Deux hommes que tout, absolument tout oppose, et qui vont quand même se rencontrer; tel est sans doute le thème très résumé de l’étonnant ballet de la renommée Tero Saarinen Company. Originaire de Finlande, elle se produit dans le cadre des festivités du printemps nordique à Montréal.
Sur la scène, deux longues estrades formant un V inversé pour les spectateurs, surmontées d’un dispositif d’éclairage, va servir aux deux artistes. L’un est danseur et chorégraphe, on le connaît, c’est le talentueux Tero Saarinen, l’autre est musicien, accordéoniste très réputé dans son pays, et il se nomme Kimmo Pohjonen. Après de longues secondes où la salle est plongée dans une totale obscurité, au son de grondements sourds et répétés qui ressemblent à un orage qu’on percevrait au loin, des stroboscopes aveuglent les spectateurs comme si la foudre tombait sur eux soudainement. Les artistes entrent en scène, lentement, revêtus de sortes de combinaisons spatiales grise pour l’un, blanche pour l’autre, sous des rayonnements saturés de couleurs pourpre, vert, rouge… On se croirait plongé en pleine science-fiction, sur deux planètes éloignées symbolisées par les estrades, face à deux
individus que tout oppose et qui vont même se montrer hostiles l’un à l’autre.
Mais c’est peut-être la musique et le geste qui vont permettre le rapprochement. Très chaotique au début, la musique introduit peu à peu des rythmes et des mélodies. Du côté de la chorégraphie aussi, les gestes se font plus harmonieux pour les deux artistes. Tout au long du ballet, le spectateur est amené à se questionner sur ce qu’il voit et entend et il est envahi par mille interprétations et émotions. Peu importe s’il comprend bien ce qui se passe devant ses yeux. Les mouvements et les sons produits par les deux artistes, à quoi s’ajoute toute une scénographie lumineuse et sonore, font du spectacle de danse contemporaine quelque chose de totalement original et inédit, très fort et parfois violent au commencement, très doux et presque tendre à la fin. Tout étonne le spectateur : les sons, les gestes. La superbe chorégraphie de la fin donne du sens à tout ce qui précède. On assiste peut-être avec cette rencontre au premier souffle de la vie, à ce qui permet de réunir les contraires et à décider d’un véritable commencement.
Breath, du 17 au 21 avril 2018 à la Cinquième salle à Montréal
Danse Danse
Concept Tero Saarinen & Kimmo Pohjonen
Chorégraphie et danse Tero Saarinen
Musique Kimmo Pohjonen
Éclairages et scénographie Mikki Kunttu
Costumes Teemu Muurimäki
Conception sonore Tuomas Norvio
Assistants au chorégraphe Henrikki Heikkilä.
Informations : http://www.dansedanse.ca/fr/tero-saarinen-company-breath
