Entrevues pour le film Le Colis

J’ai vu, en grande première, sur invitation de presse, le film Le Colis, une comédie dramatique mettant en vedette Emmanuel Bilodeau et Gildor Roy. Le film prend l’affiche le 1er avril prochain et mon appréciation du film se trouvera dans la section cinéma à partir de cette date.

 Entrevues :

J’ai rencontré, jeudi le 24 mars, au Château Bonne Entente, le comédien Emmanuel Bilodeau l’humoriste/comédien et concepteur des dialogues sur le film Jean-Marie Corbeil ainsi que la scénariste et réalisatrice Gaël D’Ynglemare et la coproductrice Sonia Despars.

  

Questions pour Gaël d’Ynglemare :

Dès les premiers instants du film, j’ai eu l’impression de me retrouver dans un film de Francis Veber avec Pierre Richard et Depardieu. C’est un choix conscient que vous avez fait de prendre ce style. Pourquoi? Et est-ce que les acteurs que vous avez choisis se devaient de ressembler en partie au style de ces deux acteurs français?

« C’est sûr que ce sont mes références à moi. Ce sont les films qui m’ont donné le goût de faire du cinéma. C’est le type de comédie que j’aime donc je suis terriblement influencé par ça. Mais je n’ai pas voulu faire du Veber, mais c’est inspiré de cela quand même. Au niveau des personnages le casting a été fait en fonction de ces références à Pierre Richard et à Depardieu. Je voulais un courrier nerveux, naïf, maladroit et l’autre, comme une force tranquille, un roc solide. » 

Ce film a été tourné en grande partie à Québec. Qu’est-ce qui a motivé ce choix de venir chez nous?

« C’était un choix de venir à Québec effectivement, mais aussi à cause de mes producteurs, Productions Thalie qui sont basées à Québec. Ce sont eux qui ont produit mes deux courts-métrages aussi, donc c’était tout naturel, rendu à mon long-métrage de continuer avec eux. En même temps, je trouve cela tripant de venir tourner dans une autre ville, car on est uniquement concentré sur le tournage. Et cela crée une chimie dans l’équipe. On était donc tous, pour la plupart, pas chez nous et le soir on se retrouvait et on continuait d’en discuter. Cela crée une ambiance de travail qui est super. Et les techniciens de Québec, il y en avait plusieurs avec qui j’avais déjà travaillé sur mes courts-métrages justement. » 

Premier long métrage de fiction. Comment est-ce différent de vos courts-métrages que vous avez réalisés?

 « C’est sûr qu’un court-métrage c’est comme un sprint, courir un cent mètres. Tu n’as pas beaucoup de temps et il faut que tu donnes toute la gomme en très peu de temps. Tandis qu’un long métrage c’est plus comme courir un marathon. C’est de longue haleine et il ne faut pas perdre le cap au fil des semaines. » 

D’où est venue l’idée de ce colis, de ce film? 

 « En fait, c’est un thème qui me tracassait depuis un bout. J’avais envie de parler des gars, en tant que femme, de porter un regard féminin sur les hommes d’ici. Car bien que le film ait une inspiration européenne (Francis Veber), la thématique est tout de même très nord-américaine. La quête de réussite, le fait de courir après l’argent, ce sont des valeurs d’ici. J’avais donc envie de parler de ça, de rire de cette obsession des gars, et la réussite sociale qui finit par faire qu’ils deviennent aveuglés par cela et ne voient plus le reste. L’idée de base est venue d’un numéro d’humour de Jean-Marie Corbeil, mon conjoint qui écrit les dialogues dans le film aussi. Il avait écrit un sketch dans lequel son personnage enlevait un autre gars et il restait pris avec. Je trouvais la situation de départ vraiment drôle. Qu’est-ce que tu fais avec un otage qui ne vaut pas un clou? Et aussi avec un ravisseur qui n’est pas un vrai truand non plus.  » 

Diriger son chum sur un plateau est-ce difficile?

« Non, c’est le fun. Mais ce n’est pas la première fois que je le fais. Il a joué dans les deux courts-métrages que j’ai faits avant. Et j’avais fait la mise en scène de son spectacle aussi. On a comme trouvé notre façon de travailler ensemble. Et cela va bien, car les rôles sont très bien définis. On ne se pile pas sur les pieds, chacun sa job. »

 

Questions pour Sonia Despars coproductrice (le producteur c’est Yves Fortin)

Qu’est-ce qui vous a attiré sur ce projet?

« Quand je suis arrivée sur Productions Thalie, c’est le dossier qu’on m’a remis, celui de Gaël et son premier court-métrage. Donc on a fait ses deux courts-métrages ensemble et maintenant c’est son premier long métrage que l’on fait toutes les deux. C’est une belle continuité et belle complicité. Faire un long métrage c’est un stress supplémentaire. J’ai beaucoup appris sur ce projet. » 

Est-ce un film qui serait exportable, en France par exemple ou dans les festivals?

« Oui je pense que les Français pourraient aimer ce genre de film, mais je pense qu’avant tout, c’est le public au Québec qu’on veut atteindre d’abord. On souhaite ardemment que le distributeur augmente le nombre de copies. C’est notre petit combat. Je sais que les salles ont l’intérêt, c’est maintenant dans les mains du distributeur… Oui c’est un film à plus petits budgets, mais c’est quand même près de 2 millions et on a fait preuve de beaucoup de créativité pour vraiment doubler cela à l’écran. On aimerait donc qu’il soit vu par le plus grand nombre de personnes.» 

Votre maison de production est située à Québec et le film est tourné à Québec en grande partie et vous avez également pris des acteurs de Québec comme Benoit Cliche et Frédéric Bradet pour de petits rôles. Est-ce qu’on pourrait penser faire un film exclusivement de Québec? :

« L’histoire se situe à Montréal, mais comme le cinéma est un art d’illusions, on a réussi à tourner 75 % du film à Québec. Il y a quelques comédiens de Québec, mais aussi le film a été totalement post-produit ici à Québec. C’est rare. D’habitude il faut aller à Montréal finir le film en 35 mm, mais cette fois-ci c’est une sortie numérique, avec le studio Élément qui a tout fait et le studio Expression qui a fait la conception sonore.  On est maintenant capable de s’auto suffire à Québec. »

 

 

Questions pour Jean-Marie Corbeil :

D’où vient ce personnage à la base, d’un gothique mafieux que vous interprétez dans le film? Est-ce qu’il a été pensé comme cela dès le départ ou si vous lui avez donné ces couleurs après?

« À la base, c’était un motard, ce personnage. Et on se disait, Gaël et moi que c’était un peu cliché. On voulait autre chose. Et c’est en cherchant les costumes, qu’est arrivée l’idée (je ne sais plus de qui), que ce soit un gotique. Je trouvais cela plus intéressant, car ça me permettait de jouer dans un autre niveau que le motard de base. Cela me permettait de jouer quelque chose d’un peu malsain. La peur de ce personnage ne vient pas de sa force physique, mais plutôt de sa déviance. On ne sait jamais comment il va réagir. J’ai eu du fun dans ce rôle, car c’est un imbécile, c’est clair. »

 On dit que Gaël est la scénariste et réalisatrice et que vous avez écrit les dialogues? Concrètement comment cela fonctionne-t-il?

« Il y a un scène à scène dans un scénario. On sait ce qui doit se dire d’une scène à l’autre. De façon très réaliste, voici comment ça se passe à la maison (on forme un couple ensemble). Elle a son bureau en bas et moi, j’ai mon bureau en haut. Elle me passe des scènes, je monte en haut, j’écris le dialogue. Je lui présente et elle émet ses commentaires, comme j’aimerais que ce soit plus drôle ou plus… Et je révise mes dialogues jusqu’à ce qu’elle soit satisfaite… On aime bien travailler ainsi. On l’avait fait aussi sur les deux courts-métrages de Gaël et cela avait super bien fonctionné. Car de mon côté, je ne pourrais pas écrire un scénario, je ne suis pas structuré du tout. Je perds le fil de ce qui se passe dans les scènes. Elle, Gaël a tout cela en tête… Tandis que Gaël, elle n’aime pas écrire les dialogues, alors on se complète. » 

C’est votre premier rôle dans un long métrage. Comment avez-vous trouvé cette expérience et se faire diriger par sa blonde sur un plateau est-ce difficile?

« C’est vraiment bien… je fais ce qu’elle me dit de faire… On a tous les deux la même mentalité. On aime que ce soit cool, agréable. Même le casting a été pensé en ce sens là. Ce sont tous des gens gentils, Gildor, Emmanuel, des êtres extrêmement talentueux et ils n’ont pas la grosse tête non plus. On fait cela dans le but d’avoir du plaisir. Il faut que dans ma vie j’aie l’impression de jouer, pas de travailler. Et quand j’ai l’impression de travailler, je n’aime plus ça.  » 

Les dialogues ont-ils changé en cours de route?

« Non, une fois qu’on les aimait, on les gardait. Gaël et moi on est très strict là-dessus, on est assez maniaque. Il est même arrivé que Gaël insiste pour que les mots soient dits exactement comme c’est écrit. Je pense chacun des mots que je veux qui soit dit, parce que je sais que c’est drôle comme cela, ou c’est exactement ce que je veux dire… J’ai aimé aussi me plonger dans l’écriture de scènes plus émouvantes, plus dramatiques, cela fait changement des scènes humoristiques et punchées. »

 

 

Questions pour Emmanuel Bilodeau :

Votre personnage a des similitudes avec ceux joués par Pierre Richard, maladroit, mais sympathique. Vous êtes-vous inspiré de Pierre Richard?

 « Pas du tout de Pierre Richard, mais quand même de l’univers de Gaël. J’en ai visionné des films de Veber, car elle voulait que je voie ce qui l’influençait. Je me suis peut-être inspiré de l’énergie lumineuse, enjouée et le côté toujours positif de Pierre Richard, car en fait je comprenais quel style de jeu elle voulait.»

 Vous avez beaucoup de scène avec celle qui joue votre fille, vous avez une belle complicité avec elle. Est-ce que cette complicité s’est installée facilement?

« Je suis content si cela passe à l’écran, car c’était vraiment une complicité dans la vie. C’était comme si elle était ma fille, comme si on se connaissait depuis toujours. On avait beaucoup d’humour ensemble. On s’amusait facilement. On rirait et on jasait de n’importe quoi. Elle a vraiment une grande maturité pour son âge. C’était vraiment un charme au complet.» 

Est-ce qu’il y avait des scènes plus difficiles que d’autres à jouer? Je pense par exemple au moment où vous tentez de ramener le personnage de Gildor chez vous…

 « Les scènes du kidnapping étaient exigeantes physiquement et il y avait aussi les scènes dans le huis clos où c’était beaucoup de scènes, beaucoup de mots et peu de jours pour les tourner, et bien les tourner alors c’était tout un défi. Mais pour les scènes physiques, il y a fallu que je mette Gildor Roy sur mon dos et que je monte des marches. Je pensais pouvoir en monter au moins une ou deux, mais non, je n’ai même pas été capable de monter une marche. Je suis trop petit et lui est trop bâti, pour ne pas dire beef! »

 C’est le premier long métrage pour Gaël. Comment est-ce de travailler avec elle?

 « C’était super, d’autant plus que je la connaissais depuis longtemps. On a fait son premier court-métrage ensemble. Quand elle est sortie de l’UQAM elle m’a appelé pour faire son court-métrage, très beau d’ailleurs. Donc je la connaissais un peu et on avait déjà cette complicité-là. On a eu des répétitions pour tourner le Colis, plus que d’habitude et c’était vraiment important d’arrimer nos univers avec un budget de tournage plus restreints. Et lorsqu’arrive le moment de tourner Gaël est très calme, très souple, préparée, ouverte aux propositions, vraiment un très grand charme. Une fille allumée, brillante, sensible, avec toute l’équipe aussi elle était comme cela. On aurait dit qu’elle était habituée, comme si elle tournait un film par année. Pas énervée du tout, je pense qu’elle le cachait bien, mais qu’à l’intérieur elle était peut-être paniquée de ne pas entrer dans ses journées, mais cela n’a jamais paru, on ne l’a pas senti. » 

Quels sont vos projets futurs?

 « Cet été je suis en vacances pendant un mois (pour passer du temps en famille), et je ne fais pas de film à date. Mais j’ai beaucoup de tournage pour la télé. Je termine 30 vies demain, je finis vente de garage 4 ces jours-ci, je vais faire tranche de vie la suite, en préparation de la 3e saison. Je vais probablement faire belle-baie 5 qui est en écriture et donc devrait se faire à l’automne. Et je vais jouer chez Duceppe au théâtre l’an prochain. »

 

Distribution :

Michel Beaulieu : Emmanuel Bilodeau

Jacques St-Louis : Gildor Roy

Lucie : Évelyne de la Chenelière

Jade : Alice Morel-Michaud

Shot Gun : Jean-Marie Corbeil

Johanne : Sylvie Léonard

Éric St-Louis : Paul Doucet

E. Beaudreau : François Léveillé

Pierre Beauregard : Luc Senay

Élizabeth O’donnel : Pierrette Robitaille

Patrick Dumont : Jean-François Mercier

L’amoureux chez Rocky : Pierre Verville

M. Nicol : Bruno Landry

M. Casgrain : Tristan Dubois

Mme Dubé :  Janine Sutto

 

Fiche Technique :

Production : Yves Fortin et Sonia Despars  des Productions Thalie

Scénario et réalisation : Gaël d’Ynglemare

Dialogues : Jean-Marie Corbeil

Direction photo : Jean-François Lord

Conception visuelle : Marjorie Rhéaume

Prise de son : Normand Lapierre

Création des costumes : Valérie Gagnon-Hamel

Maquillage : Brigitte Bilodeau

Montage : Gaël d’Ynglemare

  

http://www.lecolis-lefilm.com/

 www.studio-expression.com/

 www.studioelement.ca/

 

 

crédit photos : Roland de Québec