Antigone, tragédie grecque, présenté au Trident du 5 au 30 mars 2019

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Une tragédie grecque écrite par Sophocle en 441 avant J.-C. a été mise en scène par Olivier Arteau et est maintenant à l’affiche au Trident jusqu’au 30 mars 2019.

C’est avec beaucoup de fébrilité qu’a eu lieu la première d’Antigone, jeudi le 7 mars dernier.

Après une lutte fratricide entre Polynice et Étéocle, pour le trône de Thèbes, où les deux frères sont décédés, Créon, qui est devenu le nouveau souverain, interdit l’accomplissement des rites funéraires pour Polynice. Il menace de mort quiconque contreviendra à cet ordre.

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Antigone, sœur de Polynice refuse cet ordre, s’indigne et fera tout pour rétablir la justice. Joanie Lehoux interprète le personnage avec une grande conviction et une sensibilité ressentie.

On nous raconte donc l’histoire d’une jeune femme, immensément courageuse, qui décide de commettre un acte de désobéissance ultime.

« La quête d’Antigone est d’aller enterrer son frère, malgré l’ordre qui a été décrété par son oncle. Pour elle, tous les vivants méritent le même traitement ».

Elle va affronter, seule, le pouvoir et l’ordre établi, désobéir à l’ordre lancé par Créon et être condamnée à être enterrée vivante ».

Voilà, maintenant la table est mise pour cette pièce.

Polynice

20h00, nous faisons la rencontre du Polynice du futur (Lucien Ratio) masque à gaz au visage et guitare à la main. « Ostie que fait chaud! Ostie qu’on crève! ». De façon poétique et rebelle il nous parle de l’intoxication de la planète, de l’absence de solutions de la part des dirigeants, de sa guerre contre la fin de monde! Son interprétation est  d’une grande intensité.

Il tient un discours qu’il est grand temps d’agir et on retrouve dans son interprétation le questionnement d’Olivier Arteau. « C’est tristement plus proche que l’on pense, de ce qu’on est en train de créer. C’est une prophétie de notre maison qui est en train de s’effriter. Au-delà de la tragédie d’Antigone, il y a aussi la tragédie du vivant », indique Olivier Arteau, faisant référence à la crise environnementale, au mur et à l’état d’urgence décrété par le président Donald Trump.

De nouvelles luttes s’engagent tout doucement dans notre monde actuel. Bien sur que ces luttes ne sont pas celle d’Antigone, mais le courage et la conviction devront être présents pour gagner ces nouvelles batailles.

Puis, les rideaux s’ouvrent et le public est transporté dans une époque. Une grande originalité au niveau de la mise en scène, difficile parfois à suivre, nous faisant découvrir le royaume de Créon, de ses habitants et son armée. Quelle créativité! Chorégraphies, décors, costumes et musique, tout est unique et l’éclairage nous plonge dans le mystère.

Bien au-delà des effets sur scène, nous sommes confrontés à comprendre la situation qui prévaut, soit la désobéissance d’Antigone et sa quête de dignité, dignité qui n’est pas exclusive qu’aux vivants.

Le passé, le présent et le futur tout est là en même temps. Notre cerveau est bombardé!

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Nous suivons l’histoire d’Antigone avec grand intérêt et les textes adaptés par Pascale Renaud-Hébert, Rebecca Deraspe et Annick Lefebvre, trois voix fortes, sont touchants.  Le parallèle entre les problèmes qui existaient il y a deux milles ans et ceux d’aujourd’hui sont étonnement les mêmes. Dictature déguisé sous forme de protectionnisme, droit à la dignité, fermeture des frontières, soumission, punition, révolte du peuple.

Jusqu’où serions-nous prêt à aller, chacun de nous, pour nos convictions, pour combattre les changements, notre fin des printemps, notre fin du monde…

Mise en scène, décors, costumes, éclairage, musique tout cela est digne de mention.

Une pièce qu’il faut décanter pour bien saisir son essence.

https://www.letrident.com/

Distribution :

Jean-Denis Beaudoin, (Hémon), Nancy Bernier, (Choeur et journaliste), Joelle Bourdon, (Choeur et journaliste), Joanie Lehoux, (Antigone), Patrick Ouellet, (Choeur et militaire), Annabelle Pelletier Legros, (Ismène), Steven Lee Potvin, (Choeur et Jumelle), Lucien Ratio, (Polynice), Vincent Roy, (Choeur et Militaire), Réjean Vallée, (Créon), Sarah Villeuve-Desjardins (Choeur et Choryphée), Alexandrine Warren, (Tiresias)

Conception

Léa Aubin, assistance à la mise en scène

Keven Dubois, projection

Emilie Martz-Kuhn et Andréanne Roy, dramaturge

Gabrielle Doucet, scénographie

Christian Fontaine, accompagnement à la scénographie

Jean-François Labbé, éclairages

Élène Pearson, costumes

Sarah Villeneuve-Desjardins et Vincent Roy, musique

Mise en scène, Olivier Arteau, corps et âme. Artiste interdisciplinaire, Olivier Arteau suit d’abord une formation théâtrale russe en Biélorussie avant d’intégrer le programme de danse de l’Université du Québec à Montréal. Passionné par l’interprétation, il explore l’essence même du jeu au Conservatoire d’art dramatique de Québec où il a obtenu son diplôme en 2016. À l’automne 2017, il a mis en scène Le sang de Michi au Théatre Prospero. Ses créations, Doggy dans Gravel et Made in Beautiful (Belle Province) ont été présentées à Premier Acte en 2017 et 2018. En tant que comédien, il a été de la distribution de L’éveil de Marie-Josée Bastien et Harold Rhéaume (en tournée) et de Froid de Lars Noren dans une mise en scène d’Olivier Lépine présenté à Premier Acte.

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