Gurov et Anna le 6e long métrage de Rafaël Ouellet (scénariste et réalisateur de Camion lauréat des Jutra du meilleur acteur pour Julien Poulin et de la meilleure musique originale composée par Viviane Audet, Robin-Joël Cool et Éric West-Millette) prend l’affiche le 20 mars prochain. Gurov et Anna est un scénario original de Celeste Parr qui met en vedette Andreas Apergis (X Men : Days of Future Past, White House Down, Omertà), Sophie Desmarais (Sarah préfère la course, Le Démantèlement), Éric Bruneau (Laurence anyways, Le Règne de la beauté) et Marie Fugain (L’Homme idéal, 10 ans de moins).
Synopsis
Ben est un écrivain devenu enseignant, faute de mieux. Au cours de ses années d’enseignement, il a développé un intérêt presque obsessif pour « La Dame au petit chien » de Tchekhov, qui raconte la transformation d’un adultère en amour véritable. Lorsque sa femme Audrey se rend à Paris pour rencontrer l’éditeur de son premier roman, Ben s’engage dans une liaison avec Mercedes, une jeune étudiante francophone. La situation devient très rapidement hors de contrôle. Au final, le fantasme tchékhovien de Ben ne laissera personne intact.
Mon entrevue avec le réalisateur Rafaël Ouellet et la productrice Marie-Dominique Michaud est disponible ici : https://info-culture.biz/2015/03/18/entrevue-avec-le-realisateur-rafael-ouellet-pour-le-film-gurov-et-anna-qui-prend-laffiche-le-20-mars-prochain/#.VQt-FNKG-So
Ce film a été sélectionné dans la compétition FOCUS au Festival du nouveau cinéma de Montréal, au Festival de cinéma international en Abitibi-Témiscamingue et en première mondiale en sélection officielle au Festival International de film de Busan en Corée du Sud.
De prime à bord, le synopsis de ce film laisse entendre que ce sera une autre histoire d’adultère, une crise de la quarantaine d’un homme qui se laisse séduire par la jeunesse et la beauté. Or ce film est beaucoup plus que cela. Oui, c’est une histoire d’amour sombre, entre un professeur et son étudiante, le tout avec trame de fond une nouvelle de Tchekhov. Mais les personnages présentés ont de la texture, une richesse dans leur personnalité, qui fait qu’on est rapidement attachés à eux. Particulièrement le personnage de Ben, joué avec brio par Andreas Apergis. Ses yeux bleus perçants, sa passion pour l’œuvre de Tchekhov, son regard percutant, qui laisse paraître toute une gamme d’émotions. Dès les tout débuts du film, on sent son ennui dans son univers familial et sa frustration de n’avoir plus d’inspiration pour écrire et de s’être recyclé en enseignant. On le voit s’intéresser peu à peu à cette jeune fille qui a les mêmes passions que lui, soit l’écriture et il s’intéresse d’abord à elle car elle lui fait penser à cette dame au petit chien. C’est un personnage de fiction devenu réalité. Donc, lee personnage de Ben s’intéresse d’abord à Mercedes pour des raisons autres que sexuelles. Et à mesure où il progressera dans sa relation avec elle, on voit comment il tente de combattre son attirance pour elle, ne voulant pas devenir cet homme adultère. Et lorsqu’il succombe on voit naitre l’amour en lui petit à petit et on le sent renaitre à la vie. C’est très poétique et touchant.
Pour sa part, Mercedes, joué magnifiquement par Sophie Desmarais, qu’on a rarement vue dans un rôle de séductrice, n’est pas non plus en quête d’une figure d’autorité. Elle veut plutôt explorer la relation de muse et se retrouver en position de créatrice. Elle souhaite donc exploiter à fond sa relation avec son professeur et l’intégrer à sa création, son inspiration d’écrivaine, nourrir son art à elle. Dans ce film, bien qu’elle donne une image de jeune fille douce, retirée, timide presque, et très séductrice, le personnage de Mercedes est en fait quelqu’un d’égocentrique, manipulatrice, à la limite dominante, qui n’a pas peur de jouer avec les sentiments des autres. Elle joue avec son pouvoir de séductrice pour voir jusqu’où cela la mènera. Recherchant les relations complexes avec les hommes plutôt que la facilité et le bien-être aisé avec quelqu’un de son âge, Mercedes amènera Ben à s’autodétruire, à ruiner sa vie de couple, de famille et à troubler sa carrière d’enseignant.
À cela s’ajoute aussi le personnage de la femme de Ben, joué par Marie Fugain. Un rôle plutôt effacé, mais très efficace. Cette femme, malgré les tentatives de sabotage de son mari, qui la rabaisse plutôt que de l’aider à progresser pour devenir écrivaine (car il est jaloux de ne pas pouvoir écrire lui-même), poursuit son rêve et s’émancipe au point d’être publié par une maison d’édition.
Donc, ce film de Rafaël Oullet, tourné dans le Mile-End de Montréal, en hiver et en anglais, est en fait une belle histoire d’amour, poétique par moment, qui sombre dans le drame. La chimie est fantastique entre Sophie et Andreas. Il y a de très belles scènes de séduction et d’amour entre les deux personnages. On est parfois voyeur et presque gêné d’entrer dans leur intimité.
Et lorsque le couple de Ben éclate que le cœur de ce dernier est brisé, nous le spectateur, ne pouvons que ressentir avec lui ces émotions et en être profondément touchés.
Je n’ai pu m’empêcher également, tout au long du film, de m’imprégner de la musique du film. De superbes pièces au piano qui viennent supporter l’ambiance et les émotions de la scène en cours. C’est magique!
Rafaël a fait un travail phénoménal à la réalisation. Il utilise des plans très variés pour montrer les scènes où Ben et Mercedes s’observent de loin à tout moment, où leurs regards se croisent dans la foule, dans le bus, à l’école. Naturellement, les scènes intimes sont présentées de manières réalistes et poétiques à la fois. Avec tantôt de gros plans, tantôt des plans plus éloignés où on se trouve juste derrière la porte de chambre. Et que dire de la scène dans l’appartement de Mercedes, alors qu’elle vient de laver son plancher! On découvre à ce moment-là, comment cette jeune femme est égocentrique et se sert de Ben pour son propre plaisir. Aussi, il y a un grand souci du détail, dans le film on voit tout plein de références à des livres de Tchekov, en plus d’avoir des répliques de la nouvelle The Lady with the dog. Cela ajoute un autre niveau à la force de ce film.
Pour Gurov et Anna, Rafaël a d’ailleurs réuni une partie de son équipe de Camion dont Geneviève Perron à la direction de la photographie, Mario Hervieux à la direction artistique et le même trio de Camion pour la création de la musique originale.
Marie-Dominique Michaud et Jacques Blain de Zone3 et Andrew Noble de Filmoption International en sont les producteurs et distributeurs.
Le film prendra l’affiche au Québec à compter du 20 mars prochain.
Bande-annonce : https://vimeo.com/114180801
ACTEURS
Andreas Apergis
Sophie Desmarais
Marie Fugain
Éric Bruneau
Carlo Mestroni
Adam Bernett
RÉALISATEUR
Rafaël Ouellet
SCÉNARISTES
Celeste Parr
Direction photographie
Geneviève Perron
Direction artistique
Mario Hervieux
Musique originale
Viviane Audet,
Robin-Joël Cool
Éric West-Millette
PRODUCTEURS
Marie-Dominique Michaud
Jacques Blain
STUDIO DE PRODUCTION
Zone 3
DISTRIBUTEUR AU QUÉBEC
Filmoption International
http://gurovandanna-thefilm.com/
Crédit photos : Courtoisie de FilmOption (Fabrice Gaétan)