Rock of Ages: une comédie musicale explosive sur les années 80

La distribution de Rock of Ages

La comédie musicale Rock of Ages ravira tous les gens qui ont grandi sur les musiques des années 80. Tous les clichés et les succès de ces années y sont repris, avec des musiques de Styx, Journey, Bon Jovi, Whitesnake, Poison, Pat Benatar, Twisted Sister, Foreigner, et plusieurs autres.  Sur une histoire écrite par Chris D’Arienzo.  D’abord un simple spectacle monté en 2005 à Los Angeles, une histoire et une mise en scène élaborée s’y sont greffées pour en faire une grosse comédie musicale sur Broadway en 2009.  Repris à Toronto en 2010-2011, puis une autre équipe est partie en tournée en Amérique du nord. C’est cette dernière version avec la même mise en scène Broadway qui s’arrête au théâtre St-Denis du 26 février au 3 mars 2013. À ne pas confondre avec le film de 2012 qui n’a pas connu le succès et comporte plusieurs différences.

Sherry et Drew dans Rock of Ages
Sherry et Drew dans Rock of Ages

L’histoire raconte la rencontre d’un musicien méconnu (Drew) et d’une jeune fille (Sherry) qui arrivent à Hollywood pour y faire carrière en 1987. Travaillant tous les deux dans un club rock du Sunset Strip à Los Angeles, leur histoire d’amour se développe tout au long d’une intrigue sur la survie du club rock et les tentatives de le sauver. Un concert du groupe de Stacee Jaxx pour sauver le club est un point tournant de l’intrigue qui complique l’idylle amoureuse. Le tout se terminera sur une bonne note comme toutes les histoires d’Hollywood. Chaque scène de l’histoire est un prétexte pour introduire un hit musical des années 80, de sorte que les bons numéros musicaux s’enchaînent à un rythme effarant.  Le seul hit qui n’est pas joué ironiquement est « Rock of Ages » de Def Leppard car les droits d’auteur leur a été refusé.

Chapeau à Evenko de nous amener plusieurs fois l’an un spectacle de tournée nord-américaine de qualité à Montréal. Mardi, soir de première, le Théâtre St-Denis 1 était survolté et le public en a eu pour son argent. Malgré un début lent jusqu’à la moitié du premier acte, l’histoire et les chansons se sont ensuite enchaînées à un rythme fou. Succès après succès, il était difficile de ne pas taper du pied. La scénographie, les chorégraphies, les éclairages, tout y était pour nous en mettre plein la vue. La mise en scène est assez directe et classique, drôle par ses petits détails et surtout quand le narrateur fait tomber le quatrième mur et implique la salle directement dans l’histoire. Quand à la fin, il s’adresse à Drew pour lui dire qu’il est dans une comédie musicale qui s’appelle Rock of Ages et qu’il faudrait que ça se termine bien, on y croit! D’ailleurs une des forces est le sens du punch et le jeu rythmé de l’acteur qui fait le narrateur, Justin Colombo. C’est un spectacle à lui tout seul, sans compter qu’il a la voix pour faire du rock.

Stacee Jaxx de Rock of Ages

L’histoire est simple et un peu tiré par les cheveux, mais c’est le resultat d’avoir réussi à insérer autant de chansons à succès tous reliés ensemble par un fil conducteur.  C’est très cliché, mais ça fonctionne très bien pour ce style plein d’humour et d’autodérision.  On a agrémenté le tout de plusieurs effets surprises (surtout à la fin) que je vais taire pour ne pas gâter votre plaisir. Les acteurs-chanteurs sont en général bons à très bons. À souligner le talent de celle qui joue Justice, Amma Osei, une afro-américaine new-yorkaise à la voix chaude et puissante qui se démarque à chaque apparition, et les deux résidents du club, joués par Justin Colombo et Jacob L. Smith, qui ont une excellente présence et de belles voix rock. Il ne faut pas oublier Universo Pereira qui joue Stacee Jaxx, la vedette déchue, qui nous y fait croire grâce à son jeu et à sa voix solide. Seul bémol de la distribution est Shannon Mullen dans le rôle de Sherrie, qui a beau avoir un bon jeu et une belle voix quand elle pousse, mais qui a de la difficulté avec la justesse de ses notes quand elle chante les passages doux. Celui qui joue le jeune Drew, Dominique Scott, a une belle voix et un visage d’ange, une belle présence, mais on sent qu’il est moins expérimenté que les autres à l’occasion. À noter le jeu et une belle présence vocalement de Stephen Michael Kane qui joue Franz, un personnage qui prend une place surprenante à la fin de l’histoire et nous fait bien rire.

Le son du Théâtre St-Denis n’est pas l’idéal pour un son rock car on a de la difficulté à entendre les voix dans certains passages. Mais pour certaines chansons on sent qu’on a donné plus de volume et le spectacle n’en est que meilleur. D’ailleurs il était fréquent de voir les spectateurs taper dans les mains, crier, chanter, et même se lever pour accompagner les chanteurs à la fin du premier acte. Évidemment le numéro de fermeture (Don’t Stop Believin) s’est terminé en apothéose, les 2000 spectateurs du St-Denis sont debout à danser et à taper des mains. Signe que le spectacle en valait le prix.

Les bons coups: suite endiablée de succès des années 80, bonnes voix, chorégraphie, éclairages, scénographie, texte truffé de phrases drôles, orchestre

Les moins bons coups: début un peu lent, parfois on peine à entendre certaines voix, justesse dans les passages doux de Sherrie

Écrit par Chris D’Arienzo, mis en scène de Kristin Hanggi avec des chorégraphies par Kelly Devine.  Un orchestre de 5 musiciens sous la direction de Richard Maheux est excellent.  Avec Dominique Scott (Drew), Shannon Mullen (Sherrie), Justin Colombo (Lonny), Universo Pereira (Stacee Jaxx), Jacob L. Smith (Dennis), Stephen Michael Kane (Franz), Amma Osei (Justice), Phillip Peterson (Hertz), Danny McHugh, Megan McHugh, Judah Frank, Melanie L. Gaskins, Danielle Marie Gonzalez, Joshua Hobbs, Jen Olivares, Chris Sams, Christie Schwartzman, Andrew Sklar.

Présenté en anglais du 26 février au 3 mars (20h tous les soirs sauf le 3 à 19h30, en plus d’une matinée à 14h le samedi et dimanche).  Au Théâtre St-Denis 1 à Montréal, billets 63$ à 93$ sur www.ticketpro.ca

N.B. non recommandé pour les jeunes de moins de 13 ans à cause du langage et des thèmes sexuels explicites.

photo: courtoisie