Oeuvre de Sammy Baloji au Musée de la civilisation

 

 

 

Février est le Mois de l’histoire des Noirs et le Musée de la civilisation est heureux de le souligner notamment en présentant, du 8 au 27 février, un bel exemple du fabuleux travail du photographe congolais Sammy Baloji. Intitulée Vues de Likasi. Recomposer un vivre ensemble brisé, l’exposition de ce jeune artiste dépasse les simples prises de vues, car il en fait du photomontage alliant images contemporaines et images d’archives. En collaboration avec le Centre interuniversitaire d’études sur les lettres, les arts et les traditions (CELAT) de l’Université et du Mois de la photo à Montréal.

En juxtaposant en longues bandes horizontales les images qui empiètent les unes sur les autres et qui débordent l’une sur l’autre, Sammy Baloji exprime la tragédie de Likasi, une ville ouvrière brisée en morceaux. Dans les années 1920 à 1980, l’industrie minière du Haut Katanga comptait parmi les principaux producteurs mondiaux de cuivre et de cobalt. L’uranium, qui y était extrait, servit à fabriquer la bombe atomique. Comme deux autres villes, Likasi accueillait, depuis 1930, des ouvriers venant de la région voisine du Kasaï. Avec le temps, ils sont devenus majoritaires dans cette ville du Congo belge (aujourd’hui République démocratique du Congo). Soixante ans plus tard, la désindustrialisation et le chômage ont conduit au nettoyage ethnique et la ville est tombée en léthargie. Après dix ans, les gens ont commencé à revenir. La caméra de Sammy Baloji permet de constater le travail de recomposition, le retour de l’espoir.
 
Sammy Baloji est licencié en lettres et sciences humaines de l’Université de Lubumbashi, ville où il est né en 1978, et où il vit et travaille toujours. Il a débuté par la bande dessinée, avant de se consacrer à la photographie et à la vidéo avec lesquelles il réalise plusieurs travaux sur la culture dans le Katanga et sur l’héritage colonial de la République démocratique du Congo. L’ethnographie, l’architecture et l’urbanisme, thèmes récurrents de son travail, sont les filtres au travers desquels il analyse l’histoire et l’identité africaines. Malgré sa jeunesse, il possède à son actif plusieurs expositions en Afrique, à Paris, à Bruxelles et à New York. Son travail commence à récolter des reconnaissances tels le Prix de l’image aux Rencontres africaines de la photographie de Bamako en 2007 et, en 2009, le Prix Pictet et le Prix Prince Claus dans la catégorie photo et film.