Revue : Liberté – Ma première  »date »

Revue Liberté - Printemps 2013 (source photo : page facebook Revue Liberté)
Revue Liberté - Printemps 2013 (source photo : page facebook Revue Liberté)
Revue Liberté - Printemps 2013 (source photo : page facebook Revue Liberté)
Revue Liberté – Printemps 2013 (source photo : page facebook Revue Liberté)

– Avez-vous votre carte de fidélité? me demande-t-elle.
– Oui, je l’ai quelque part, attendez que je la trouve.. Merde, pour une fois que j’ai une carte-fidélité pour quelque chose, elle est où dans ce fouillis? Ah pis tant pis, je vais en prendre une autre!
Je paie, je prends ma nouvelle carte tendue par une main sympathique et je sors pour m’en retourner vers mon Laval d’adoption. Partie trop tôt mais néanmoins contente avec mon petit butin.

C’est à titre personnel que je me rendais au lancement du numéro printanier de la revue Liberté, lancement qui a eu lieu hier à la très sympathique librairie Port de tête sur la non moins sympathique avenue Mont-Royal. Sympathique. Vous ai-je dit que c’est sympathique? J’aime cette librairie, j’aime son nom qui rappelle un maintien droit et digne tout comme l’image d’un endroit portuaire où viennent s’amarrer les cerveaux… Port de tête.. Oui, vraiment, c’est joliment trouvé.

Je l’ai connue l’an dernier alors qu’accompagnée d’un Vilain Kiwi je m’y rendais pour un autre lancement, d’un roman celui-là (Lettres crues de Bertrand Laverdure et Pierre Samson, éd. La Mèche). C’est au charme de ses planchers de bois, de la grande sélection des livres traitant des humanités, de l’étalage si simple des nouveautés et de l’absence de tout artifice dérangeant que j’ai succombé. Ça sent bon le livre. Un peu l’odeur d’une vieille bibliothèque mélangée avec l’air urbain. Non, vous n’y trouverez pas de section cadeaux avec des ensembles à thé et autres râpes-à-fromage-à-tête-de-cochon.  On n’est pas chez Archambault ou chez Renaud-Bray, on est dans une librairie, une vraie. On est dans le monde de la littérature, des idées et de la création. Eh oui, il y en a qui apprécie ça, et plusieurs!

Quant à la revue Liberté, je m’y intéresse depuis que des gens ont partagé des extraits qui apparaissaient de plus en plus souvent dans mon fil d’actualité Facebook. Faut bien que ça serve des fois ce qu’on partage là-dessus. Des réflexions profondes sur la société, sur le politique, sur l’actualité et sur le monde des idées présentées sous une écriture recherchée, luxueuse, moi ça me parle. Abonnée depuis à leur page, à chaque nouvelle parution je me jurais d’aller me procurer l’ouvrage. Mais bon… la vie étant ce qu’elle est, la fille étant qui elle est, j’ai eu tendance à remettre plusieurs fois au lendemain. Tellement que trois mois plus tard, un nouveau numéro paraissait sans que je m’eusse procuré le précédent.

Bref.

L’annonce du lancement de leur numéro Printemps 2013 à la librairie Port de tête était pour moi le signe attendu. J’avais maintenant trois raisons de faire le déplacement : l’occasion de flâner dans cette librairie, me procurer l’objet désiré et en rencontrer ses artisans. Des dizaines de personnes s’y sont rendues, les discussions allaient bon train. Malgré ma bonne volonté, je n’ai osé abordé personne, ne sachant pas qui était qui. Je suis étrangère à ce monde (je ne m’en désole pas). Et puis j’y étais à titre personnel, rien n’était prévu avec Info-Culture. Je me suis donc contentée de feuilleter les nouveautés, salivant sur plusieurs titres en attendant la lecture des extraits du nouveau Liberté. J’aurais enfin pu mettre une tête sur des noms que je commence à m’imaginer mythiques mais mon état de femme enceinte me rendant fragile aux attentes prolongées, j’ai pris la précieuse revue et m’en suis allée, à regret.

J’aurais pu feuilleter le beau document, que j’avais fait mettre dans un sac pour le protéger d’éventuelles éclaboussures (je suis comme ça, je prends un soin jaloux des livres et publications), durant le trajet de métro/bus qui m’amenait chez-moi mais je ne suis pas comme ça. Je voulais savourer ma première lecture comme on ne veut pas bâcler un premier rendez-vous. Un peu maniaque mais je ne pourrais faire autrement. Et puis ce 45 minutes d’attente, ça fait apprécier davantage… C’est confortablement installée dans mon vieux sofa à Laval que j’ai tourné la couverture cartonnée, passant consciencieusement mon doigt sur la pliure pour qu’elle soit bien faite, et que j’ai fait ma première rencontre avec Liberté.

Le papier est doux sous les doigts car ses pages ne sont pas glacées comme celles d’un magazine à potins. La mise en page est sobre et accueillante, classique avec un petit côté rétro, peut-être dû aux couleurs à mille lieues des coloris criards auxquels nous sommes soumis d’ordinaire. Je ne prétends pas m’y connaître outre-mesure, surtout pas refléter l’opinion autre que la mienne, mais il y a quelque chose de réconfortant dans la facture de cette revue. C’est chaleureux, si je peux dire comme ça.

Ce serait le moment de parler du contenu. Ce qui est un peu malaisant car, de niveau nettement supérieur de ce à quoi on est habitués (je parle du lectorat ordinaire, dont je fais partie), comment rendre justice à la qualité du propos et de son rendu? Je me lance brièvement et pardon d’avance à ceux qui pourraient se sentir offensés. J’ai déjà mentionné la superbe de l’écriture des signataires des articles et chroniques de Liberté. Tous écrits par des personnalités issues du milieu littéraire, ou à tout le moins artistique, (j’espère ne pas me tromper sur ce détail!) les textes sont soumis à un comité de lecture que je devine sévère vue l’excellence de ce qui est passé par leur approbation. Que ce soit une réflexion sur l’apport social du phénomène mal connu des zines ou de la critique du recueil des chroniques de Lise Payette (Le mal du pays, Lux Éditeur), les articles sont si agréables à lire que même un sujet à prime abord peu intéressant devient une source de plaisir. Tout ça abordé sous l’angle de l’intelligence, de la pertinence… et un peu de l’impertinence aussi. Car c’est aussi une chose qui se sent : derrière toute cette rigueur littéraire et intellectuelle se cache probablement une équipe jeune, dynamique et connectée à son temps. Un peu de sarcasme par ici, de condescendance par-là.. rien de choquant, tout au plus des preuves d’une jeunesse vivante qui s’approprie un espace pour mettre son important grain de sel dans notre pensée souvent ankylosée. Un brin élitiste mais ça fait du bien, ça change de la médiocrité. Sinon, le propos se veut positif, réflectif et incite à se compromettre soi-même. La preuve : je n’ai pu m’empêcher de demander l’autorisation de faire part de ma riche rencontre avec Liberté ici. Parce que ma première date avec Liberté me fait dire : au prochain rendez-vous!

Liberté, no 299 Printemps 2013
Site web : www.revueliberte.ca
4 parutions / année
Prix : 12$
Disponible dans les bonnes librairies