Un bon musulman

Un bon musulman

 

Ce magnifique roman de Tahmima Anam met en scène la croyance dans le mythe versus la croyance scientifique. Un bon musulman laisse le lecteur dans un état d’incrédulité. Comment des gens peuvent se faire leurrer au point d’abandonner toute liberté de pensée pour adhérer à la certitude qu’ils trouvent dans les versets d’un livre vieux de six ou sept siècles, ne correspondant plus à la réalité moderne? Et surtout l’imposer aux autres. L’aveuglement volontaire. Une quête de rédemption. Qu’importe les évidences; qu’importe que le Huzoor (responsable religieux)  joue dans le pantalon des enfants, même de son fils ou qu’il les force à s’allonger sur le lit, comme c’est un représentant de dieu, tout est correct. Dans ce roman c’est surtout le sort réservé aux jeunes, personnifiés par Zaid, qui est préoccupant. Ainsi que le sort réservé aux femmes. Ce qui ne présage rien de bon pour l’avenir immédiat.

Décembre 1971. La guerre de libération du Bangladesh vient de prendre fin.
A présent que le pays est indépendant, mille défis restent à relever, que Sohail Haque et sa soeur Maya vont aborder de manières diamétralement opposées. Médecin engagé, Maya aide résolument les femmes à conquérir leur liberté. Quant à Sohail, extrêmement affecté par les traumatismes de la guerre, il s’enferme peu à peu dans la religion, un islam intolérant et sectaire qui l’éloigne de ses anciens amis d’université, de sa soeur et même de son propre fils.
Très perturbée par la métamorphose de son frère, auquel elle est profondément attachée, Maya quitte la maison de son enfance. A son retour, dix ans plus tard, le fossé s’est encore creusé. Lorsque Sohail décide d’envoyer son fils dans une madrasa, Maya se sent contrainte d’agir, quitte à provoquer le déclenchement, longtemps retardé, d’une inéluctable tragédie.
Histoire d’une famille et d’un pays guetté par le fondamentalisme à l’ombre persistante d’une guerre dont les blessures peinent à se refermer,
Un bon musulman est une plongée aussi inédite que bouleversante au coeur même de l’intégrisme tel qu’il se vit, s’exprime ou se combat au quotidien, chez des hommes et des femmes de chair et de sang dont il confisque douloureusement le destin.

Un  roman à lire absolument pour mieux comprendre ce qui peut advenir après le printemps arabe qui se déroule sous nos yeux.

 

Tahmima Anam

Tahmima Anam est née en 1975 au Bangladesh. Son premier roman, Une vie de choix (Les Deux Terres, 2009), a été traduit dans une douzaine de langues. Actes Sud a publié son roman Un bon Musulman (2012).

Nombre de pages : 288

Prix suggéré : 22,5 €

 www.actes-sud.fr