Vendredi soir le 15 mars, une première est survenu à Québec, soit un concert conjoint des ensembles de musique de chambre Les Violons du Roy de Québec et I Musici de Montréal. Les deux ensembles étaient sous la direction de Jean-Marie Zeitouni, chef de l’ensemble I Musici.
Mentionnons au départ que ce concert état dédié à la mémoire de Yuli Turovsky, chef et fondateur de I Musici qui vient de décéder en janvier dernier.
Le programme du concert était résolument contemporain. Jean-Marie Zeitouni a fait un choix des plus intéressants de compositeurs : Benjamin Britten, Edward Elgar, Ralph Vaughan Williams et Béla Bartok.
D’emblée, le chef impressionne avec une direction inspirée, une palette sonore tellement nuancée constamment. Dès la première œuvre, Simple Symphony, op. 4 de Benjamin Britten, on goûte la symbiose entre les deux ensembles regroupant une trentaine de musiciens. C’est parfait ! On ne peut distinguer les différences entre les musiciens. Il y a lieu de mentionner que maestro Zeitouni connaît bien Les Violons du Roy pour les avoir dirigés comme chef en résidence et premier chef invité de 2001 à 2012. À la direction de I Musici, il y est depuis l’automne dernier. Or, on entend et constate cette entente parfaite et cette confiance complice entre le chef et les musiciens des deux formations. Du Britten, relevons, entre autres, les magnifiques moments expressifs des cordes pincées en pizzicati du deuxième mouvement de cette œuvre.
Introduction et Allegro, op. 47 d’Edward Elgar touche et émeut avec ses passages beaux et très romantiques mettant à l’avant-plan quatre magnifiques solistes de I Musici qui dialoguent avec l’orchestre. Mais la première partie du concert trouvera son moment de grâce avec Fantasia on a Theme by Thomas Tallis du compositeur Ralph Vaughan Williams. Une œuvre toute en nuances et subtilités sonores qui permet à quatre musiciens de Violons du Roy d’échanger entre eux et avec l’orchestre. Une œuvre magnifique rarement jouée au Québec qui a plu manifestement au public du Palais Montcalm, si l’on en juge par les applaudissements nourris et chaleureux avant l’intermission.
La seconde partie du concert nous entraîne vers des sonorités et des images réjouissantes mais parfois nostalgiques. Telles sont les Danses populaires roumaines, SZ 56 du grand compositeur Béla Bartok. Entrain, joies, et musiques nostalgiques témoignent parfaitement de la musique populaire de ces populations roumaines. On y prend un grand plaisir. Notons que Jean-Marie Zeitouni en a signé les arrangements.
Enfin, une des œuvres maîtresses de ce formidable compositeur est Musique pour cordes, percussion et célesta, SZ 106 vient conclure ce riche programme de concert. Le compositeur nous entraîne en des espaces sonores inhabituels, rares, mais tellement riches au plan orchestral. Les cordes des musiciens, le célesta, le piano et la harpe ainsi que les percussions offrent des palettes sonores des plus fascinantes.
Le public tellement enthousiaste en fin de concert amena le chef et les deux formations de plus de 30 musiciens à reprendre une Danse Hongroise.
Ce concert nous confirme encore une fois tout le talent du chef Jean-Marie Zeitouni. Il se situe au service de la musique en allant chercher toutes les dimensions des œuvres présentées et en toute complicité avec ses musiciens. Sa direction tellement musicale respire, silences inclus. Il prend le temps de déployer le sens profond de chacune des œuvres.
Jeune chef québécois très actif, Jean-Marie Zeitouni est chef et directeur artistique de I Musici. De plus, il est directeur musical du Colombus Symphony en Ohio. Au cours de la saison 2013, il dirigera à nouveau les orchestres de Montréal, d’Edmonton, de Calgary ainsi que le Grand Rapids Symphony Orchestra.
Notez que ce concert est repris à Montréal le dimanche 17 mars à 15 h00 à la Maison symphonique de Montréal. C’est une occasion rare pour entendre ces deux ensembles formidables de musique de chambre réunis pour ces moments uniques.
photo: courtoisie
