Après avoir connu un grand succès avec cette pièce au Carrefour International de théâtre au printemps dernier, voilà que Michel Nadeau revient avec Angoisse cosmique ou Le jour où Brad Pitt fut atteint de paranoïa, dès le 23 octobre au Théâtre Périscope.
Cette comédie ironique créée par Christian Lollike et mise au jour par le metteur en scène Michel Nadeau du Théâtre Niveau Parking aborde le thème de l’environnement. Sa situation initiale est bien simple: Deux hommes (Hugues Frenette, Emmanuel Bédard) et une femme (Claude Breton-Potvin), fin vingtaine, début trentaine, regardent un reportage sur l’état inquiétant de la planète et se demandent ce qu’ils peuvent faire. Est-ce le temps de mettre des ampoules fluocompactes et de baisser son thermostat quand c’est l’apocalypse? Ou bien faut-il devenir écoterroriste sur un quelconque baleinier? Et puis surgit l’idée: Brad Pitt, lui, pourrait faire quelque chose. C’est un artiste engagé, il est connu internationalement; lui et Hollywood pourraient faire LE film qui éveillera les consciences: «Save the planet Earth!» Ainsi, à tour de rôle, les trois personnages endosseront la perruque et le rôle de Brad Pitt pour voir comment lui, pourrait changer le cours des évènements.
Ainsi, cette histoire, qui n’en est pas vraiment une, ces personnages qui auraient pu être n’importe qui d’autre en fait, ne sont là que pour servir la prémisse du discours suivant : L’environnement, l’écologie, le mauvais état de la terre et les émotions qu’ils engendrent chez l’humain lorsqu’il est confronté à ce discours et cet état de situation alarmant… l’inquiétude, l’angoisse, la paranoïa, le cynisme.
C’est par l’utilisation du multimédia et de la comédie que cette pièce tente de nous parler de ce sujet de l’heure, l’environnement et ses changements climatiques. Ainsi, avec de la musique à propos, et à l’aide de deux écrans plats géants manipulés sans manette, comme avec le système de jeu Kinect de xbox, on nous présente des vidéos qu’ils filment live avec une petite caméra, des reportages, des extraits télés, souvent traduits de l’anglais (comme Une vérité qui dérange, le célèbre documentaire d’Al Gore) pour nous présenter toutes sortes de réalités environnementales. Cette portion documentaire rappelle au public que bien qu’on soit au théâtre, on parle d’une réalité bien palpable, bien dramatique. Et tout comme ces personnages sur scène, le public se sent alors interpellé par les extraits qu’il voit. Et par moment, je dirais même que l’angoisse n’atteint pas seulement les personnages, mais le public également.
Donc, lorsque le propos devient trop lourd ou trop angoissant, Michel Nadeau a eu la brillante idée d’intercaler des pauses au spectacle. Ainsi, sans prévenir, les lumières se rallument et les personnages sortent de leur rôle pour prendre une pause pour lire leurs courriels, prendre une grignotine et ainsi détendre l’atmosphère. Cela déstabilise le spectateur et ramène le sourire sur les lèvres.
En plus du dynamisme créé par les images et la musique, cette pièce est remplie d’accessoires, perruques, chapeaux, pour bien illustrer leur propos. Ils vont également au micro à tour de rôle pour commenter une situation ou narrer la scène qui est jouée devant public, donnant à nouveau une dimension plus documentaire que fiction à leur pièce.
Bien que ce soit une comédie et qu’il y a quelques situations comiques, l’atmosphère est plus souvent réglée sur le drame et le cynisme. Il est important de souligner le travail exceptionnel des trois comédiens. Tour à tour, ils incarnent Brad Pitt, tandis que les deux autres sont complices de ce que «Brad» tente d’accomplir. Ils interprètent divers personnages pour les besoins de la cause, manipulent la caméra, le micro et les accessoires au gré de ce qu’ils veulent raconter. Il y a une grande écoute, entraide et intimité qui est créée entre ces personnages et c’est beau de les voir travailler ensemble. Je pense qu’au-delà du message de la pièce et le flot d’information qui nous est transmise, c’est le jeu des comédiens qui nous stimule. Et je dois donner une mention spéciale pour le vidéo de la fin de la pièce qui nous présente la terre de sa naissance jusqu’à sa possible destruction, en images, en une ou deux minutes. C’est hallucinant et fascinant.