L’adaptation théâtrale du texte Les murailles, donne une nouvelle vie à la poésie et le talent fabuleux d’écriture d’Érika Soucy. Un spectacle vibrant, teinté d’humour et surtout très inspirant!

Lecture Les Murailles
Lecture Les Murailles

L’équipe du Carrefour international de théâtre qui donne une large place à la création théâtrale accueille, pour une dixième édition, Les Chantiers / constructions artistiques, une idée originale de tectoniK. Cette année, l’équipe des Chantiers propose trois lectures, neuf laboratoires, onze discussions avec les créateurs, la rencontre avec plus de 150 artistes provenant de Québec et Montréal, de la danse, de la vidéo, de la musique live et bien plus. Le 5 juin, à Premier Acte, nous avons pu découvrir l’adaptation théâtrale du roman Les Murailles de Érika Soucy, paru chez VLB Éditeur en 2016. Ce laboratoire lecture a permis à Érika et son équipe d’avoir le «feedback» du public et des commentaires positifs et créatifs qui leur permettra de peaufiner leur création pour une éventuelle présentation dans le cadre d’une saison théâtrale.

Résumé

La poète s’envole vers La Romaine, où elle se fait passer pour une commis de bureau alors qu’elle travaille à un nouveau recueil. Armée de questions trop longtemps laissées sans réponse, elle fait irruption dans ce monde rude et impénétrable, espérant enfin comprendre les raisons qui ont poussé tous les hommes de sa famille, et surtout son père, à délaisser leur foyer au profit de la vie de chantier.

Pour ceux qui, comme moi, ont lu le livre et en ont apprécié l’écriture et l’histoire, ils seront heureux d’apprendre que, transformé en pièce de théâtre, ce roman a une deuxième vie. On a l’impression de vivre le livre comme en 3D. On retrouve les personnages qu’on a aimé connaître dans le roman. Le père d’Érika, le chum d’Érika qui est demeuré à la maison avec leur fils, l’oncle Gérard, Sonia, etc. On nous décrit avec justesse et images le fonctionnement du chantier dans le Nord. Par contre, le côté plus familial, avec le frère d’Érika que l’on retrouve dans le livre, lui, est mis de côté, mais cela n’enlève rien à ce qui est raconté.

Grâce à la narration, on peut déguster la poésie d’Érika qui est beauté et tendresse. Avec la narration, on s’approprie le regard d’Érika face à ce monde si différent d’elle. Avec les personnages colorés, on se laisse imprégner des sonorités langagières et des diversités culturelles. Et surtout, on se laisse surprendre par la qualité de l’interprétation et la palette de jeu des comédiens. Quant à moi, c’est une des forces de la pièce que de prendre les mêmes acteurs pour jouer plusieurs personnages totalement différents. De plus, de les positionner pour qu’ils nous regardent au lieu de se regarder en livrant leurs monologues, cela ajoute à leur qualité de jeu qui repose exclusivement sur la manière qu’ils livrent leur texte et par leur regard, sans faire intervenir de gestuelle, ni d’accessoires. Livrée telle quelle, cette lecture est en soi une pièce de théâtre qui n’aura besoin que d’un peu de poli pour être présenté au public.

D’intégrer une narration littéraire et des moments de poésies sur scène, tout en demeurant une œuvre théâtrale, voilà le beau défi qu’a relevé Érika Soucy et ses acolytes. Il y a un très bel équilibre entre les personnages colorés que l’on rencontre, les niveaux de narration, les silences et l’apport musical. Cette histoire n’a pas de trame dramatique et n’accumule pas l’action. C’est plutôt une découverte d’un univers qu’on ne connaît pas ou peu, les travailleurs sur les chantiers de la Romaine. C’est une pièce paysage, où notre imaginaire est sollicité pour apprécier le territoire du Nord et ses personnages presque plus grands que nature.  La musique vient rehausser les moments plus lourds, plus corsés du texte. Il n’y a pas toujours de la musique, mais juste à certains endroits importants. Voilà ce que j’en ai retenu de cette lecture et de la discussion qui a suivi la pièce, avec l’équipe du projet et le public. Et il y a un questionnement qui demeure. Est-ce qu’il est important de voir le chum d’Érika ou si tout simplement, on le relègue au répondeur du cellulaire… ?

J’ai bien hâte de voir le résultat final de cette pièce, d’ici un an ou deux, je l’espère bien.

Lundi 5 Juin   20h Premier Acte – En français

Credits

Texte Erika Soucy (d’après son roman Les murailles paru chez VLB Éditeur)
Mise en lecture Maxime Carbonneau
Avec Nancy Bernier, Philippe Cousineau, Normand Daoust, Guillaume Pelletier, Erika Soucy 
Musique: Guillaume Regaudie

Éclairages  Julie Basse

 

LES
CHANTIERS

CONSTRUCTIONS ARTISTIQUES

Contribution volontaire

Lieu de bouillonnement artistique, tremplin pour de nouveaux projets.

Tous les Chantiers sont présentés à Premier Acte (870, av. De Salaberry).
Contribution volontaire (montant suggéré : 10 $). Les sommes recueillies sont distribuées équitablement entre les créateurs.

Mon article sur son roman Les Murailles : https://info-culture.biz/2016/02/23/les-murailles-de-erika-soucy-lancement-ce-mercredi-24-fevrier-17h-a-la-maison-de-la-litterature-a-quebec/#.WSsjENThDvY

Voici les prochains chantiers à l’horaire du carrefour :

BLAAWE

Laboratoire danse

Montréal

Et

BODIES/BUDDIES

Laboratoire danse

Québec

En programme double   Mardi 6 Juin  |  20h

 

FILS DE QUOI?

Laboratoire

Théâtre de l’Avant-Pays

Montréal Mercredi 7 Juin  |  19h

 

MORBYLANGA

Lecture

Collectif Exond&

Québec Jeudi 8 Juin  |  20h

 

L

Laboratoire

Le collectif Les Mouettes

Montréal Vendredi 9 Juin  |  19h

 

SHONA BA SHONA

Lecture

Le Soldat inconnu

Québec Samedi 10 Juin  |  15h

 

Née à Portneuf-sur-mer, sur la Côte-Nord, Erika Soucy est comédienne et aussi la fondatrice de l’Off-Festival de poésie de Trois-Rivières. Elle a publié deux recueils de poèmes aux Éditions Trois-Pistoles, soit  «Cochonner le plancher quand la terre est rouge» et «L’Épiphanie dans le front», ainsi que l’auteure de la pièce «Domino», présentée à Premier Acte en 2011.Les murailles est son premier roman.

http://www.carrefourtheatre.qc.ca/

Éditions : VLB éditeur

http://www.edvlb.com/