Troisième édition de la « Foirée montréalaise », au théâtre de La Licorne à Montréal

Crédit photo: Urbi et Orbi

Ambiance 100 % festive pour cette nouvelle édition réussie de la Foirée montréalaise au théâtre de La Licorne. Moins de textes que précédemment, peut-être, pas de vidéos contrairement à l’année dernière, mais toujours beaucoup de musique,de chansons traditionnelles, d’histoires personnelles et d’autodérision. Une soirée très agréable qui fait que le public se sent plus invité à cette fête que véritablement observateur d’une œuvre de fiction.

Les propos des acteurs sont-ils d’ailleurs vraiment fictionnels ? Tous les récits semblent bien pour la plupart – au moins – inspirés d’histoires vécues par les artistes conteurs.

Quand ils pénètrent dans la salle, les spectateurs sont invités à goûter à un des jolis biscuits de Noël et à boire un jus d’hibiscus avant de s’installer, éventuellement autour d’une table, comme dans une maison privée. Quelques grandes photos du quartier qui reflètent sa pauvreté, ornent les murs de la scène : du linge en train de sécher pendu à un fil, la zone de stationnement du restaurant Dic Ann’s, l’entrée d’un petit immeuble d’habitations, une grande roue de foire…

La musique joyeuse et bien rythmée a déjà commencé et les artistes dansent le rigodon et s’amusent sur la scène par laquelle on pénètre dans la salle. Violon, accordéon, guitare, piano, cuillère en bois…, la fête réunit des personnes d’origines variées, polonaise, haïtienne, tunisienne… ce qui correspond bien à Montréal Nord, l’arrondissement à l’honneur pour cette nouvelle Foirée. Il y a bien sûr des Québécois « pure laine », et tous ont le même accent car tous sont nés là, dans ce quartier pauvre mais chaleureux et qu’ils aiment, tous sauf une jeune Québécoise qui est née de l’autre côté… à Laval…

Crédit photo: Urbi et Orbi

Et les voilà qui tous ensemble font la fête, qui jouent de la musique, qui chantent, qui dansent, qui demandent la participation du public et qui se racontent à tour de rôle en évoquant certains lieux clés de leur quartier. Chacun y va de son anecdote vécue à Montréal Nord, anecdote en rapport avec son origine qu’elle soit d’ici ou qu’elle soit d’ailleurs. Les visites de Michael à son grand-père donnent lieu à plusieurs récits savoureux. Richardson se souvient de sa rencontre avec un itinérant; Martine du Dépanneur Wahlberg près de la rue Lacordaire; Ahmad interprète une chanson québécoise mais en rap; Ines fait entendre sa voix puissante et superbe dans une autre chanson qu’elle interprète. On apprend aussi la manière dont Émilie a rencontré Philippe et tant de choses encore. Tous ces gens sont très chaleureux, joyeux, amicaux, mais comme bien d’autres véhiculent ou s’efforcent de lutter contre certains préjugés. Pascal est le maître de cérémonie qui tente de mettre un peu d’ordre quand les propos dérapent. On se sent chez soi, en famille. Même la pause est annoncée comme une interruption naturelle et non comme un entracte dans un théâtre.

Cette nouvelle édition de la Foirée montréalaise est encore une belle réussite. Pensée sur un genre un peu différent de celles des années précédentes, elle prouve que la troupe Urbi et Orbi a pour vocation de toujours se renouveler tout en proposant aux spectateurs de Montréal une formule dont ils auraient du mal à se passer, chaque année, dans la période des fêtes.

Foirée montréalaise, du 5 au 22 décembre 2017 au théâtre La Licorne à Montréal

Textes Chantal Cadieux, Jonathan Caron, Martine Francke, Ahmad Hamdan, Justin Laramée, Yannick Marcoux, Michael Richard, Audrée Southière, Elkahna Talbi et Ines Talbi

Mise en scène Martin Desgagné

Animation Pascal Contamine

Avec Martine Francke, Émilie Gilbert, Ahmad Hamdan, Philippe Racine, Michael Richard, Audrée Southière, Ines Talbi et Richardson Zéphir

Assistance à la mise en scène Marilou Huberdeau Éclairages Estelle Frenette-Vallières Musique Robin Boulianne et Claude Fradette Direction artistique Yvan Bienvenue