Rencontre au sommet avec Émilie Guimond-Bélanger de Québec Solidaire

Émilie Guimond-Bélanger de Québec Solidaire
Émilie Guimond-Bélanger de Québec Solidaire

Alors que le sort du Québec se jouera demain, j’ai eu la chance de m’entretenir en privé avec Émilie Guimond-Bélanger, candidate dans la circonscription Jean-Talon pour Québec Solidaire. Voici un aperçu des propos recueillis lors de cette rencontre tout à fait enrichissante.

IC : Qu’est-ce qui vous a amené en politique alors que vos études se sont concentrées dans le domaine du travail social?

EGB : mes parents ont toujours été très politisés. Comme bien d’autres Québécois, ils avaient une idée toute faite de pour qui on devait voter, et c’était le PQ qui était leur choix. Ma mère était aussi attachée politique, alors j’ai grandi en reconnaissant l’importance de la politique dans nos vies. Rendue à l’université, je me suis engagée dans les associations étudiantes, et j’ai aussi décidé de m’investir dans l’association locale de Québec Solidaire après un discours d’Amir Khadir qui m’a profondément touchée. À partir de ce moment, j’ai su que l’idéologie de ce parti était en ligne avec mes aspirations. Fortement impliquée dans l’association locale, on m’a offert de me présenter aux élections provinciales de 2008 en Beauce. Bien entendu, la stratégie à ce moment était de proposer des alternatives aux partis « incrustés » et de faire connaître Québec Solidaire à un plus grand nombre. J’en ai appris plus sur les mécanismes électoraux et cela a conforté mon choix de faire valoir mes idées comme candidate.

IC : Et cette année, vous vous trouvez à représenter Québec Solidaire dans la circonscripion Jean-Talon, avec des adversaires de taille comme Yves Bolduc, député libéral sortant… cela représente un gros défi!

EGB : Oui, mais en même temps, je me retrouve dans mon milieu puisque c’est la circonscription qui inclut le campus de l’Université Laval où j’ai participé intensément à plusieurs activités ces dernières années, en plus d’y étudier. J’ai participé à des débats aux Cégep de Sainte-Foy et au Cégep Garneau, ainsi qu’à l’université, sans jamais croiser monsieur Bolduc. J’aurais bien aimé le rencontrer pour discuter de nos points de vue, mais nous n’en avons pas eu l’occasion.

IC : Votre capital de sympathie dans la circonscription est assez élevé?

EGB : Comme j’ai travaillé fort et je me suis impliquée énormément dans la vie étudiante, c’est entendu que je suis connue. Cependant, comme les élections se tiennent juste avant la rentrée universitaire, ma campagne sur le campus n’a pas été aussi efficace que je l’avais escompté… en faisant les élections au début de l’année scolaire, les libéraux ont réussi à utiliser les vacances d’été à leur avantage en diluant la cohésion étudiante qui s’était construite au printemps dernier. Les candidats qui espéraient chercher l’appui des étudiants cet été ont donc vu leurs chances diminuer. Ceci dit, je n’ai pas limité mes démarches auprès des étudiants seulement… J’ai aussi rencontré le public sur les promenades Champlain, sur Maguire et le chemin Saint-Louis, et j’ai aussi rencontré les gens de la Coalition pour le patrimoine historique de Sillery.

IC : Puisque nous sommes un magazine culturel, parlez-moi de votre plateforme électorale pour la culture…

EGB : Pour Québec Solidaire, la culture passe par la mise en valeur de la langue française. Pour les immigrants, nous désirons que la langue de travail reste le français plutôt que l’anglais, à l’inverse de la tendance qu’on retrouve actuellement à Montréal. Bien entendu, nous voulons aussi favoriser la culture émergente et les artistes en proposant, entre autres, la participation à quatre manifestations artistiques par année aux élèves du primaire et du secondaire, et en décloisonnant les châteaux forts culturels des métropoles pour favoriser l’émancipation d’une culture plus locale. Nous désirons aussi aider les petites librairies en proposant un prix fixe pour les livres afin d’éviter la concurrence déloyale de la part des magasins à grande surface qui peuvent vendre les livres à perte pour attirer des clients.

IC : votre programme de parti propose une approche socialiste et le partage de la richesse des grandes entreprises et des mieux nantis. Ceci me semble une démarche périlleuse, considérant le monde politique tel qu’on le connait aujourd’hui…

EGB : oui, cela est un défi de grande taille, et ce défi rejoint notre slogan de campagne. Debout… debout devant les abus du lobbying… debout devant la corruption. on ne veut plus que le Québec se plie aux attentes des riches, des banques et des compagnies qui s’enrichissent avec nos matières premières et nos capitaux, on veut que le Québec soit à l’écoute des besoins de ses communautés et que nous arrivions à augmenter la qualité de vie des gens dans le besoin, sans saigner à blanc les riches. Nous croyons que c’est possible, dans une perspective de développement durable.

IC : J’aime bien votre idéal de rassembler les gens pour leur redonner le pouvoir. Cependant, je trouve contradictoire que vous prôniez la souveraineté. Il me semble que c’est à contrecourant du mouvement de mondialisation actuel ?

EGB : en effet, cela peut sembler contradictoire, mais comme nous visons justement à remettre le pouvoir dans les mains des Québécois dans une vraie démocratie, cela passe nécessairement par la souveraineté. Le fédéralisme proposé par les Conservateurs ne répond pas aux besoins des Québécois. Notre voix ne se fait pas entendre au Canada, et il se passe énormément de choses qui ont une influence directe sur ce qui se passe au Québec, alors que nous ne pouvons rien faire d’un point de vue décisionnel.  Les choses ne vont pas en s’améliorant. Nous sommes une province riche, et nous devons reprendre le contrôle de nos richesses.

IC : en terminant, projetons-nous à la soirée du mardi 4 septembre, après la fin du dépouillement des votes…

EGB : je suis très nerveuse et excitée ! Nous avons gagné 5 circonscriptions, et Françoise David est élue dans Gouin. Notre campagne électorale aura aussi été une campagne de sensibilisation au fait que les choses peuvent changer, et notre voix se fera entendre en Chambre dès la rentrée parlementaire.  J’ai performé au-delà de mes attentes dans mon comté, et j’entends poursuivre en politique pour que nous reprenions possession de ce qui nous appartient, que ce soit nos richesses naturelles, notre culture et notre dignité, à tous!

Crédit photo: Yannick Lepage

Site Officiel de Québec Solidaire