été chaudement applaudi.

Les jeunes qui entourent Ren et Ariel ont vraiment été bien choisis autant pour le jeu que le chant.  Je dois souligner Tommy Joubert (Willard) et Geneviève Bournival (Rusty) qui nous montrent un couple maladroit mais tellement attachants.  Ils réussissent à nous faire rire plusieurs fois.  La performance vocale de Geneviève sur «Let’s hear it for the boys» est impressionnante avec sa technique de voix de poitrine et une chorégraphie sensationnelle.  Les numéros musicaux des jeunes sont le clou du spectacle, comme «J’suis libre» juste avant l’entracte et «Footloose» qui font fureur.

L’aspect musical ne serait pas aussi parfait si ce n’était d’un excellent orchestre qu’on peut enfin voir sur scène lors du deuxième acte.  Pour ce qui est du changement du français à l’anglais lors des chansons, ça se fait en douceur la plupart du temps, mais on aurait aimé que certains passages chantés soient en français quand ils sont importants pour la trame narrative, comme pour la chanson «Somebody’s eyes».  Ce qui m’a dérangé le plus, c’est le retrait de deux chansons de la comédie musicale originale («I confess» et «Dancing is not a crime») qui permettent de comprendre le dénouement final.  Les 2h25 (avec 25 minutes d’entracte) du spectacle plairont au plublic de tous âges, il y en a pour tous les goûts, autant en chant qu’en danse. C’est énergique et très vivant, «Footloose» est déjà un succès commercial qui permet de faire le pont avec la comédie musicale de l’an prochain de Juste Pour Rire, «Fame».

Les bons coups: mise en scène, numéros musicaux à succès, chorégraphies, bonnes voix, orchestre, scénographie et éclairages

Les moins bons coups: sonorisation, retrait de chansons par rapport à l’original, jeu inégal

La comédie musicale «Footloose»
La comédie musicale «Footloose»

Équipe de création
Mise en scène, traduction et adaptation: Serge Postigo
Adaptation pour la scène: Dean Pitchford et Walter Bobbie
Basé sur le scénario original de: Dean Pitchford
Musique: Tom Snow
Paroles: Dean Pitchford
Musiques additionnelles: Eric Carmen, Sammy Hagar, Kenny Loggins et Jim Steinman
Direction musicale: Guillaume St-Laurent
Chorégraphie: Steve Bolton
Costumes: Denis Lavoie
Scénographie: Pierre-Étienne Locas
Éclairages: David Lavallée-Gagné et Sylvain Racine
Sonorisation: Guy Hébert, Serge Rodrigue et Éric Roy

Distribution
Philippe Touzel (Ren McCormack), Éléonore Lagacé (Ariel Moore), Dominique Côté (Révérend Moore), Émilie Josset (Anne Moore), Tommy Joubert (Willard), Hélène Major (Lulu), Sylvain Scott (Wes), Annie Éthier (Ethel McCormack), Geneviève Bournival (Rusty), Tanya Brideau (Wendy Jo), Laurie M. LeBlanc (Urleen), David Coriveau (Chuck), Martin Rouette, Simon Labelle-Ouimet, Dominic Lorange (Coach Dunbar), Marie-Ève Pelletier, Danièle Lorain, Joseph Bellerose, Tim Brink, Kathline Gréco, Tommy Tremblay, Frédérique Brunet, Rahmane Belkebiche, Raphaël Gagnon, Kiana Smith, Sunny Boisvert, Laura Piccinin, Jessy Gauthier, Édith Collin-Marcoux, Carol-Anne Vézina, Mathieu-Philippe Perras, Élise Cormier.

Musiciens
Guillaume St-Laurent, Jean-François Duchesne, Paul Audy, Guillaume Bourque, Philippe Bouffard, Josianne Laberge, Nicolas Bédard, Dominic Cloutier.

Présenté en français du 14 juin au 5 août 2017 au Théâtre St-Denis (1594 rue St-Denis) à Montréal.
Billets (39$-163$) disponibles au http://www.hahaha.com/fr/show/footloose

Photos: Laurence Labat, gracieuseté de la production Juste pour rire