Chez ma grosse truie chérie : un plaisir coupable … parce que cochon

Vue extérieure du restaurant
Vue extérieure du restaurant

Comment ne pas entreprendre cette chronique sans vous parler de l’énorme coup de foudre que nous avons eu en mettant les pieds Chez ma grosse truie chérie!  Déjà le nom avait eu un effet … bœuf! Pour tout dire, lorsque j’ai annoncé à mon entourage que nous allions nous mettre à table au restaurant Chez ma grosse truie chérie pour cette chronique gourmande, on a tendu l’oreille croyant mal entendre! Il a fallu répéter.

L’appellation courageuse et burlesque de ce restaurant qui a connu quelque résistance auprès du registraire des entreprises au départ, né en juillet 2010, est avant tout un coup de génie et de marketing pour son propriétaire Harold Côté, un homme d’affaires audacieux, généreux et surtout visionnaire de Saint-Gédéon au Lac Saint-Jean, qui a misé juste si on en croit le restaurant plein à craquer dont nous avons été témoin en ce samedi soir.

Le plateau de table en plancher de salle de quille
Le plateau de table en plancher de salle de quille

La reine écarlate
Situé à l’angle des rues Papineau et Ontario, un coin jadis plutôt vilain du quartier Centre-Sud, abritant commerces de piercings, prêteurs sur gage, cambuses à poutine et piaules funestes, est aussi entouré d’une faune urbaine plutôt délinquante. Tout comme le Temple Bar à Dublin qui avait frappé l’imaginaire de M. Côté, Chez ma grosse truie chérie trône sur un coin en reine écarlate, là où circulent 110,000 automobiles par jour direction Pont Jacques-Cartier, la rue la plus achalandée de Montréal. Un bon départ..

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Le jarret de porcelet sur polenta
Le jarret de porcelet sur polenta

La nouba et le cocooning
Mais pour mon compagnon et moi, le meilleur restait à venir dans cet établissement, un des rares restaurants à Montréal qui soit certifié Table aux saveurs du terroir.  Un lieu à l’ambiance métallique, conviviale, festive et qui prête à la nouba surtout dans la grande salle où les tables hautes vous scotcheront à votre tabouret pendant de longues heures de plaisirs, c’est garanti! Pour les soirées cocooning avec votre beau ou votre belle, l’éclairage feutré et les tables basses de la salle L’Effet bœuf est tout indiqué. Puis, pour pousser plus loin l’atmosphère sensuelle, certains planchers reproduisent les trottoirs en mosaïque de Rio de Janeiro. La différence est dans le détail, nous dira M. Harold.

L’éco-responsable
Bâti grâce à l’inventivité inépuisable du capitaine de ce navire de 180 convives, le décor actuel du resto de Monsieur Côté est essentiellement fait de recyclage. Tandis qu’en Europe la récupération est facilement accessible, au Québec à tout le moins, nous serions 25 ans en retard sur notre mission éco-responsable! Harold Côté s’est donc retrouvé à La Tuque dans une salle de quilles qui fermait les portes : il y a rapporté les planchers qui sont devenus les plateaux des tables. Des cours à scrap, il a récupéré des luminaires laissés pour compte par Hydro-Québec, des tables d’ateliers provenant de mines et d’industries, un gros spot de navire échoué à Sorel et des fenêtres de Polytechnique. Tout ce qui est vaisselle, ustensiles et une grande partie des casseroles provient de feu le Restaurant Hélène-de-Champlain sur l’Ile Sainte-Hélène. Après tout, «Pourquoi  faire simple quand on peut faire compliqué?» dira le volubile propriétaire.

Le surf'n turf
Le surf’n turf

Manger cochon
Mais passons à l’essentiel. D’entrée de jeu, Laurent le maître d’hôtel nous a accueilli avec une flûte de cidre rosé des Vergers de la Colline, savoureux en bouche, qui annonçait déjà que nous passerions une excellente soirée. La planche d’huîtres accompagnée des tartares de bœuf coupé au couteau et de saumon frais au sésame, le parfait de foie gras avec sa gelée de bleuets au porto et le beurre de pacanes allaient briser la glace et libérer nos papilles gustatives! Le grand coup est arrivé avec le jarret de porcelet, le surf’n’turf et quelques côtés levées pour la dégustation.

Braisé pendant toute une nuit dans les cuisines du restaurant, le jarret avait perdu son gras et fondait en bouche m’assure mon compagnon. Il reposait sur un nid de polenta au vieux Cheddar entouré de légumes de saison. Le surf’n turf composé d’un steak d’entrecôte et de pétoncles géants fumés, arrosés de caramel de balsamique blanc et de sirop d’érable sur polenta étaient à points et très goûteux. Quant aux côtes levées, cuites pendant 8 heures, elles se détachaient si facilement que le couteau était inutile. Ces plats ont été accompagnés de vins choisis sur une carte élaborée pour tous les goûts, au verre ou à la bouteille. Inutile de dire que les plats de porc et porcelet sont variés sur la carte.

Le florilège
Mais le menu de la Truie est aussi riche d’autres trouvailles dont le veau, l’agneau, le faisan, le lapin et le magret de canard rôti pour ce qui est des bêtes. Pour quiconque serait frileux devant autant de viande, il y a les moules frites, et pour les végétariens, un plat de gnocci, sauce tomate. On prend également soin d’indiquer s’il y a gluten ou lactose dans les plats. Pour le numéro final, nous avons eu droit à un florilège de sorbets tous aussi rafraîchissants les uns que les autres.

Harold Côté le propriétaire de Chez ma grosse truie chérie
Harold Côté le propriétaire de Chez ma grosse truie chérie

Pour Harold Côté, qui fait aussi rouler l’Auberge Les bons matins au centre-ville de Montréal et l’Innbetween dans le centre-sud, on peut dire mission accomplie tant du point de vue de sa cuisine succulente, que de son décor ingénieux, mais aussi de sa participation à la revitalisation du quartier. Même Arhoma, un célèbre boulanger est venu s’installer en face de chez lui pour l’approvisionner!

Chez ma grosse truie chérie
1801, rue Ontario est
Montréal, Qc
514-522-8784

Auberge Les Bons Matins

Appartements Hôtels Innbetween

crédit photos: Jean Beaunoyer et courtoisie du restaurant