Striptease

Dans le cadre du carrefour international de théâtre, c’est mercredi le 1er juin dernier qu’avait lieu la première Nord-Américaine du spectacle Striptease, au théâtre Périscope. En provenance de Paris en France, la comédienne Céline Milliat-Baumgartner et le metteur en scène, Cédric Orain redonnent leurs lettres de noblesse aux cabarets érotiques des années 20 dans un spectacle solo en hommage à l’effeuillage suggestif et racoleur.

Sur une scène complètement dénudée, se trouve, d’un côté un support à vêtements rempli de robes affriolantes ou à paillettes. De l’autre côté règne un poteau, accessoire essentiel à tout bon spectacle de «pole dancing ». À cela s’ajoutent également un petit tabouret et un micro sur pied. Pour le reste, l’espace est vide. À 21 h, Céline Milliat-Baumgartner entre dans la salle vêtue d’une belle robe séduisante, bas collants, talons hauts et gants élancés. Elle s’avance vers le public et toise les gens du regard, les racole un peu, ajoute un clin d’œil, et les interpelle, surtout les hommes. Elle cherche l’approbation de ce dernier, son regard, son désir. « To strip : se déshabiller. To tease : titiller, agacer… allumer. To striptease : se déshabiller en allumant.» Voilà comment cette jeune Miss Mae qu’elle incarne, se présente au public au tout début du spectacle.

 Puis elle s’engage dans un effeuillage, mais qui relève plutôt du comique, de celle qui débute dans le métier, peu sûre d’elle et qui s’interrompt même parfois pour demander carrément au public s’il aime cela, s’il est satisfait, émoustillé, convaincu.

Puis s’ensuit, une chanson, ensuite, un monologue qui raconte l’historique un peu de l’effeuillage et de certaines stripteaseuses notoires, puis, une danse, dans le noir, complètement dévêtue, pour terminer le tout sur une danse effrénée autour du poteau, qui débute avec grâce et élégance, pour se terminer en sueur, dénudée, déchue, dépouillée et totalement vidée de son érotisme.

Étonnamment, les moments érotiques pour attiser le regard ne sont présents qu’au tout début du spectacle. Ensuite, avec le striptease à la mode burlesque et la chanson rétro, les gens rigolent et se divertissent comme au théâtre. Et lorsque la robe et la culotte tombent, dans le noir, le silence est complet. Et le ballet qu’elle exécute séduit et hypnotise, par son élégance. Et lorsque la lumière se fait, elle enchaine sur un monologue sur la peur du nu, du trou, autant pour elle que pour le public qui n’ose regarder sans malaise. Et lors du «pole dancing », c’est la même chose qui survient. Ce qui débute comme une danse gracieuse, devient insupportable à regarder à travers la lumière verdâtre, avec la musique tonitruante et la rage ainsi que l’acharnement qui s’installe jusqu’à ce qu’elle s’effondre de fatigue.

Une performance remarquable de Céline Milliat-Baumgartner qui, malgré son air angélique et pudique, réussi à nous faire tomber sous son charme et nous interroger au plus profond de nous, sur des questions comme quel plaisir prend-on à se dévêtir? Quelle jouissance le voyeurisme provoque-t-il chez le spectateur? La nudité serait-elle autre chose qu’affaire de fantasme, de désir et d’excitation?

Au niveau de la mise en scène, Cédric Orain a bien su créer une ambiance par moment de spectacle de variétés, avec un choix judicieux dans la musique et les chansons. Il a également utilisé l’éclairage comme participant essentiel durant la prestation de la stripteaseuse, afin parfois de la mettre en valeur, de la cacher ou de la révéler à son état le plus dénudé.

Somme toute, c’est une belle rencontre entre le striptease et le théâtre à laquelle le public assiste. En alternant la rigolade, le malaise et le questionnement, ce spectacle est unique en son genre et plait définitivement aux gens dans la salle.

Après la représentation, Céline Milliat-Baumgartner et Cédric Orain se sont prêtés aux questions du public et de Marie Gignac, la directrice du carrefour international de théâtre. Ainsi, on a pu voir que cette actrice est timide, réservée et totalement charmante. Elle raconte candidement qu’elle ne connaissait rien à l’effeuillage avant de décider un jour d’en faire un spectacle. Elle a alors fait le tour d’internet pour en apprendre plus sur le sujet et a suivi des cours de «pole dancing » dont elle raffole finalement maintenant. C’est un vrai sport de gymnastique.

Avis : Le spectacle contient des scènes de nudité.

Jeudi 2 juin (21 h)
Vendredi 3 juin (19 h)
Samedi 4 juin (19 h)

Théâtre Périscope

Durée : 55 min

Création et jeu Céline Milliat-Baumgartner
Texte et mise en scène Cédric Orain
Scénographie Denis Arlot
Création lumière Jean-Claude Fonkenel
Création son
Samuel Mazzotti
Bureau de production et diffusion Made In Productions
Production La Traversée

Avec le soutien du Théâtre de la Bastille, de la Compagnie de L’Oiseau-Mouche et de l’Arcal.
Avec l’aide à la diffusion d’Arcadi.

 

http://www.carrefourtheatre.qc.ca/

 

crédit photos : Claude Ouellet