La chapelle Sixtine de Michel-Ange : Une nouvelle perspective du ciel de la Renaissance au Palais des congrès de Montréal

La chapelle Sixtine de Michel-Ange
La chapelle Sixtine de Michel-Ange

Depuis le 10 juillet et jusqu’au 12 octobre 2015, l’Espace 1001 du Palais des congrès de Montréal accueille en première mondiale l’exposition La chapelle Sixtine de Michel-Ange, laquelle reproduit au format orignal les trente-trois scènes – plus le Jugement Dernier – au fil desquelles le maître italien met en images le salut de l’humanité.

« À travailler tordu j’ai attrapé un goitre […]
Et j’ai le ventre, à force, collé au menton.

Ma barbe pointe vers le ciel, je sens ma nuque
Sur mon dos, j’ai une poitrine de harpie,
Et la peinture qui dégouline sans cesse
Sur mon visage en fait un riche pavement.

Mes lombes sont allés se fourrer dans ma panse,
Faisant par contrepoids de mon cul une croupe
Chevaline et je déambule à l’aveuglette. »

C’est Michel-Ange lui-même qui compose ces quelques vers afin de décrire les conditions extrêmes dans lesquelles il réalise, entre 1508 et 1512, la fresque qui ornemente le plafond en voûte de la chapelle Sixtine, au Vatican.
Commandée par le pape Jules II à l’artiste florentin, la fresque doit pallier aux dégâts causés par les travaux de la basilique Saint-Pierre et de la tour Borgia en plus de donner tout son éclat au ciel de la chapelle de Sixte dévolue aux célébrations liturgiques et cérémonielles de la cour pontificale ainsi qu’aux conclaves.

N’acceptant la commande qu’à contrecœur, le peintre qui se considérait avant tout comme un sculpteur abandonne le thème prévu des apôtres, qu’il juge trop pauvre, pour s’atteler à l’illustration du livre de la Genèse et du salut de l’humanité, de la création par Dieu de l’univers à la venue du Messie et au Jugement Dernier.
En partant de l’autel se succèdent ainsi La séparation de la lumière et des ténèbres, La création du soleil, de la lune et de la Terre, La séparation des terres et des eaux, suivis de La création d’Adam, de La création d’Ève, Du Péché originel et l’expulsion du Paradis et enfin du Sacrifice de Noé, du Déluge et de L’ivresse de Noé, les neuf compositions étant réparties en trois sections et ceintes de part et d’autre par les représentations des Ancêtres, des Sibylles et des Prophètes.

C’est sur l’intiative de Martin Biallas, chef de la direction de Special Entertainment Events Inc. (SEE) et frustré par sa visite de la célèbre chapelle au cours de laquelle, pressé par la foule de touristes, il n’a pas pu prendre le temps qu’il faut pour admirer comme il se doit l’un des chefs d’œuvre du Cinquecento, qu’a été conçue cette nouvelle perspective qui place à quatre mètres de hauteur seulement des photographies grandeur nature des quelque trente-trois scènes bibliques découpées en autant de « panneaux », permettant ainsi de les contempler en détail et en toute intimité, à passer entre les échafaudages (voulus – ou non – pour rappeler ceux mis ceux en place par Michel-Ange en son temps) avec en fond sonore des chants religieux.

Mais l’émotion n’est pas au rendez-vous. D’une part parce que le fractionnement de la fresque en « panneaux » rend difficiles les renvois pourtant essentiels entre les compositions et de la sorte ne permet pas de reconstituer une impression d’unité. D’autre part et surtout parce que c’est l’intention-même de l’exposition (mettre la voûte à portée d’être humain) qui est à contresens de l’intention de l’oeuvre originale cinq fois centenaire, laquelle fait trôner à vingt mètres de hauteur et déployé dans un tout de 1000 m² le ciel afin de mieux insuffler à qui passe en-dessous la sensation du paradis perdu, lointain mais aussi celle de l’espoir du salut. À l’intérieur de l’Espace 1001, c’est Michel-Ange qui descend et que l’on scrute scientifiquement au lieu de se laisser porter vers lui par l’esthétique et le sentiment.

Cette nouvelle perspective a néanmoins le mérite de faire lever les yeux au ciel un moment et (re)découvrir une thématique de portée universelle tranquillement.

Crédits photographiques : Communications Redgrave de Miguel