Patrice Chéreau vient présenter sur la scène du Théâtre du Nouveau Monde, le récit autobiographique de l’auteur français Pierre Guyotat: COMA. Pour la première fois à Montréal, Patrice Chéreau nous convie à un rendez-vous marquant qu’on peut même qualifier de l’événement théâtral incontournable de l’automne. Du 30 Octobre au 04 Novembre, pour sept représentations seulement, voir et écouter Chéreau porter le texte de Guyotat est une véritable rencontre entre deux très grands artistes.
Jusqu’à présent, nous connaissions Patrice Chéreau comme metteur en scène dans le théâtre, l’opéra et le cinéma. Son œuvre la plus populaire est, sans aucun doute, La Reine Margot avec Isabelle Adjani, Daniel Auteuil et Vincent Pérez. Depuis quelque temps, Patrice Chéreau a eu le désir de faire découvrir des auteurs peu connus par le grand public tels que Dostoïevski, Hervé Guibert, Marguerite Duras et Pierre Guyotat. La lecture de Coma n’a été présentée que quelques fois jusqu’à maintenant.
Un texte, un corps et une voix. C’est pur et poignant. Raconter une histoire et porter une parole. Ce qui est impressionnant, c’est Patrice Chéreau même. Il ne lit pas, il vit le texte. À un moment donné, on n’est plus spectateur, on est dans la tête et le corps de l’acteur. Le texte lui passe littéralement à travers le corps.
Guyotat, cet auteur contemporain, a toujours occupé une place à part… Loin des médias, il provoque un véritable scandale dans la société française à la parution, en 1967, de Tombeau pour cinq cent mille soldats: un livre où prédominent le sexe, la mort et la guerre sur un fond qui rappelle fortement l’Algérie. On associe Guyotat à un militant ayant des convictions politiques de gauche, engagé solidaire auprès des comités de soldats, des immigrés et des prostituées. Écrivain sans compromis et incapable de concession, Guyotat mène un travail de recherche sur la langue, qu’il « débarrasse de tout ce qui est inutile », qu’il libère de ses entraves et de ses conventions. En 1981, épuisé par l’écriture et la dépression, l’écrivain tombe dans le coma. Le récit du même nom relate la traversée qui l’a mené « jusqu’au bord de la mort ».
Une mosaïque de souvenirs, de rêves et de rencontres, Coma raconte la crise existentielle et artistique que Guyotat a traversé dans la période 1977 à 1981. Il y dépeint un lien organique avec l’écriture qui va jusqu’à l’oubli de soi, au-delà des limites.
Le texte est bouleversant, intime et universel. Tout comme l’interprétation de Patrice Chéreau.
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Crédit photos: Ros Ribas et Pascal Victor
