La Belle et la Bête

C’est le 22 mars dernier que la salle Albert-Rousseau accueillait dans ses murs la très attendue pièce de théâtre du TNM La Belle et la Bête. Bien que cette histoire de deux êtres si différents qui en viendront à s’aimer est une fable éternelle qui a été reprise maintes et maintes fois au fil des décennies par Walt Disney, puis récemment au cinéma pour les adolescents, la version que les créateurs Pierre-Yves Lemieux, Michel Lemieux et Victor Pilon nous ont présentée est complètement différente de tout ce qui a été proposé jusqu’à maintenant.

Imaginez un danseur étoile enlaidi par l’âge, une jeune illustratrice qui a des comptes à régler avec les fées de son enfance et une vieille éditrice à l’humour de sorcière. Imaginez que leurs vies s’entrecroisent et s’entremêlent autour d’une nouvelle édition de La Belle et la Bête. Imaginez que la salle devienne enchantée comme le château de la Bête : créatures surnaturelles, apparitions spectaculaires, transformations mystérieuses.

Ce spectacle est totalement sublime! Hallucinant! Surréaliste! Digne de mention au même titre qu’une œuvre de Robert Lepage. Et ce n’est pas peu dire! Cette histoire de deux êtres solitaires aux blessures énormes du cœur qui graduellement s’apprivoisent pour s’aimer d’un amour profond et pur me chavire à chaque fois et m’émeut au plus au point.

 

En plus du jeu formidable des acteurs de renom Andrée Lachappelle et François Papineau, je me dois de souligner la performance divine de Bénédicte Décary. Mais la palme d’or de cette pièce de théâtre hors du commun revient sans contredit aux magiciens numériques Michel Lemieux et Victor Pilon qui repoussent les limites de l’univers et de l’expérience théâtrale grâce à leur technologie 4D art qui permet aux acteurs de jouer sur scène avec des fantômes, d’avoir un décor complètement composé d’images en 3D et même qu’un cheval galope sur la scène, pendant qu’un personnage virtuel discute avec la comédienne sur scène. Même l’alter ego virtuel de la Bête, sous l’habit de François Papineau au naturel se bat avec lui-même dans un combat complètement surréaliste.

 

Par moment l’effet du décor en 3D se répercute jusque dans la salle, pour donner l’impression d’englober la moitié de la salle dans son château ou sous la pluie. Pour ceux assis en arrière de la salle comme moi, l’effet est grandiose et fabuleux. À ces effets visuels s’ajoute aussi une musique envoutante par moment, douce et délicate pour les instants de tendresse entre la belle et sa bête. Quels délicieux moments que de voir ces deux êtres s’aimer profondément! Et quelle sensation déstabilisante d’entendre le personnage d’Andrée Lachappelle se délecter d’un projet d’un mort atroce de cette belle et douce jeune fille! On est très loin à ce moment du personnage de Donalda.

 

Un spectacle d’une heure trente minutes qui ne semble, en fait, durer que quelques minutes tellement les gens sont sous le joug d’une telle production magistrale. Pas surprenant que l’ovation debout à la fin du spectacle ait duré plusieurs minutes.

Il serait primordial que cette superbe œuvre revienne à Québec, car, à mon avis, c’est une des meilleures productions qu’on ait vues à Québec depuis plusieurs années!

Une coproduction du Théâtre du Nouveau Monde et de LEMIEUX PILON 4D ART.

Création et mise en scène de Michel Lemieux et Victor Pilon.
Création et texte de Pierre-Yves Lemieux

Avec : Bénédicte Décary, Andrée Lachapelle et François Papineau.
Personnages virtuels: Violette Chauveau et Peter James.

Présenté en tournée lors des Sorties du TNM du 8 mars au 5 avril 2011

 

http://www.tnm.qc.ca/saison-2010-2011/La-Belle-et-la-Bete/La-Belle-et-la-Bete.html

 

http://www.sallealbertrousseau.com/evenements/la-belle-et-la-bete

 

crédit photos : Claude Ouellet