Malphas Tome 1 Le cas des casiers carnassiers

 

Malphase Tome 1 Le cas des casiers carnassiers

Pour moi, les livres de Patrick Senécal, bien que j’en ai lu quelques-uns (comme les sept jours du Talion et 5150 rue des ormes) sont souvent trop sanglants et effrayants pour mon petit cœur sensible. Mais quand j’ai entendu dire que Patrick s’apprêtait à se lancer dans l’écriture d’une série d’histoires à l’humour noir et la dérision, je n’ai pu m’empêcher de vouloir être une des premières lectrices de ce Patrick Senécal nouveau style…

 WOW! Fantastique! Délicieux à souhait!

 En résumé, cette série de livres raconte des histoires qui se déroulent dans un cégep – Malphas – situé à Saint-Trailouin, un bled perdu au fin fond de nulle part. Le tout commence lors de l’arrivée de Julien Sarkozy un nouveau professeur de littérature qui vient de quitter sa ville, Drummondville, où il a enseigné pendant plus de dix ans. On découvre rapidement que Malphas est un Cegep bien particulier. Les professeurs et les élèves sont tous des gens qui ont été refusés dans les autres Cegep un peu partout au Québec, pour diverses raisons. Et qui plus est, depuis la première journée de classes, les meurtres se succèdent et on se demande s’il restera des étudiants en vie à la fin de la session…

Ce premier tome de la série Malphas, Le cas des casiers carnassiers,  contient un mélange de personnages caricaturaux, des situations fantastiques, des évènements surnaturels, une enquête sur des meurtres assez sanglants, mais surtout, on y retrouve un humour noir ironique, des répliques savoureuses qui surprennent et qui m’ont littéralement fait éclater de rire à plusieurs moments. J’adore ce genre d’humour en littérature. Ce personnage central qu’est Julie Sarkozy me fait me bidonner par ses comparaisons colorées, son ton souvent baveux, ses réflexions parfois perverses et tantôt acerbes. Je me délecte de ses commentaires. Je me suis aussi sentie happée par le suspens de l’intrigue et lorsque j’ai tourné la dernière page, je n’avais qu’une envie… lire la suite au plus vite. Bref, je suis vivement en attente du tome 2. Par chance, il parait que la rédaction du deuxième tome de la série, où il donnera quelques indices de plus sur ce qui se passe dans ce cégep, est déjà entamée et Patrick aimerait bien sortir deux tomes par année de la série Malphas… et il compte en écrire au moins quatre. Voilà qui augure bien pour mon caractère plutôt impatient.

 Voici un extrait de ses réflexions qui me font rigoler. :

« Je marche vers le bar en question et examine l’affiche qui proclame le nom de l’endroit : L’ami ne deux faire. Qu’est-ce que c’est que ce charabia? Le propriétaire a choisi cinq mots au hasard dans le dictionnaire ou quoi? Pourquoi pas Le copain te quatre suivre, tant qu’à y être? Je relis l’affiche six fois et finis par comprendre. Répétez le nom à haute voix… Vous y êtes? Eh oui : la mine de fer… Un jeu de mots faisant référence à l’employeur principal de la région. Je songe un moment à tourner les talons et à m’éloigner : entrer dans un bar qui affiche de prime abord un humour si fin comporte sans doute son lot de risques. Celui, par exemple de se fêler une côte flottante à force de rire. »

 J’adore les personnages disjonctés que Patrick Senécal a su créer. Zoé Zazz, l’enseignante anorexique et filiforme « Elle est si maigre que logiquement le poids de sa tête devrait la faire plier en deux… et cette voix! Dieu du ciel, si elle jouit comme elle parle, j’espère que son amant vient avant elle! », Rémi Mortafer, le plus ancien professeur du département qui dès le premier cours de la session sait déjà les notes qu’il va attribuer à ses élèves, Mégan Valaire « un être humain qui a laissé sa féminité à la maison. Une peau assez vilaine qu’aucun maquillage ne tente d’améliorer. », Aline Poichaux, la coordonnatrice du département, qui a le tour de s’empêtrer dans ses paroles régulièrement, Mahanaha Hamahana, un juif (arabe ou haïtien) qui se sent persécuté et lance des griefs à qui mieux mieux, Conrad Bouthot, le directeur général de Malphas qui en connaît plus sur le scrapbooking que sur ce qui se passe dans son Cegep. sans oublier Rupert Archlax, le directeur pédagogique, DP, ou comme Julien aime l’appeler affectueusement Double-Pénétration. Et finalement, Rachel, cette enseignante de quarante ans qui «respire le sexe, mais avec classe ». Au niveau des élèves, celui qui se démarque le plus n’est nul autre que Simon Gracq, âgé de 25 ans. Il étudie au Cegep à temps très partiel, pour se consacrer au journal étudiant. Sa syntaxe est tellement déficiente lorsqu’il parle que je n’ai pu m’empêcher de rire à presque chacune de ses répliques. Voici un exemple de conversation entre Julien et Simon en classe :

« – T’as pas encore réussi à obtenir ton diplôme?

– Je prends juste un cours par session chacune. J’ai pas le choix d’autres options si je veux m’occuper professionnellement comme il faut du journal. Moi, je m’adonne jamais à faire quelque chose à moitié.

– Sauf tes études.

– Oui, mais bon… »

 Avec tous ces personnages des plus flamboyants, on ne peut que dévorer ce premier tome en peu de temps.

Malphas : Tome 1 Le cas des casiers carnassiers sera en librairie dès le 3 novembre 2011

Patrick Senécal

Patrick Senécal est né à Drummondville en 1967. Bachelier en études françaises de l’Université de Montréal, il a enseigné pendant plusieurs années la littérature et le cinéma au cégep de Drummondville. Passionné par toutes les formes artistiques mettant en œuvre le suspense, le fantastique et la terreur, il publie en 1994 un premier roman d’horreur, 5150, rue des Ormes, où tension et émotions fortes sont à l’honneur. Son troisième roman, Sur le seuil, un suspense fantastique publié en 1998, a été acclamé de façon unanime par la critique. Après Aliss (2000), une relecture extrêmement originale et grinçante du chef-d’œuvre de Lewis Carroll, Les Sept Jours du talion (2002), Oniria (2004), Le Vide (2007) et Hell.com (2009) ont conquis le grand public dès leur sortie des presses. Sur le seuil et 5150, rue des Ormes ont été portés au grand écran par Éric Tessier (2003 et 2009), et c’est Podz qui a réalisé Les Sept Jours du talion (2010). Trois autres romans sont présentement en cours d’adaptation tant au Québec qu’à l’étranger.

337 pages

Prix : 24.95 $

 

Aux éditions Alire

http://www.alire.com/

 http://www.patricksenecal.net/

 crédit photo de Karine Patry