L’affaire Jean-Louis Roux

L’affaire Jean-Louis Roux

Historien, journaliste, pamphlétaire tous ces titres conviennent à Yves Lavertu  dans son essai L’affaire Jean-Louis Roux. Selon l’auteur une grave, très grave injustice a été commise envers Jean-Louis Roux alors qu’en 1996 les élites québécoises se sont liguées pour dépouiller Jean-Louis Roux de son titre et de sa fonction de Lieutenant-gouverneur de la province de Québec. Seulement un mois et demi après avoir été assermenté. Le prétexte? D’avoir supposément pris parti  pour les fascistes allemands lors de la deuxième grande guerre mondiale en dessinant un svastika sur la manche de son sarreau alors qu’il était étudiant à l’Université de Montréal en 1942.

La grande question est de savoir si l’attitude de Jean-Louis Roux était un cas isolé, un trait culturel des Québécois en général ou la pensée profonde des membres de l’élite intellectuelle du temps. Est-ce que le nationalisme québécois était sous-tendu par un clérico-fascisme à penchant totalitaire qui présentait les Franco, Salazar, Hitler et compagnie comme des sauveurs de peuples? Ce qui atténuerait le geste de Jean-Louis Roux pour cause d’influences subies en son temps.

Qu’est-ce que le fascisme, le nazisme, le totalitarisme, l’antisémitisme, le cléricalisme et tutti quanti, tous concepts que l’on peut soupçonner d’être plus ou moins bien compris par les citoyens pas très  instruits de l’époque. Mais qu’en était-il de Jean-Louis Roux jeune étudiant  en médecine? Son geste provocateur peut-il être excusé pour cause d’incompréhension, d’ignorance?  La réponse n’est pas évidente. Et il n’est pas certain que Yves Lavertu y réponde clairement dans son essai.

Cet essai relève plus du redresseur de torts que du journaliste. Ce qui est fort louable par ailleurs. Ce livre, dont les trois-quarts servent à définir la société québécoise des années quarante, met justement en évidence l’influence énorme, quasi unidimensionnelle, de l’église catholique sur ses résidents. Et lorsqu’un organisme religieux exerce autant d’influence il n’est pas étonnant que la société soit un terreau fertile pour tout genre d’autoritarisme.

Deux choses sur lesquelles l’auteur passe un peu rapidement pour expliquer la réaction du grand public et l’attitude de l’intelligentsia  vis-à-vis Jean-Louis Roux. Dans un premier temps, Jean-Louis Roux était considéré comme insolent, pédant à la limite de la suffisance et dans un deuxième temps, la société québécoise sortait tout juste d’un deuxième référendum sur son avenir politique dont les résultats avaient été on ne peut plus serrés en même temps que le Parti Québécois était au pouvoir.

Ce lynchage de Jean-Louis Roux ressemble étrangement à celui qu’à vécu Jacques Parizeau. Dans les deux cas, leur démission s’est faite rapidement et dans l’opprobre.

 

À lire pour mieux comprendre notre société.

 

 Au début du mois de novembre 1996, les Québécois apprennent que leur nouveau lieutenant-gouverneur général, le comédien bien connu Jean-Louis Roux, a arboré une croix gammée dans sa jeunesse au cour de la guerre contre Hitler et le nazisme. Aussitôt, une tempête éclate autour du passé de Roux, ce qui va le conduire dans les jours qui suivent à démissionner.
Destiné au grand public, ce livre expose les mécanismes d’une campagne de désinformation, celle qui s’est exprimée à l’occasion de ce scandale dont tout le monde à l’époque, au Québec et dans le reste du Canada, a entendu parler. Par une reconstitution heure par heure de ces journées de fièvre et par un retour sur les épisodes du passé qui posent questions, l’ouvrage montre que l’affaire Roux a été le révélateur de problèmes de mémoire importants au sein de la société québécoise à propos de plusieurs thèmes liés à la Seconde Guerre mondiale, autant de facettes qui demeurent encore aujourd’hui des sujets tabous.

pour commander:

http://www.ruedeslibraires.com/livres/affaire-jean-louis-roux-lynchage-autour-289141.html/62145f532184e4fa172b3417958789ab6ceca1d0cf0dbc212b5e7ad8d52c1a071a97bf36b5d5f2e2325a6bb17d3a9e0fd159b105c7492c350d31714ef36e3c39/?u=4850

Yves Lavertu

 

Yves Lavertu est historien et journaliste. Il consacre ses recherches aux années 1930 et 1940 au Québec. Il est l’auteur, entre autres, d’une enquête sur le criminel de guerre Jacques de Bernnonville et d’une vie du journaliste antifasciste Jean-Charles Harvey, biographie pour laquelle il a été finaliste au Prix du Gouverneur général du Canada.

 

 

Nombre de pages : 288

Prix suggéré : 24,95 $

Info : yves.lavertu@sympatico.ca