En grande majorité, les téléréalités ne sont pas particulièrement reconnues pour prôner la diversité corporelle. Malheureusement, l’émission bien de chez nous Occupation Double ne fait pas exception à la règle. Depuis ses débuts en 2003, les candidats et les candidates qui se présentaient sur le tapis rouge avaient tous un point en commun : ils étaient beaux et minces.
Cette année marque la 14e saison d’Occupation Double. En raison de la pandémie actuelle, la production a décidé de tourner l’émission au Québec, plutôt qu’au Brésil comme c’était initialement prévu. OD 2020 a donc lieu chez nous pour la première fois depuis 2008. Les maisons des candidats ont été installées à la Montagne Coupée dans la région de Lanaudière.
Cette 14e année n’est pourtant pas si différente des saisons précédentes en matière de diversité corporelle. Une candidate bien appréciée par le public l’a rapidement réalisé suite à son entrée dans l’aventure.
OD Chez Nous : un manque de diversité dans nos écrans
Les filles sont belles, minces et ont une poitrine volumineuse. Les garçons sont beaux, grands et musclés. Jusqu’à l’année dernière, Occupation Double ne laissait aucune place à la diversité corporelle chez ses candidats.
Pour la première fois la saison dernière, en Afrique du Sud, les Québécois ont voté pour faire entrer une femme trans dans l’aventure. Khate Lessard devenait alors la première candidate issue de la diversité à faire son entrée dans la maison des filles. Malheureusement, elle était également la seule.
Cette année, une candidate adresse le problème directement : il manque cruellement de diversité corporelle à l’émission. Julie Munger, la maquilleuse professionnelle de 29 ans, ne cache pas ses courbes et elle en est bien fière. Par contre, elle souligne le manque de diversité à OD Chez Nous 2020 alors qu’elle est la seule candidate plus voluptueuse, autant chez les filles que chez les garçons.
La production d’Occupation Double lui a d’ailleurs permis d’exprimer sa pensée en écrivant une lettre qui a été envoyée à La Presse. Dans cette lettre, elle mentionne le manque d’ouverture d’esprit des candidats envers les femmes plus rondes.
« J’avais aussi dans l’idée de rencontrer l’amour à OD. J’espérais fort que ça fonctionne! Il semble par contre que l’ouverture d’esprit des candidats masculins n’était pas au rendez-vous. Comment peux-tu forcer les gens normaux (et non stéréotypés) comme Frank Sauvé chasseur-cueilleur (nom fictif) à s’inscrire dans une émission où le contenant est plus important que le contenu! », écrit-elle.
Malgré le fait qu’elle ne soit pas parmi les favorites chez les garçons, Julie réitère la raison principale pour laquelle elle s’est inscrite à Occupation Double Chez Nous.
« Je me suis inscrite à Occupation double pour passer un message clair! Un message qui a une importance capitale à mes yeux : voyez plus loin que le physique, esti! […] C’est en continuant d’en parler et de montrer des modèles différents du moule standard qu’on pourra faire changer les choses. Feck, parlez-en! Bref, si j’ai à quitter OD, je partirai la tête haute avec la fierté d’avoir pu ouvrir la porte aux futures candidates et candidats. », poursuit Julie dans sa lettre.
Rappelons-nous que les Québécois ont permis à Julie d’entrer directement dans les maisons des candidats en votant pour elle. La diversité corporelle est donc de plus en plus acceptée dans notre société, encore faut-il bien l’inclure dans nos émissions et dans nos téléréalités.
Le débat est le même chez les garçons où, comme chaque année, les candidats se ressemblent. Le manque de diversité corporelle se fait sentir de ce côté également, mais la production d’Occupation Double se dit ouverte à changer les choses pour les éditions futures.
La production d’OD souhaite inclure davantage la diversité dans l’émission
Valérie Dalpé, la productrice au contenu d’Occupation Double, mentionne que tous les candidats sont questionnés durant leur audition à savoir s’ils sont ouverts d’esprit par rapport à la diversité corporelle. Elle déplore toutefois que certains candidats disent ce que la production veut entendre et que, même si l’ouverture est présente chez ces derniers, il existe un sentiment de gêne de démontrer cette ouverture à la télévision, devant tout le Québec rappelons-le.
La productrice au contenu explique également que ce débat est présent grâce à l’entrée de Julie dans la maison des filles cette année.
« On n’aurait pas eu cette conversation si Julie n’était pas là. OD est une microsociété. Si on a ce problème dans l’émission, on l’a clairement aussi dans la société. Espérons que ça ouvre l’esprit des gens. C’est une émission très stéréotypée depuis 14 ans, on essaye tranquillement d’ouvrir des portes. », mentionne Valérie Dalpé lors d’une entrevue accordée à La Presse.
Elle explique également qu’il est particulièrement difficile de faire des choix en termes de diversité corporelle lors des auditions, particulièrement chez les garçons. En effet, ce sont environ 75 % de filles et seulement 25 % de garçons qui se présentent aux auditions chaque année.
Valérie Dalpé espère donc que la présence de Julie à OD Chez Nous incitera davantage de personnes à se présenter aux auditions pour les années prochaines afin d’avoir une diversité corporelle encore plus grande, et ce, autant chez les garçons que chez les filles.
La production d’Occupation Double envisage également de revoir le concept de l’émission afin de pouvoir y inclure des candidats ayant une orientation sexuelle différente et ainsi, diversifier davantage l’émission.
Les portes sont ouvertes pour un Occupation Double plus inclusif
Avec des candidates comme Khate et Julie, la production d’Occupation Double espère vraiment avoir ouvert les portes à une émission plus inclusive.
En votant pour faire entrer Julie et Khate dans leurs maisons respectives, le Québec a démontré de l’ouverture face à une meilleure représentation de la diversité corporelle dans nos écrans. Valérie Dalpé et son équipe espèrent que cette ouverture d’esprit se démontrera également lors des prochaines auditions parmi les candidats, autant les filles que les garçons.
Il y a certainement encore un bout de chemin à faire, mais la populaire téléréalité OD est sur la bonne voie.
