MESNAK

À l'affiche de 17 février.

Synopsis

Autochtone urbain dans la jeune vingtaine, Dave est acteur à Montréal. Adopté à l’âge de trois ans, il a grandi en ignorant tout de sa culture d’origine. Lorsqu’il reçoit par la poste une photo de sa mère biologique- qu’il découvre pour la première fois-, il part pour Kinogamish, la communauté où il a vu le jour et où vit encore Gertrude, sa mère.

Les retrouvailles ne se déroulent pas comme prévu et Dave, en perte de repère, est confronté à un univers qu’il lui est hostile et étranger. Dépossédé de sa culture d’origine, Dave peut-il s’en réclamer comme en faisant partie? Tel Hamlet, le Héros shakespearien qu’il travaille dans ses cours de théâtre, Dave s’engage dans une véritable quête identitaire. Son retour impromptu dans cette communauté dévastée provoquera bouleversements et réactions en chaîne, ravivant un passé douloureux, marqué par le mensonge et le secret.

 

 

 

 

Oscalic (Ève Ringuette)

Critique

Assis sur le banc rouge, amovible, de la deuxième salle de cinéma,  il est possible que vous ayez à prendre quelques minutes après la diffusion du film pour reprendre vos esprits. C’était la première fois que cette situation m’arrivait. Nous avons tous, je crois, le réflexe de prendre notre manteau laissé sur le banc voisin et de sortir de la salle aussitôt le film terminé. Pour une première fois, je suis resté immobile, menton sur paume. J’avais encore les puissantes images de la fin du film dans la tête. Ce sont des films comme MESNAK qui me rappellent la joie d’avoir d’aussi bonne production québécoise.

Le schéma narratif commence à tâtons puis déboule les marches chronologiques jusqu’à l’aboutissement du film sous une rage véridique. En d’autres mots,  l’hypothalamus supplante le lobe pariétal. Ou plutôt, l’hésitation de la nouvelle reçue par David est dépassée par des émotions telles la rage, l’incompréhension et la jalousie. Le fruit mûri par le froid soleil du nord québécois contient tout les éléments qui constituent un bon film non « Mollywoodien ». Le « prêt à écouter » n’a eu aucune emprise sur la production de MESNAK.

MESNAK la tortue

Le choix de la réalisation du film, par Yves Sioui Durand, dans une réserve indienne dénote bien le caractère avant-gardiste et les revendications identitaires du peuple amérindien. La réalité difficile à vivre dans une communauté morcelée par l’isolement et les conflits entre Amérindien et Occidentaux amène une dimension  sur le devenir du peuple amérindien. Maintenant qu’ils ne sont plus obligés d’immoler leur culture dans les Résidences, il semble rechercher un projet commun unificateur sans pour autant refuser les opportunités offertes par « l’homme blanc ». De plus, le choix délibéré de placer le récit narratif dans une réserve fictive justifie le caractère universel du film.

La quête identitaire de David se fonde définitivement en parallèle avec la pièce shakespearienne d’Hamlet. L’extrait « Être ou ne pas être tel est la question » supporte tout le dilemme amérindien : la dualité entre l’adoption des mœurs occidentales ou le rejet de celle-ci. Le jeu authentique des acteurs témoigne d’un souci de vraisemblance. Et cela permet d’atteindre le cinéphile plus profondément dans son cœur. « La crédibilité du récit filmique et la vérité des acteurs » est ce qui rend le plus fier le réalisateur. Ce film se soucis de montrer au public un collage fictif reflétant le plus clairement possible la réalité inouïe.

Claude St-Onge (Marco Collin)

Le morcellement des différentes scènes se fait au cœur d’une nature à la fois belle et oppressante. La rivière est la route qui se rend aux terres des anciens, mais elle est symbolisée comme la rivière du Styx apportant les âmes au royaume des morts. Il y a aussi l’esprit de la tortue, MESNAK,  digne représentant du passé et de l’âme du père de David qui est toujours présent sur la réserve attendant que la vérité surgisse des profondeurs du passé.

Autant que le génie de Shakespeare, MESNAK a su voir plus grand que nature.

Acteurs : Victor Andrés Trelles Turgeon, Ève Ringuette, Marco Collin,

Kathia Rock, Marco Poulin, Charles Buckell, Luc Morissette,

Manon Nolin, Florent Vollant, Shauit

RÉALISATION : Yves Sioui Durand

SCÉNARIO : Louis Hamelin, Robert Morin, Yves Sioui Durand

CINÉMATOGRAPHIE : Stefan Ivanov

MONTAGE : Louise Côté

MUSIQUE : Bertand Chénier

SON : Claude Beaugrand, Pierre Blain, Hans Laitres

PRODUCTION : Ian Boyd, LES FILMS DE L’ISLE (Montréal, Qc)

Réginald Vollant, PRODUCTIONS KUNAKAN(Uashat-Maliotenam)

Crédit photos: Courtoisie

http://mesnaklefilm.com

À L’affiche le 17 février