Clap Clap (Chantier du Carrefour de théâtre)

Alexa-Jeanne Dubé et Marie-Philip Lamarche
Alexa-Jeanne Dubé et Marie-Philip Lamarche

Dans le cadre de ce 13e carrefour international de théâtre, et pour la 5e année consécutive, les chantiers – constructions artistiques présentent 9 projets, du 1er au 9 juin 2012, sous forme de lectures, laboratoires ou performances, où le public est convié à donner ses impressions, à participer à une discussion qui permettra ensuite à l’équipe de création de faire évoluer et finaliser leur œuvre.

À l’exception d’un, tous les spectacles sont présentés à Premier Acte (870, De Salaberry). Ces chantiers sont une initiative de tectoniK – compagnie de création, en collaboration avec Première Ovation et appuyé par le Carrefour international de théâtre et Premier Acte. Une contribution volontaire est grandement appréciée (montant suggéré de 10 $, à déposer dans le petit camion à l’entrée de la salle).

Cette fois-ci c’est une Production du Théâtre à Deux qui nous arrive de Montréal, avec des comédiennes très talentueuses, qui nous présentent Clap Clap. Cette pièce a déjà été présentée à l’Espace 4001 à Montréal du 15 février au 3 mars 2012.

Clap Clap, c’est la rencontre entre deux femmes. Deux femmes dont on ne sait rien et dont on ne connaîtra rien d’autre que cet affrontement dur, animal, où très vite un rapport de dominé/dominant s’installe. Dès leur entrée en scène, les deux femmes se battent pour leur territoire. Une lutte qui en mène une à vouloir noyer l’autre, et qui ne détermine pas de gagnante. Remise de cette tentative de noyade, elle utilise alors sa parole pour prendre le dessus. Elle semble avoir du mal à aimer, comme si son univers affectif était un territoire gardé sous haute surveillance.

Dès lors, Marie-Philip accepte de jouer à la dominée dans le but avoué de pénétrer ce fameux territoire. Se rapprochant d’Alexa, par des jeux, par le sexe, par l’oubli de soi, elle lui touchera peut-être un peu. Faut voir comment Alexa répondra.

Cette pièce, bien qu’elle soit courte (tout au plus 45 minutes), ne peut laisser personne indifférent. Pour résumer en trois mots, je dirais : Charge émotive intense! Voilà ce que l’on ressent comme spectateur d’une telle pièce.

Clap Clap
Clap Clap

Dans un décor totalement blanc (une toile couvre entièrement la scène, du plancher et du plafond), avec comme seuls objets supplémentaires une baignoire sur roulettes remplie d’eau et un boyau d’arrosage, on assiste à un match de lutte de pouvoir entre ces deux jeunes femmes toutes deux vêtues de blanc qui devient transparent au contact de l’eau. Tout est aseptisé. On laisse toute la place à l’émotion, à la performance.

Et quelle performance! Ces deux jeunes actrices se donnent à fond, physiquement et émotionnellement! Dans des chorégraphies très brutes, qui alternent claques et caresses, bousculades et embrassades, le public suffoque de les voir s’affronter, puis éprouve un malaise d’être témoin d’autant de proximité, d’intimité entre ces deux êtres.

On nous propose ici un texte épuré, jouant sur plusieurs niveaux de langage, autant par sa sonorité, sa syntaxe que son débit. Accompagné parfois de musique électronique agressante, le texte, tel un rap ou un vers poétique à répétition finit par ressembler à une incantation, une formule magique pour tenter d’amadouer l’autre, de le convaincre, de l’apprivoiser.

À plusieurs moments, je me suis sentie prise au milieu de cette lutte de dominant-dominé et j’avais envie de leur crier d’arrêter de se chamailler. Car on a parfois l’impression qu’elles sont comme des enfants qui s’aiment, mais se tiraillent, ou comme un humain et son chien, son animal de compagnie. Elles tentent de dompter la bête qui sommeille en l’autre et en devenir son maître. Elles alternent entre la dépendance à l’autre, le besoin d’affection et la recherche de liberté, d’indépendance.

Il est certain que cette pièce dérange, agresse et agace. De les voir se tirer les cheveux, s’arroser en plein visage, tente de se noyer, puis de les voir s’enlacer comme si leur vie dépendait de l’autre… ouf! C’est insupportable.

Et de les entendre se répéter « Je ne t’aime plus… » en diverses intonations à répétition… ou bien « prends-moi la main..» pendant que l’autre répète doucement «hum…» comme si elle ne l’entendait pas… cela devient tellement dérangeant.

Clap Clap
Clap Clap

Si bien que lorsque la pièce se termine, le public est épuisé, vidé et soulagé que cette charge émotive retombe à néant. Magnifique performance des deux jeunes femmes!

Texte, mise en scène Gabriel Plante
Avec Alexa-Jeanne Dubé et Marie-Philip Lamarche

Mouvements : Mélanie Demers

Costumes : Chloé Alain-Gendreau

Musique Originale : Pascal Asselin (Millimetrik)

Régie, éclairage : Genenviève Côté

Direction de production : Gabriel Plante

Graphisme, décors : Joël Desmarais

Présenté à Premier Acte. (durée 45 minutes)

Samedi 2 juin / 21 h
Dimanche 3 juin / 15 h

http://www.premieracte.ca/

http://www.carrefourtheatre.qc.ca/

http://www.premiereovation.com/

crédit photos : Gracieuseté du Carrefour International de Théâtre.