Le 3e film Tu dors Nicole de Stéphane Lafleur (Continental, un film sans fusil, et En terrains connus) qui a été présenté dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs du dernier Festival de Cannes, a pris l’affiche à Montréal le 22 août dernier et prend l’affiche dès aujourd’hui, vendredi le 29 aout, partout au Québec.
Voici mes entrevues avec les artisans du film : https://info-culture.biz/2014/08/26/entrevues-avec-les-artisans-du-film-tu-dors-nicole-qui-prend-laffiche-le-29-aout-prochain/#sthash.CAL73dXm.dpuf
Ce film a le même ton et la même signature que les 2 films précédents de Stéphane Lafleur, cependant le sujet est complètement différent. Personnellement, c’est mon film préféré entre les trois. J’ai eu l’impression de revivre l’ambiance de mes étés à l’époque du CÉGEP. Un film en noir et blanc, avec une certaine poésie avec les éclairages et la musique. Mais aussi un film sur l’amitié entre filles qui m’a beaucoup plu. Un film qui met en vedette entre autres Julianne Côté, Catherine St-Laurent, Marc-André Grondin et Francis La Haye.
Stéphane Lafleur nous a habitués dans ses films précédents à un univers bien particulier, où il utilise souvent les non-dits, un rythme lent et un humour décalé et un côté fantastique et un peu surréaliste. Ce 3e film ne déroge pas à ce style. Cependant, c’est sur l’histoire de Nicole que s’attarde le film.
Synopsis
Profitant de la maison familiale en l’absence de ses parents, Nicole (Julianne Côté) écoule tranquillement l’été de ses 22 ans, jusqu’à ce que son frère aîné Rémi (Marc-André Grondin) débarque avec son groupe de musique. Les vacances prennent alors une autre tournure pour Nicole et sa meilleure amie Véronique (Catherine St-Laurent ).
Ce film parle d’amitié au féminin, de cette complicité qu’ont ces deux jeunes filles amies depuis toute leur enfance. Mais aussi, au fil du temps, leur amitié change, puisqu’elles aussi changent. Elles ne sont plus tout à fait des enfants. Elles passeront durant cet été de l’adolescence à l’âge adulte. La période de questionnements, de la recherche de sa personnalité, de ce qu’elles veulent faire dans la vie. Une grande période d’incertitude qui va causer bien des tracas à Nicole et surtout de l’insomnie.
En décidant de faire un film en noir et blanc et en mettant de la musique plutôt onirique dans sa trame sonore, Stéphane Lafleur crée une ambiance irréelle, rêveuse, décalée de la réalité. En plus, en enlevant toute référence à une époque particulière pour rendre le propos intemporel, et en ajoutant un personnage d’un jeune garçon dont la tête, l’esprit et la voix ont maturé trop vite, on a l’impression parfois de se retrouver dans une fantaisie plutôt qu’une réalité, bien que les évènements et les situations soient bien réels et terre-à-terre.
Personnellement, je me suis laissé bercer par cet univers étrange, qui m’a rappelé mon adolescence, mes incertitudes, mes périodes d’égarements à ne pas trop savoir quoi faire de mon été, de ma vie. Ne plus apprécier mes jeux d’enfances, mais en même temps, ne pas avoir envie de vivre pleinement les responsabilités de la vie d’adulte.
Julianne Côté et Catherine St-Laurent démontrent très bien l’amitié de ces deux jeunes filles, différentes en plusieurs points, mais avec une belle complicité entre les deux. À ce duo, on ajoute les 3 gars (Marc-André Grondin, Francis La Haye et Simon Larouche) qui amènent le chaos, le brouhaha avec eux et leurs instruments de musique. Quel beau contraste musical avec la musique plus douce, électronique et rêveuse qui accompagne Nicole. Encore une fois, on peut apprécier le talent fabuleux de Marc-André Grondin de même qu’une bonne performance de jeu de la part de Francis La Haye.
J’adore la beauté des images en noirs et blancs. Le jeu des ombres et des lumières avec lequel Stéphane Lafleur semble jouer. Et naturellement la musique qui donne le bon ton au bon moment. Et la fine touche d’humour qui est amené par le jeune Martin (Godefroy Reding et la voix de Alexis Lefebvre) avec ses propos trop sérieux et matures pour son âge, ainsi que certaines répliques ou situations du film qui ne peuvent que nous amener un sourire aux lèvres, viennent enlever un peu de lourdeur et d’ennui que l’on peut ressentir en regardant Nicole tenter de donner un sens à sa vie.
Pour bien apprécier ce film, je pense qu’il faut en voir toute la poésie, la belle référence à l’amitié féminine et les liens d’affections entre frères et sœurs et se laisser imprégner de l’ambiance créée par Stéphane Lafleur, tout en tapant du pied au son de la musique du groupe rock qui se pratique dans le salon chez Nicole.
La musique originale du film Tu dors Nicole de Stéphane Lafleur est disponible en format numérique sur https://itunes.apple.com/ca/album/tu-dors-nicole-bande-sonore/id910287091?l=fr&ign-mpt=uo=4
Julianne Côté (Nicole)
Catherine St-Laurent (Véronique)
Marc-André Grondin (Rémy)
Francis La Haye (JF)
Simon Larouche (Pat)
Godefroy Reding (Martin)
Alexis Lefebvre (voix de Martin)
Fanny Mallette (mère de Martin)
Réalisation et scénario: Stéphane Lafleur
Consultante au scénario: Valérie Beaugrand-Champagne
Production: Luc Déry, Kim McCraw
Production déléguée: Claude Paiement
Sociétés de production: micro_scope avec la participation de Téléfilm Canada, SODEC, programmes de crédit d’impôt fédéral et provincial
Distribution: Les Films Christal
Équipe technique
1ere assistante réalisation: Danielle Lapointe
Costumes: Sophie Lefebvre
Conception visuelle: André-Line Beauparlant
Distribution des rôles: Lucie Robitaille
Montage: Sophie Leblond
Musique: Rémy Nadeau-Aubin, Organ Mood
Photographie: Sara Mishara
Son: Pierre Bertrand, Sylvain Bellemare, Bernard Gariépy-Strobl
Superviseur postproduction: Érik Daniel
Tournage: 17 juillet au 28 août 2013, à Saint-Amable et dans les environs de Montréal
Budget approximatif: 3,5M$
Crédit photos : Courtoisie