Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges

Lundi le 16 mai dernier, en provenance de Montréal, avait lieu la seule représentation à Québec de la pièce Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges l’adaptation théâtrale par Serge Denoncourt,  tirée des Chroniques du Plateau-Mont-Royal de Michel Tremblay

Thérèse et Pierrette à l’école des Saints-Anges est une tragi-comédie mettant en scène des personnages plus grands que nature. Cette pièce dépeint magistralement les exaltations et les tiraillements du passage à l’adolescence, l’emprise de la religion sur l’éducation et les tourments de la classe ouvrière à l’aube des années 40, dans la grisaille de la guerre. Tous ces personnages nous captivent pour finalement nous étreindre amoureusement. 

L’œuvre de Tremblay a été jouée maintes fois au théâtre et à chaque fois, c’est toujours plus que du bonbon. Avec humour, passion, intensité et le langage particulier qui est à la base même de cette œuvre, le public de la Salle Albert-Rousseau a été séduit et comblé par ce joyeux retour dans l’époque des années 40. Deux heures et demie de pur bonheur, de rire et d’émotions, où, par deux fois les gens dans la salle n’ont pu s’empêcher d’applaudir vivement les performances d’actrices.

 

Serge Denoncourt a fait un travail de génie en nous servant cette histoire retravaillée et rehaussée d’une narration pour présenter les personnages. Cette narration, dont le texte apparaît sur l’écran en arrière-scène, est utilisée pour nous faire comprendre que nous sommes dans un roman et que l’on nous raconte une histoire donc les fillettes de 11 ans, sont en réalité jouées des femmes. La pièce est découpée en quatre parties, pour les 4 journées que les jeunes filles et les sœurs de l’école des Saints-Anges vont préparer le reposoir pour la procession de la Fête-Dieu. Et l’interlude pour présenter ces journées est accompagné de musique de Brahms. Au niveau du décor, il suffit d’une clôture en grillage, d’une table, des chaises et quelques décorations pour la fête que les acteurs déplacent entre les scènes, pour nous faire rapidement nous transporter soit dans la cour d’école, dans la maison d’une des fillettes, au bureau de la mère Supérieure, ou sur la rue pour se rendre à l’école. Avec un écran géant à l’arrière qui alterne les images en noir et blanc des divers endroits où l’on se trouve, on a l’impression de regarder un vieil album-photo mais en 3 dimensions.

 Naturellement, cette pièce n’aurait pas tout ce succès sans la performance géniale de ces actrices et ce seul acteur (Sébastien Huberdeau). Tout d’abord, Geneviève Schmidt qui interprète Lucienne la collante, la rejetée, et la mal-aimée, vient mettre du piquant et vole littéralement la vedette à plusieurs moments par ses maladresses, son débordement de joie et son triste sort, si bien qu’elle reçoit des applaudissements en plein milieu d’une scène. Son jeu est des plus crédibles aussi du fait qu’elle est entourée du trio d’enfer de Thérèse et Pierrette, Catherine De Léan, débordante d’énergie, Sylvianne Rivest-Beauséjour timide et peu attrayante et Marie-Ève Milot, qui a peu confiance en elle, car elle est obsédée par le trou entre ses dents.

 

À ces fillettes s’ajoutent les sœurs de l’école qui ont chacune leurs caractéristiques qui leur sont propres. Sœur Saint-Georges, joué avec brio par Josée Beaulieu, qui boite et tient un langage peu approprié pour une sœur, Sœur Sainte-Catherine interprétée avec douceur et gentillesse par Lynda Johnson qui développe une affection plus grande que l’amitié pour Sœur Sainte-Thérèse, la grande timide jouée par Manon Lussier. Mais celle dont le public se souvient et prend plaisir à détester n’est nulle autre que la Mère Benoîte des Anges merveilleusement interprétée par Muriel Dutil.  Dès les premiers instants, elle se fait haïr par ses propos, son fiel et son attitude envers les sœurs et les fillettes. Alors, lorsque la mère de Simone jouée avec vigueur et la rage au coeur par Isabelle Drainville, vient lui dire ses quatre vérités en pleine face, le public ne peut que proclamer sa satisfaction en applaudissant gaiement.

Une pièce vibrante d’humanité et de sexualité refoulée, où les femmes d’une autre époque commencent à vouloir s’émanciper. Le public, à la fin de la pièce, est conquis et en redemande encore!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De Michel Tremblay

Adaptation théâtrale et mise en scène de Serge Denoncourt. 

 

Josée Beaulieu   Soeur Saint-Georges, dite Soeur Pied-Botte

Catherine De Léan  Thérèse

Isabelle Drainville Charlotte, Mère Supérieure

Muriel Dutil  Mère Benoîte des Anges

Sébastien Huberdeau Gérard, Prêtre

Lynda Johnson Soeur Sainte-Catherine

Danielle Lépine Albertine, Soeur Sainte-Philomène

Manon Lussier  Soeur Sainte-Thérèse, Rita

Marie-Ève Milot Pierrette

Sylvianne Rivest-Beauséjour Simone

Geneviève Schmidt  Lucienne

 

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crédit photos : Philippe Moussette