« Je suis un autre », une première mondiale sensible et enthousiasmante

"Je suis un autre" au Théâtre de la Chapelle
"Je suis un autre" au Théâtre de la Chapelle

Quelle image donnerions-nous au mode si nous laissions nos corps exprimer librement nos sensations ? C’est la question posée par la chorégraphe Catherine Baudet lorsqu’elle conçoit la pièce « Je suis un autre » Le théâtre de la Chapelle de Montréal accueillait hier soir la première internationale du spectacle.

L’œuvre « Je suis un autre » nous offre une heure de transport vers cet autre qui nous habite. La pièce est menée sur le ton de l’ironie et de l’humour noir. Un fil directeur sur lequel le spectateur oscille entre surprise, embarras et éclats de rire.  Une position contradictoire qui nous est montrée car c’est le jeu intérieur de l’homme qui nous est révélé. Cependant on assiste à un jeu subtil et fort à la foi mais qui ne laisse pas le goût amer et l’inconfort au spectateur à la fin du spectacle. On sort de celui-ci grandit et empreint de l’univers traduit de Catherine Gaudet.

La pièce crée en grande partie en résidence à Berlin, à la Tanzwerkstatt durant l’automne 2011. Une création vue comme un aboutissement par la chorégraphe québécoise qui, avec six courtes pièces et deux œuvres longues à son actif, tend à devenir une figure de la danse contemporaine. Dans « L’invasion du vide » en 2009 et  « la deuxième porte à gauche » on a vu réellement s’exprimer avec force les malaises intérieurs des individus. Dans « Je suis un autre », on observe se jouer la contradiction entre les corps et l’âme des personnages, la multiplicité qui compose la personne humaine le tout exprimé avec une grande subtilité. Dans l’ensemble, les œuvres artistiques de Catherine Gaudet expriment de diverses manières les relations humaines. L’être humain face à lui-même, aux autres, à sa perception et aux malaises du quotidien qui imprègnent sa personnalité.

"Je suis un autre" de Catherine Baudet
"Je suis un autre" de Catherine Baudet

Pour l’interprétation, elle fait appel à Caroline Gravel qui s’est associé à plusieurs chorégraphes précédemment comme Frédérick Gravel, Karine Denault, Jean-Sébastien Lourdais, la Compagnie de la Tourmente/Marie-Julie Asselin ou Daniel Léveillé et Dany Desjardins qu’on a pu retrouver dans des pièces comme « On air » en 2010 et pose un regard sur l’homme hostile aux incontournables imperfections de la nature et la pièce Pow Wow.

Comme on peut s’en apercevoir sur la scène, la complicité qui unit les danseurs Caroline Gravel et Dany Desjardins a débuté lors de leur collaborations multiples dans le cadre d’un travail pour le mémoire de maitrise de la chorégraphe Catherine Gaudet.

Le point de liaison de ces trois principaux protagonistes est donc le lieu de leur formation à l’UQAM et leurs recherches personnelles sur la perception humaine et la question du langage du corps comme expression du Moi intérieur.

 

 

Première mondiale "Je suis un autre"
Première mondiale "Je suis un autre"

« Ma vie a un petit arrière-goût de confusion. Je ne suis pas ce que je présente au monde. Ce que je veux dire n’a pas de commune mesure avec ce qui sort de ma bouche. Je surveille mes commentaires, je retiens mes gestes, je ne me lance pas spontanément sur l’objet de mon désir et mon corps ne se liquéfie pas lorsque j’essuie l’échec. Je me contiens. Je demeure droit. Souriant. Social. J’ai ma fierté. Mais en dessous, je suis une zone ambiguë et floue, je suis tout et son contraire. Je suis végétal, animal, matière en devenir. Je suis un autre.

Je suis un autre cherche à mettre à jour la multiplicité et l’ambiguïté de l’être qui se cachent sous le vernis des conventions. »

Le spectacle sera joué jusqu’au 7 avril à la Chapelle. Vous pouvez retrouver toutes les informations sur le site web de la structure.

Crédit photos: Julie Artacho