S’embrasent au Théâtre Les Gros Becs

 

 

La pièce commence, silence. Pourtant, la salle est pleine d’ados, mais on n’entend pas un mot. C’est normal, elle parle, d’une langue crue, elle donne des détails croustillants, les choses sont décrites telles qu’elles sont, sans tabou. On ressent une petite nervosité de la part du public, et on aime ça.

Ce n’est pas tout, il y un baiser de passion pure, ça s’est passé dans la cour d’école. Nous, public, n’avons rien vu, mais c’est ce qu’on nous raconte. Les personnages réagissent chacun à leur façon. Il y a un déséquilibre, certains sont jaloux, d’autres sont heureux ou tristes. Il y en a qui sont fâchés. Par contre, une chose est certaine, la réaction est forte, tout le monde a son mot à dire. On entre dans l’univers des personnages, chacun critique à sa façon sa vision de l’amour et nous raconte ses préoccupations.

Suite à l’entrevue que j’ai réalisée avec Catherine Bégin (voir le lien en fin d’article) il y a deux semaines, c’est avec joie que je me suis dirigée au Théâtre Les Gros Becs pour assister à la pièce S’embrasent. Une jolie pièce pour les adolescents, mais aussi pour le grand public, comme nous l’a indiqué Catherine Bégin lors de son entrevue. La pièce exploite un thème universel: l’amour, et plus particulièrement le fait de tomber en amour. Qu’est-ce que ça fait? Comment l’expliquer? Comment le vivre? Les comédiens et la mise en scène sont énergiques, ils s’emportent, ils s’emballent et ils s’embrasent!

En terminant, il n’existe pas une meilleure personne qu’une de ses comédiennes pour donner des informations sur une pièce. Voyons ce que Catherine Bégin m’avait dit il y a quelques semaines:  «C’est une pièce écrite par un auteur français qui s’appelle Luc Tartar, pas très vieux, un homme très doux, très audacieux en même temps. La pièce, comme beaucoup de grandes oeuvres, n’a qu’un thème unique et sobre, qui est un baiser dans une cour d’école, mais ce baiser est un baiser de passion pure, entre Jonathan et Latifa, qui sont pris de coup de foudre l’un pour l’autre. L’histoire pourrait s’arrêter là, mais tous leurs camarades sont témoins de ce baiser et sentent d’instinct que ce n’est pas un bisou normal, c’est quelque chose de passionnel, d’énorme. Ils réagissent chacun selon leur histoire propre, il y en a qui ont de la peine parce que ça leur est jamais arrivé, parce qu’ils sont jaloux, l’autre a peur pour ce que ça suppose comme engagement. En face de l’école habite une vieille, qui elle a certainement déjà vécu un coup de foudre dans sa vie, en tout cas elle les comprend, elle admire ces jeunes-là, elle est d’accord avec eux, elle va même jusqu’à mettre sur le bord de la fenêtre une assiette de préservatifs… Elle est ouverte d’esprit et attentionnée.

Au fond, ce qu’il faut comprendre, c’est que la pièce n’est pas construite avec DES personnages, c’est comme un immense monologue. Le metteur en scène Éric Jean a fait énormément pour la facture visuelle et verbale de l’oeuvre. Après un long atelier avec les comédiens, il a décidé que chaque comédien jouait plusieurs personnages. Les deux héros ne sont cependant pas identifiés, de sorte que le public adolescent peut se voir dans leur peau ou les imaginer comme il veut, ce qui est excellent. Le seul personnage qui a un nom, c’est la vieille, mon rôle, qui s’appelle la sentinelle. C’est une femme ouverte, généreuse, elle est prête à fuguer avec eux, quand ils veulent se sauver, avec ses valises pour les suivre. » Pour la suite de l’entrevue avec Catherine Bégin: https://info-culture.biz/rencontres/entrevues/1751-entrevue-avec-catherine-begin-pour-la-piece-sembrasent.html

Ne manquez pas la pièce S’embrasent au Théâtre Les Gros Becs, présentée du 23 au 26 mars. Les représentations scolaires ont lieu à 10h00 et à 13h00 les 23 et 24 mars ainsi que le 25 mars à 10h00,  et les représentations grand public le 25 et le 26 mars à 19h30.

Pour plus d’informations ou pour une réservation, consultez le site www.lesgrosbecs.qc.ca ou téléphonez au (418) 522-7880.

S’embrasent (Dès 13 ans)

Production : Théâtre Bluff

Texte : Luc Tartar

Mise en scène : Eric Jean

Assistance à la mise en scène et régie : Stéphanie Raymond

Scénographie : Magalie Amyot

Éclairages : Martin Sirois

Costumes : Stéphanie Cloutier

Environnement sonore : Olivier Gaudet Savard

Direction technique et de production : Guillaume Bloch

Interprétation : Francesca Bárcenas, Christian Baril, Matthieu Girard, Talia Hallmona et Catherine Bégin

La galerie photos: http://espace.canoe.ca/infoculture/album/view/852112

Photos: Lise Breton