La langue des oiseaux

Après 33 ans d’enseignement de la littérature, je me méfie toujours du sens obligatoire des mots et, ces dernières années, je me suis tourné tout naturellement vers une langue ancienne qui utilise les procédés de langue imagée afin d’aider le lecteur à trouver le sens du réel au lieu de lui dire en l’assommant avec le sens « propre ». Cette langue du Moyen Âge, c’est la langue des oiseaux et il m’est apparu qu’elle reste très moderne puisque je ne sus plus sûr que la mentalité médiévale soit si loin  que cela…

La langue des oiseaux, c’est la langue des anciens alchimistes qui l’employaient afin d’exprimer un propos transgressif sans se faire emprisonner ou tuer par les hommes âmes de l’époque. Avec leur utilisation des jeux de mots, des rébus, des expressions populaires, avec leur emploi des mots dans leur sens étymologique ou leur invention de néologismes, ils s’écartaient à la fois de la norme linguistique et de l’idéologie de ceux qui l’imposaient. Ils montraient un nouveau sens, une nouvelle façon de comprendre la réalité.

À mon tour, j’emploierai dans ce livre leurs procédés d’une langue multiforme pour expliquer ce monde qui me semble avoir plusieurs sens. Le but n’est plus celui de la rigidité du sens, au contraire. La loi de l’analogie est donc remise à l’honneur pour rapprocher des catégories créées artificiellement. La division entre une langue prétendument claire et une langue dite imagée n’a pas lieu d’être. C’est une différence d’emploi et d’interrogations plus que de vérité des mots.

La langue des oiseaux est la langue de la liberté de parole, la langue de l’ouverture d’esprit, la langue d’un ancien dépôt de sagesse. C’est, dans les deux sens du terme, une langue spirituelle.

C’est incroyable! Les mots perdent leurs définitions et sont remplacés par des locutions qui perdent le charme de notre langue. Toutefois, ce livre m’a impressionnée par la profondeur des recherches de l’auteur. Ce que j’aime énormément, c’est d’ouvrir le livre n’importe où, lire un paragraphe et découvrir un mot disséqué pour en connaître l’origine. Je recommande ce livre pour toutes les « éponges » qui « soiffent » de nouvelles connaissances.

Baudouin Burger (prononcer Burgère) est spécialiste en littérature québécoise ancienne, et auteur qui a enseigné à l’université, puis au collège Ahuntsic à Montréal. Préoccupé par l’idée qu’il doit y avoir un sens dans ce monde qui paraît n’en avoir aucun, il a cherché des réponses dans divers domaines : d’abord les mathématiques, puis la littérature, avec des traverses dans les arts de la scène et la psychologie. Aujourd’hui, il reste convaincu que c’est le langage qui est la base et le miroir des misères et la grandeur de l’être humain.

Louise Courteau, éditrice

Pages : 229

Prix suggéré : 19,95$

www.louisecourteau.com