Le Schpountz, une comédie aussi étrange que son nom. Rémi-Pierre fait briller son immense talent.

Dimanche le 17 novembre dernier avait lieu la présentation, pour un soir seulement, de la pièce Le Schpountz, à la salle Albert-Rousseau. Mettant en vedette Rémi-Pierre Paquin dans le rôle principal, cette pièce comique est une satire du milieu du cinéma et ceux qui rêvent d’en faire… sans travailler pour y arriver.

Résumé : Dans un petit village éloigné du Québec, un jeune homme veut s’évader à tout prix de sa vie monotone dans l’épicerie familiale.Malgré le scepticisme de son entourage, il est persuadé d’avoir un grand talent caché de comédien tragique. Lorsqu’une équipe de cinéma débarque dans la région pour un tournage, il se précipite à leur rencontre. C’est alors que la chance lui sourit. Contre toute attente, on voit en lui un immense potentiel et on lui fait signer un contrat pour jouer dans un grand film le rôle du schpountz! Il part alors pour la grande ville, valise en main, prêt pour la brillante carrière à laquelle il se croit destiné. Mais si c’était trop beau pour être vrai…Sauriez-vous résister aux sirènes de la célébrité?

L’idée de cette pièce est bonne, originale, et donne un avant-goût du milieu du cinéma, ses travers, ses dessous et ses métiers dans l’ombre, tels que le réalisateur, le directeur photo et le premier assistant. Il met aussi en lumière ces gens qui rêvent de célébrité et dont le désir est plus fort que le talent! N’est pas acteur qui veut et c’est ce qu’on nous démontre dans cette pièce au nom étrange.

Le schpountz est l’adaptation théâtrale, par Emmanuel Reichenbach, d’un film de Marcel Pagnol, Le schpountz, sorti à la fin des années 30. La mise en scène est signée Denise Filiatrault. Au niveau de la mise en scène, on peut dire que c’est réussi. Aussi, le décor s’adapte rapidement en quelques déplacements, entre l’épicerie fine du village de campagne, et le hall d’entrée de la grande maison de production cinématographique de Montréal.

Pour cette représentation à Québec, nous avons été avertis que Rémi-Pierre Paquin avait une douleur au genou et que ses déplacements ont été retravaillés en conséquence. Ainsi, on a pu voir le très talentueux Rémi-Pierre s’asseoir de travers pour ne pas plier son genou et marcher avec un léger boitement ce qui a rendu ses déplacements quelques fois périlleux. Il est certain que cela a déconcentré les spectateurs, mais Rémi-Pierre a semblé totalement en contrôle de son personnage en tout temps.  Ce n’est pas facile pour un acteur de talent de mal jouer, de surjouer, ou pour un chanteur de fausser intentionnellement. Rémi-Pierre réussit, avec sa naïveté et son charme attachant, à nous faire croire à ce personnage un peu fainéant qui rêve de jouer Tchekhov, et qui ne voit pas qu’il serait plutôt un bon comique comme Fernandel ou Chaplin. Bien qu’il soit prétentieux et paresseux, ce personnage nous fait rire et on l’aime bien, car il le défend bien.

Parmi les huit autres acteurs, Linda Sorgini défend très bien, elle aussi, son personnage de la directrice/productrice. J’en aurais pris plus de ce personnage. Il y a aussi Raymond Bouchard, l’oncle du personnage de Rémi-Pierre, qui a de bonnes répliques, mais dont on n’entendait pas toujours assez fort. Pour ce qui est des autres acteurs, ils étaient corrects, sans plus, car les personnages n’étaient, à mon avis, pas assez étoffés pour ressortir du lot.

L’histoire n’est pas sans rappeler Le dîner de con, en moins mordant et moins irrévérencieux. Et, il semble manquer un ingrédient pour que la mayonnaise pogne. Les spectateurs de la salle Albert-Rousseau (seulement à moitié plein) ont ri, mais modérément. C’était plutôt des sourires que cette pièce bourrée de quiproquo, de mauvaises blagues et de faux-semblants a engendrés.

En résumé c’est une comédie légère et satirique, avec un humour bon enfant, qui fait plus sourire que rire, mais qui démontre le grand talent de Rémi-Pierre Paquin, assurément.

Scénario original : Marcel Pagnol. Adaptation : Emmanuel Reichenbach.

Mise en scène : Denise Filiatrault.

Décors : Jean Bard.

Costumes : Pierre-Guy Lapointe.

Accessoires : Pierre-Luc Boudreau.

Éclairages : Martin Sirois.

Musique : Guillaume St-Laurent.

Maquillages et coiffures : Jean Bégin.

Distribution : Rémi-Pierre Paquin, Stéphan Allard, Raymond Bouchard, Marilyse Bourke, Normand Carrière, Alexandra Cyr, Mathieu Lorain Dignard, Philippe Robert et Linda Sorgini.

Une coproduction du Théâtre du Rideau Vert et d’Encore Spectacle.

https://www.sallealbertrousseau.com/