C’est vendredi le 14 mars prochain que le nouveau film de Denis Villeneuve prend l’affiche au cinéma. Présenté en première mondiale lors du TIFF, en septembre dernier, ENNEMI a depuis fait partie du Canada’s Top Ten. Ce film a également obtenu 5 prix Écrans Canadiens (dont celui de la meilleure réalisation pour Denis Villeneuve et la meilleure actrice de soutien pour Sarah Gadon).
Synopsis
ENNEMI raconte l’histoire d’un conférencier universitaire prénommé Adam (Jake Gyllenhaal, nommé pour un Oscar) qui entretient une relation amoureuse sur le déclin avec Mary (Mélanie Laurent). Une nuit, alors qu’il regarde un film, Adam découvre un acteur mineur qui lui ressemble trait pour trait. Rongé par le désir de rencontrer son double, Adam traque Anthony, un comédien vivant avec sa femme enceinte Helen (Sarah Gadon) avec lequel il s’engagera dans une lutte à la fois complexe et risquée.
Réalisé par Denis Villeneuve (nommé pour un Oscar avec son film Incendies) et inspiré du roman The Double par l’auteur lauréat José Saramago, le film est un thriller psychologique obsédant et provocateur à propos de la dualité et de l’identité, dont l’issue sera la survie de l’un aux dépens de l’autre. Le film, qui met également en vedette Isabella Rossellini dans le rôle de la mère d’Adam est produit par Niv Fichman et Miguel A. Faura et a été adapté pour le cinéma par Javier Gullón.
Mon entrevue avec Denis Villeneuve est disponible via ce lien : https://info-culture.biz/2014/03/06/entrevue-avec-denis-villeneuve-realisateur-du-film-ennemi-qui-sortira-en-salle-le-14-mars-prochain/
Mon appréciation du film Ennemi
D’entrée de jeu, dites-vous bien que si vous aimez les films aux intrigues multiples et complexes, au suspens soutenu et à la tension constante, vous serez amplement servi avec ce tout nouveau film de Denis Villeneuve.
Bien que le film américain prisoners, de Denis Villeneuve mettant également en vedette Jake Gyllenhaal a été présenté en salle en premier, il reste que Ennemi est le premier film de langue anglaise tourné par Denis Villeneuve, puisqu’il a été tourné avant prisoners. Ce film est une coproduction Canada, Espagne et Angleterre et il a été tourné à Toronto. Je dois dire que c’est la première fois que je vois la ville de Toronto dépeinte ainsi et je trouve très original la façon dont Denis Villeneuve nous l’a présenté.
Ce film traite de sujets comme le pouvoir du subconscient, la dualité, l’identité masculine. C’est un thriller psychologique très puissant. Ce film n’en est pas un d’une seule dimension. Ce serait plutôt comme un oignon, avec plusieurs couches. Si le spectateur prend le temps et se questionner, d’analyser ce film, il verra qu’à chaque couche qu’il enlève, il découvre une autre signification probable. Il y a plusieurs métaphores dans ce film, pour mélanger et agrémenter le suspens. Est-ce que ce film serait une expérience du subconscient de ce personnage? Est-ce vraiment deux personnes identiques? ou n’est-ce pas plutôt cet homme, pris dans ses choix entre sa maitresse et sa femme enceinte? Il doit alors confronter son ennemi… lui-même. Est-ce que ce jumeau ne serait pas une autre version de lui-même? Et l’araignée que représente-t-elle? À vous de décider. Personnellement, après le visionnement, je me suis posé ces multiples questions et j’aimerais bien revoir le film pour valider mes diverses hypothèses. Quel beau casse-tête pour l’esprit!
Pour créer et soutenir ce niveau constant de tension, Denis Villeneuve a utilisé tous les procédés à sa disposition, et ce, dès les premières images. Que ce soit de présenter tous les décors, vêtements et accessoires dans des tons de couleurs monocordes, alternant entre le noir, gris, beige, brun et blanc ou que ce soit les décors d’appartements, l’habillement ou même les couleurs des autos, tout était dans les mêmes teintes. Filmé à Toronto, ce n’était pas les images d’édifices en bétons qui manquaient pour ajouter à cette froideur et cette ambiance sombre et stressante. Au niveau de l’éclairage, naturellement, les appartements étaient éclairés minimalement, et principalement avec des filtres de teintes jaunâtres. Même les images au loin de la ville étaient teintées d’un brouillard constant. Tout pour donner un look pour soutenir la tension. La musique a également joué pour beaucoup dans le climat installé. Avec des violons beaucoup, la musique omniprésente, augmentait aisément le niveau de stress, surtout quand les personnages étaient dans le noir.
Et que dire des dialogues, la plupart restreints au minimum, souvent ambigüs, laissant place à interprétation, avec de gros plans des personnages, en pleine réflexion, dans le silence, laissant toute la place à nos questionnements. Bref, pendant 1 h 30, le spectateur tente de cerner ces personnages (surtout celui joué en double par le très talentueux Jake Gyllenhaal). Le spectateur essaie de rassembler les morceaux de ce casse-tête et de donner un sens à tout ce qu’il voit… sans succès. Car même la fin nous laisse sur notre faim. À nous d’interpréter ce que l’on veut de cette fin surprenante.
Au niveau du jeu des acteurs, Jake Gyllenhaal donne à nouveau une performance sans faille. En plus de jouer deux rôles de manière crédible, il doit amener le public à y croire et à se questionner sur ses deux personnalités. Il y réussit très bien.
et
Sarah Gadon
Les deux jeunes femmes qui interprètent les deux blondes des jumeaux identiques, Sarah Gadon et Mélanie Laurent sont crédibles dans leurs rôles respectifs. L’ajout d’Isabella Rossellini dans le casting, est un pur moment de bonheur. Avec son visage angélique et sa douce voix, Isabella réussit malgré tout à déjouer le spectateur en jouant le rôle d’une mère artistique, narcissique et maternelle à la fois, tout en étant autoritaire envers son fils. Une présence forte qui sera de courte de durée, car elle n’apparaît que dans une seule scène, mais quelle scène!
Distribué par Les Films Séville, une filiale d’eOne, ENNEMI prendra l’affiche au Québec le 14 mars prochain!
Distribution
Jake Gyllenhaal
Mélanie Laurent
Sarah Gadon
Isabelle Rossellini
Crédit photos Courtoisie
