La réparation

La réparation

La journaliste Marie Dumais apprend dans les actualités le suicide d’une élève du secondaire, Sarah Michaud. Il semble que l’enfant était victime d’intimidation. On lui confie une série de papiers sur l’affaire.  Elle interroge les professeurs et les autres élèves. Elle rend visite aux parents. Ce sont de pauvres gens qui n’ont pas su défendre leur fille perdue parmi les petits bourgeois fréquentant le collège privé où Sarah n’a été acceptée que grâce à ses dons exceptionnels pour les mathématiques. Tout le monde voudrait tant qu’on cesse de parler de cette affaire, mais Marie veut savoir la vérité. Pourquoi Sarah Michaud est-elle morte?¸

J’ai lu ce livre en une seule soirée, sans espoir d’aller me coucher, tellement j’étais prise par le suspense de l’enquête que menait Marie Dumais, mais également j’étais happée par la bouleversante histoire de la jeune Marie-Lune Provencher, 5 ans, qui est retirée des griffes de sa mère, Jeanne Provencher, une femme ayant d’énormes obsessions religieuses et souffrant de délire schizoïde, pour être réinséré progressivement dans la société.

Ce livre contient donc deux histoires en parallèle, qui se passent à deux époques différentes : aujourd’hui et en 1980. D’un chapitre à l’autre, on alterne entre les deux drames qui se vivent, sans pour autant décrocher de ce qui se passe.

Katia Gagnon, journaliste àLa Presse, qui a signé de grands reportages sur la maltraitance, l’itinérance, la maladie mentale réussit, dans ce premier roman, à nous dresser, de manière très précise, en peu de mots, le portrait de ce que vit Sarah Michaud à son école. On le sent que ce roman est basé sur bien des faits réels et des gens qu’elle a côtoyés au fil de ses reportages. À travers sa plume, elle aborde des sujets extrêmement complexes et sensibles avec beaucoup de compassion et d’humanité. L’intimidation à l’école, tel qu’on le voit dans le livre existe vraiment et l’on voit aussi comment malheureusement, les directions d’écoles, les enseignants, et le système d’éducation actuel peut être impuissant à contrer cette intimidation.

Ce livre ne peut faire autrement que de toucher les gens, car tous et chacun, on a soit vécu de l’intimidation à l’école (moi-même, un peu, je dois l’avouer), ou on connaît des gens qui l’ont vécu (mon fils, est passé par là, un peu aussi), ou en ont été témoins, ne sachant pas comment réagir. Et je pense, que tous les parents, avec des enfants qui passeront bientôt par le secondaire, sont conscients que l’intimidation est un fléau qui peut à certains degrés atteindre leur propre enfant. Alors ce roman, qui je pense, devrait être une lecture obligatoire au secondaire, peut faire un peu la lumière sur ce que vit une personne victime d’intimidation. Mais cela peut peut-être aussi mettre le milieu enseignant un peu plus aux aguets de ce qui se passe dans leurs écoles et faire voir aux intimidateurs l’impact de leurs actes.

Je trouve très intéressant que Katia n’ait pas parlé que de cette histoire d’intimidation dans ce livre, car cela m’aurait laissée avec une sensation plutôt déprimante et un goût amer en bouche. Avec le récit de l’histoire de Marie-Lune, qui démontre comment quelqu’un, qui a eu un début de vie très difficile, réussit à s’épanouir grâce aux divers intervenants (psychologue, travailleur social, thérapeute, psychiatre…) placés sur sa route et l’amour d’une famille d’adoption. Cette deuxième histoire finit par être un baume qui vient toucher le lecteur profondément.

Donc, deux histoires, deux destins, que Katia livre au lecteur de manière très vivante, intrigante et émouvante. Ce roman véhicule finalement de belles valeurs, soit la compréhension et la compassion. Et, en plus de faire éclater la vérité au grand jour, elle nous démontre comment il est important d’affronter nos démons intérieurs.

On ne peut qu’espérer que ce ne sera pas son dernier roman. Je serai dorénavant une fidèle lectrice de cette nouvelle auteure…

 

Katia Gagnon

Katia Gagnon est directrice des informations générales au quotidien La Presse et mère de trois enfants. Elle qui a déjà signé, avec son collègue Hugo Meunier, l’essai Au pays des rêves brisés sur la maladie mentale. La Réparation est son premier roman. L’élément déclencheur de ce roman aura été l’histoire de David Fortin, ce garçon victime d’intimidation à l’école qui a fini par fuguer et qu’on n’a, à ce jour, jamais retrouvé. Katia Gagnon voulait se pencher en profondeur sur ce cas, en allant passer quelque temps à l’école de David Fortin, mais ce projet est finalement tombé à l’eau.

Prix : 22.50 $

208 pages

http://www.editionsboreal.qc.ca