Entrevues avec les artisans du film Lac Mystère

Érik Canuel, réalisateur du Lac Mystère
Érik Canuel, réalisateur du Lac Mystère

Après avoir réalisé des films comme La loi du Cochon, Nez Rouge, Bon Cop Bad Cop, le dernier tunnel et Cadavres  voilà qu’Érik Canuel récidive avec un tout nouveau film, dans un mélange de genres qui allient drame, action, humour et suspens, mettant en vedette en autres Maxim Gaudette, Laurent Lucas, Laurence Leboeuf, et Benoit Gouin. Le scénario de Lac Mystère est librement inspiré du roman Mirror Lake de l’écrivaine québécoise Andrée A. Michaud. Le film prendra l’affiche le 23 août prochain dans les salles de cinéma du Québec.  Voici mes entrevues avec les artisans du film, alors qu’ils étaient de passage à Québec pour en faire la promotion.

Synopsis

C’est l’histoire d’un homme dans la fin trentaine qui, après avoir été trahi par ses proches, veut fuir l’humanité en s’isolant dans un chalet sur le bord d’un lac. Loin d’y trouver la paix, il sera bientôt aux prises avec un voisin fantasque, un noyé introuvable, un bandit en fuite, une danseuse qui se réfugie chez lui et un policier qui en est éperdument amoureux et la recherche avec une passion assassine…

Questions  pour Benoit Gouin

Parlez-moi un peu de votre personnage du policier jaloux. Cliquez sur ce lien pour entendre la description de son personnage. Benoit1

Cliquez sur ce lien pour entendre Benoit parler de sa dernière scène du film et du plaisir qu’il a à jouer ce genre de personnage : benoit2

C’était votre premier film avec Érik Canuel? Cela s’est passé comment? « Érik c’est quelqu’un d’extrêmement dynamique. Il a de l’énergie comme rarement j’en ai vu. Il arrive sur le plateau le matin et c’est une mise au jeu ou presque. Il nous pousse à aller où il veut. Et il a le tour de nous y amener là où il veut. Donc, on s’amuse, mais on travaille fort. Et lui, il a fait ses devoirs, il s’est préparé beaucoup et il sait ce qu’il veut. »

Vous êtes très présents cette année un peu partout. Dans 5 séries à la télé (Le Gentleman, La marraine, Destinée, Les jeunes loups, Nouvelle adresse), et dans 5 films au cinéma (Sarah préfère la course, Premier Amour, Lac Mystère, Gabrielle et Les loups dont la sortie est prévue au printemps 2014). Qu’est-ce qui vous pousse à accepter un rôle ou à le refuser? « Ce que j’aime, ce sont les rencontres. Que ce soit des rencontres avec des auteurs, par l’entremise de leurs textes, rencontre avec un univers dans lequel se passe l’histoire… Moi, j’aime faire plein de choses. Je viens du milieu du théâtre (à Québec) et quand je suis arrivée à Montréal, j’ai commencé à toucher à la télé, au cinéma et au doublage. Et j’aime faire tous ces métiers. Et ce que j’aime cette année, par rapport à mes rôles dans ces 5 films, c’est que ce sont tous des personnages très différents. Un bon beau-père dans Sarah préfère la course, un intervenant social fort sympathique et bon dans Gabrielle… et à l’opposé, ici, ce policier jaloux, un peu fêlé, est un personnage qui me permet de me défouler un peu. Je passe joyeusement de la lumière à la noirceur avec bonheur avec mes personnages cette année ! » 

Concernant tous ces projets qu’il a en cours cette année, Benoit mentionne qu’il n’est pas si occupé que cela présentement, puisque les tournages ne se sont pas tous déroulés en même temps : Cliquez sur ce lien pour en savoir davantage. benoit3

Questions pour Érik Canuel

Comment décrire le genre de film qu’est Lac Mystère, sinon que c’est un genre en soi? Un genre de genres… « Exactement. Et on m’a dit que c’est une notion dangereuse d’approcher le cinéma ainsi, parce que ce n’est pas évident de passer du comique, au tragique, au suspense, à l’action, au tragique, au comique, à l’action… mais je pense que je commence à maitriser ce style maintenant. »

Donc, c’est normal qu’on soit déstabilisé en voyant ce film, ne sachant pas à quoi s’attendre, surtout avec la bande-annonce qui fait plutôt dans le mystérieux et le suspense. « Eh oui ! C’est volontaire de déstabiliser les gens. » Cliquez sur ce lien pour entendre Érik par rapport à la bande-annonce et à l’affiche du film. Erik1

Comment s’est fait le choix des acteurs (Maxime, Laurence, Laurent, Benoit,)? « Il a fallu beaucoup de réflexion. Originellement, c’était Claude Legault et Magalie Lépine-Blondeau qui étaient mes deux acteurs principaux. Mais comme les deux semblaient peu disponibles, j’ai revisité mon scénario et j’ai décidé de rajeunir mes personnages. Alors, dès ce moment j’ai voulu Laurence, car j’avais déjà travaillé avec elle et c’est elle que je voyais dans ce rôle de Kate. Malgré qu’elle m’ait dit non deux fois, j’ai insisté. C’était un magnifique rôle pour elle, qui est maintenant une femme et elle y est lumineuse. » 

« Pour le rôle de Fred, j’ai fait passer des gens en audition. Il y avait Maxim que j’avais vu dans Cheech en autres et cela faisait longtemps que je voulais travailler avec lui. Il a un air très mystérieux mélangé avec une certaine candeur, une naïveté qui était parfaite pour le rôle de Fred. Ensuite, pour le voisin, j’avais vu Laurent dans certains de ses films dont Harry, un ami qui vous veut du bien et j’ai trouvé qu’il serait parfait pour jouer ce voisin sympathique, gentil, mais avec toujours ce regard trouble qui sème le doute. »

« Tandis que pour Benoit, je l’avais vu en audition pour mon film Cadavres et j’avais vraiment senti la connexion avec lui. Donc, cette fois-ci, je voulais travailler avec lui. Pour Sylvain Marcel, c’est un vieil ami à moi et je le trouvais parfait dans le rôle de Picard. Et Gildor Roy, cela faisait longtemps que je voulais travailler avec lui, et c’est la même chose pour Marc Beaupré. » 

Le film se passe majoritairement autour du Lac. Est-ce que cela a été difficile de trouver cet endroit pour tourner, avec les deux chalets et la beauté du paysage ? Cliquez sur ce lien pour la description de cet endroit et ce qu’ils ont dû faire pour adapter le tout au goût du film. Érik2

Dans le film, on voit régulièrement Fred faire un casse-tête dont les images changent au fur et à mesure que l’histoire avance. Pouvez-vous m’expliquer le lien entre le casse-tête et le film? « Le casse-tête représente la prémonition. C’est mon petit côté David Lynch. Dans le film Fred trouve un casse-tête, au moment où sa vie devient un casse-tête. Il n’y a pas de photo sur le casse-tête, donc, il ne connait pas ce qu’il va tenter de bâtir avec son casse-tête. De même, il ne connait pas son avenir. Ensuite, chaque pièce du casse-tête qu’il assemble est comme une prémonition de ce qui va arriver. Le pêcheur dans la barque, les coyotes, puis l’arrivée de la fille… Ce casse-tête est donc une image d’avance de ce qui va arriver. Mais tout cela n’est qu’une métaphore sur la vie, et si les gens ne la captent pas en regardant le film, ce n’est pas grave. Ce n’est pas important. Ce qui était le but pour moi avec ce puzzle, c’était de créer l’incertitude du personnage de Fred vis-à-vis son casse-tête et l’incertitude des spectateurs vis-à-vis de ce que le personnage de Fred vit. Donc, avec cela, j’aide à ce que les spectateurs s’identifient au personnage. Car toi, tu es perturbé par le casse-tête, Fred est perturbé par le casse-tête, donc, tu te retrouves dans sa peau. »

Maxim Gaudette, Jacques Bonin, Diane Cailhier, Érik Canuel, Laurent Lucas, Benoit Gouin
Maxim Gaudette, Jacques Bonin, Diane Cailhier, Érik Canuel, Laurent Lucas, Benoit Gouin

Questions pour Maxim Gaudette

Qu’est-ce qui te plaisait dans l’idée de jouer ce rôle? Cliquez sur ce lien pour savoir pourquoi ce film lui plaisait. maxim1

C’était votre premier film avec Érik Canuel ? Cela s’est passé comment? « Je ne connaissais pas Érik. J’avais vu ses films et je l’avais vu en photo, c’est tout. Il avait l’air d’un gars intense, dans son monde. Et son énergie est très communicatrice. Il est très précis et exigeant, envers lui-même et envers nous. Mais tout cela se fait dans le bonheur et dans l’humour. Érik est très rassembleur. Cela m’a rassuré, car au début, j’avais une certaine nervosité par rapport à ce premier rôle. Vu que je suis dans toutes les scènes ou presque, c’est quand même énervant. C’est un gros film à porter. Heureusement, je suis très bien entouré. »

Est-ce qu’il y a eu des scènes plus difficiles à jouer, car tu as beaucoup de scènes d’actions, et d’autres d’intimité à jouer? « C’est sûr que les scènes de batailles, j’adore ça. Ce sont des scènes plus éprouvantes physiquement, car on est pieds nu dans le bois et on marche sur des racines, c’est certain qu’on se fait des petits bobos, mais j’adore ces scènes. Elles ne sont pas nécessairement évidentes à faire, mais extrêmement le fun à faire. On se retrouve comme quand on était petits, à jouer aux cowboys et aux Indiens. » 

Et comment s’est bâtie la complicité avec Laurent Lucas (le voisin) et Laurence Leboeuf? « Laurent, je ne le connaissais pas. Je l’avais rencontré brièvement sans plus. Mais déjà à la première lecture, on sentait qu’on avait une belle énergie ensemble. C’était très simple entre nous deux, un réel respect mutuel qui fait qu’on a super bien travaillé ensemble. Pour Laurence, j’avais joué avec elle dans Virginie, elle avait genre 12 ou 14 ans à l’époque. Mais, c’est bien différent, elle est rendue une femme maintenant. Et elle joue son rôle à merveille, avec son accent anglophone, juste un peu, pas trop. C’est parfait. J’étais content qu’on se retrouve. »

Avez-vous d’autres projets que vous pouvez me parler? « C’est tranquille pour moi en ce moment. Il y a l’auberge du chien noir qui reprend et je fais un show de poésie à la fin septembre, au festival de littérature. Un spectacle de Louis Mauffet qui s’appelle Poésie sandwich et autres soirs qui penchent. C’est la 8e édition que le FIL nous accueille. Sinon, peut-être un projet de cinéma l’été prochain avec Patrick Demers et Benoit Gouin, Sophie Desmarais, Marie-France Lambert, entre autres, mais on attend le financement et la réécriture. » 

http://www.festival-fil.qc.ca/2013/

 Questions pour Laurent Lucas 

Vous travaillez au Québec et France comme acteur. Comment est-ce différent de travailler sur un plateau en France, versus le Québec? Et qu’est-ce qui vous plaisait dans le fait de jouer ce rôle du voisin? cliquez sur le lien pour entendre sa réponse : Laurent1

Vous jouez le rôle du voisin de Fred (Maxim Gaudette) et vous devenez amis dans le film. Comment c’était de jouer avec lui? « Je connaissais Maxim seulement pour l’avoir vu jouer avant, mais pas personnellement. Mais on s’est très bien entendu. On s’amusait dans les scènes. »

C’était votre premier film avec Érik Canuel ? Cela s’est passé comment? « Très bien. Érik est dynamique, généreux, précis et pointilleux dans l’objectif à atteindre. Et donc, Érik est vraiment spécial, à ce niveau-là. Il sait transformer son stress en énergie positive et en amusement. Il est rare de voir un metteur en scène qui s’amuse autant au moment du tournage. »

Avez-vous d’autres projets que vous pouvez me parler? « Présentement, je travaille sur un film pour septembre-octobre. Cela se tourne en France et en Belgique, une coproduction, franco-belge. On commence le tournage dans 3 semaines. Donc, comme vous voyez, je me promène toujours entre la France et le Québec, au gré des tournages. »

Laurent Lucas a fait une dizaine de films au Québec, en plus de ceux en France, dont Harry, un ami qui vous veut du bien. On a pu le voir entre autres dans Gerry et dans Maman est chez le coiffeur.» 

Questions pour  le Producteur Jacques Bonin

C’est le quatrième film que vous faites avec Érik Canuel. Qu’est-ce qui vous passionne autant de vouloir travailler aussi souvent avec Érik? « Érik est un grand créateur. C’est un réalisateur à qui on peut confier un scénario et il va trouver des choses originales à faire avec. Et il excelle dans tous les genres de films. Il a fait des films tous très différents les uns des autres. Donc c’est motivant pour un producteur de suivre quelqu’un d’aussi intense. »

C’est en 2008 que Diane Cailhier est arrivée avec l’idée d’un scénario librement inspiré du roman Mirror Lake de l’écrivaine québécoise Andrée A. Michaud. Cependant, le dernier tiers du volume n’a pas été retenu pour créer cette histoire. Donc, Diane a préparé un synopsis pour Érik et Jacques et c’est ainsi que la collaboration entre eux a débuté.

« Ensuite, il a fallu aller défendre ce scénario devant les institutions, une fois, deux fois, trois fois… Le problème pour le faire accepter aux institutions, c’était qu’ils avaient de la difficulté à discerner le genre du film. Un thriller? un film d’amour? d’action? d’humour? Mais c’était un peu tout cela. Donc, après plusieurs moutures du scénario, on a réussi à le faire accepter. »

En résumé ce film en est un d’amitié entre Fred et son voisin, d’amour avec la relation entre Fred et Kate (Laurence), d’action avec le policier qui protège sa douce Kate et le rodeur qui tourne autour des chalets, d’humour avec le personnage de Sylvain Marcel et ses acolytes. C’est donc un amalgame de genres qui se rencontrent dans le même film.

Quel a été le défi majeur au niveau de la production? « Quand le film s’est mis en place, il manquait un million de dollars. On a tourné en 25 jours, pour 4,5 millions $, c’est peu, surtout quand on connait les exigences d’Érik, le tournage d’effets spéciaux, les droits pour la musique. Ce film-là, à l’écran, vaut beaucoup plus que ses 4,5 Millions. Pour être certain de ne pas manquer de sous, on a arrêté après chaque étape pour faire le bilan de ce qui restait à faire et de combien il nous restait pour le faire et là, on tentait d’enlever tout le superflu qu’on pouvait trouver. Tout ça, pour être certain qu’il reste des sous jusqu’à la fin. Par exemple, pour la musique, on a négocié les droits jusqu’à la dernière minute, car on a quand même beaucoup de musique qui frappe fort dans le film et on sentait que c’était nécessaire de l’avoir. Alors on a tout fait pour aller les chercher. C’est la même chose pour le montage, on a réussi à donner 5 semaines de plus pour le montage. Initialement, le premier montage durait 3 h 10. (Au final environ 2 h). Donc, on est passé de 12 semaines au départ à 17 semaines pour faire le montage. Et ça valait la peine. Également, on a fait deux focus groups (visionnements tests) et posé des questions aux gens pour s’assurer qu’ils comprenaient bien le film, avant de retourner ajuster le montage final. » 

Questions pour la scénariste Diane Cailhier

Comme s’est faite l’adaptation de ce livre en film? Puisque c’est surtout librement inspiré, donc pas vraiment exactement comme dans le livre. Qu’est-ce qui se retrouve dans le film qui provient du livre? « À la base, ce qui nous a séduits à tous, ce sont les personnages très forts et l’univers de mystère autour de ces deux êtres qui s’isolent et fuient le monde pour vivre leur peine et dont l’amitié se développe peu à peu dans ce lieu étrange. Mais ces personnages, on les a changés un peu, on les a rajeunis par exemple. En gros, ce sont ces trois personnes (Kate, Fred et Philippe) qui sont égratignées par la vie, qui vont s’unir. Et l’adaptation se termine au deux tiers du livre. Par la suite, on a inventé complètement la fin, qui est totalement différente du livre. »

Que pensez-vous du produit final, est-ce que cela ressemble au scénario que vous aviez en tête?« Tout à fait ! Et Érik y a mis une touche à la Tarantino que j’aime beaucoup, lors de la scène finale du policier, wow ! Je n’avais jamais imaginé cette scène de cette manière. Et même plus,  Érik a ajouté des effets spéciaux, par exemple avec le casse-tête, alors que les images changent d’une fois à l’autre, c’est l’idée d’Érik. De plus, avec les acteurs, ils peuvent avoir changé ou adapté des répliques pour mieux convenir à la scène. Bref, le tout m’a beaucoup plu.»

 Le film prendre l’affiche le 23 août prochain dans nos salles de cinéma du Québec

 DISTRIBUTION

Éric : Maxim Gaudette

Philippe : Laurent Lucas

Kate :  Laurence Leboeuf

John : Benoît Gouin

Picard : Sylvain Marcel

Kim :  Mylène Dinh-Robic

Max :  Gildor Roy

Big Jack : Marc Beaupré

 

Réalisateur  Érik Canuel

Scénariste  Diane Cailhier

Producteur  Jacques Bonin  Novem Cinema

Producteur executif François Ferland

Productrice déléguée  Valérie Allard

Distribution des rôles  Daniel Poisson, ADCQ  et Pierre Pageau

Directrice de production  Renée Gosselin

Superviseure de la post-production Chantal Marcotte

Directeur de la photographie   Bernard Couture, CSC

Direction artistique Jean Bécotte

Création de costumes Sharon Scott

Musique originale Michel Corriveau

Monteur Jean-François Bergeron

Concepteurs sonores Martin Desmarais

Christian Rivest

Gavin Fernandes, C.A.S.

Distribué par les Films Christal et les Films Séville

Pour la galerie de photos lors des entrevues : http://www.flickr.com/photos/infoculturephotos/sets/72157635089639178/

Pour visionner la bande-annonce : Lacmystere-lefilm.com

Crédit photos : Lise Breton