Vu d’ici, un cri de révolte

Vu d’ici

 

Du théâtre de performance comme dans Art de performance. Créer l’inconfort et provoquer la réflexion. C’est ce que Jocelyn Pelletier nous offre, seul sur scène pendant 90 minutes, dans une mise en scène de Christian Lapointe. Vu d’ici est une adaptation d’un roman de Mathieu Arseneault.

Et ça transpire le livresque. Le spectateur doit être prêt à se faire assaillir par une orgie de mots, une diarrhée d’idées, le tout livré à une vitesse supersonique. Grand V.

Le personnage, Jocelyn de la banlieue, réalise les effets néfastes que la société de consommation a sur lui. Les valeurs communiquées via la télévision, à laquelle il semble être soudé, l’aliène complètement de lui-même. De son moi profond. Il assiste à sa propre déshumanisation. Il en devient coupé de l’autre. Il ne vit que le nez collé à son nombril. Il s’empiffre, mais ne se comprend plus. Il sent cette dissociation entre les vraies valeurs et les valeurs artificielles véhiculées par le petit écran. Il se sent sale et il salit son environnement immédiat. Pour s’en sortir il fait appel à l’insurrection. Une espèce de printemps érable. Le carré rouge sur scène. D’ailleurs, c’est lors d’une manifestation qu’il va se retrouver et rencontrer l’amour qui va le sauver.

Il n’est pas facile de porter un jugement sur une telle pièce de théâtre.  Disons que le comédien s’en tire pas trop mal malgré l’énorme difficulté de rendre un texte touffu et de meubler la scène d’une présence charismatique. Il faut quand même être admiratif devant un comédien qui tient la scène, seul, pendant une heure et demi. La mise en scène est faite pour déranger le spectateur. Plusieurs effets sont efficaces.

Ce qu’il faut en retenir? Une phrase qui arrive presque à la toute fin : « …il n’y a plus de saisons, que des cycles économiques ».

La pièce est présentée jusqu’au 1er septembre à la salle Multi de la coopérative Méduse à compter de 20 h. Billets en vente sur www.leponitdevente.com

Texte : Mathieu Arsenault/ Mise en scène : Christian Lapointe/  interprétation : Jocelyn Pelletier.

Une production du Théâtre Péril en codiffusion avec les Productions Recto-Verso.

photo: courtoisie