Exposition – Alfred Pellan. Le grand atelier

Oeuvre d'Alfred Pellan
Oeuvre d’Alfred Pellan

Cet été, l’univers foisonnant d’Alfred Pellan (1906-1988) prend d’assaut le Musée national des beaux-arts du Québec dans une mise en espace surprenante, à l’image de l’homme dont l’imagination est légendaire. La présentation, qui donne un accès privilégié tant à d’innombrables facettes de sa production artistique qu’à son quotidien sublimé, déborde de ses deux grandes salles d’exposition pour envahir les espaces publics du Musée, à l’intérieur comme à l’extérieur, physiques autant que virtuels…

Alfred Pellan. Le grand atelier propose de découvrir cette figure emblématique de l’art du xxe siècle comme jamais auparavant dans la plus importante exposition consacrée à l’artiste depuis 20 ans. Participatif à plusieurs égards, le parcours de l’exposition plonge le visiteur dans l’esprit créatif de Pellan tout comme dans son intimité.

Un album comportant un grand nombre d’archives inédites accompagne Alfred Pellan. Le grand atelier. Une riche programmation culturelle se déroulant tout au long de l’été complète l’exposition : ateliers pour la famille, conférences, activités spéciales et plus encore!

L’EXPOSITION

Tout au long de sa prolifique carrière, Alfred Pellan (1906-1988) a exploré quantité de formes, de techniques et de matières, témoignant ainsi d’un besoin quasi vital de créer. Cette soif de création et cette curiosité insatiable imprègnent la présente exposition, qui réunit des pièces peu connues, puisées en grande partie dans l’important fonds d’atelier de l’artiste récemment consenti au Musée national des beaux-arts du Québec par Madeleine Poliseno Pelland, sa femme bien-aimée décédée en 2010.

Aux travaux préparatoires qu’il est possible de mettre en relation avec certaines des œuvres les plus marquantes de Pellan s’ajoutent de nombreuses interventions sur des documents ou des objets divers, de même que plusieurs pièces d’archives. Plus encore qu’une incursion dans l’intimité de la résidence-atelier de Sainte-Rose (Laval), cet ensemble inédit offre une immersion dans l’esprit créateur de l’artiste. Ainsi dévoile-t-il de nouvelles perspectives sur ses sources d’inspiration, ses sujets de prédilection et ses méthodes de travail.

Intégrant un espace participatif, l’exposition aborde différents thèmes qui nous plongent dans l’univers singulier et poétique d’Alfred Pellan et constituent autant d’occasions de se laisser toucher, séduire et amuser par la fantaisie et la créativité de cet artiste remarquable.

LA BÊTE IMAGINÉE

Bien que des représentations d’animaux figurent dans les œuvres de Pellan dès les années 1940, c’est au début des années 1970 que l’artiste inaugure la thématique du bestiaire, notamment avec une série de collages sur la maçonnerie de sa maison-atelier de Sainte-Rose. Par l’apposition de pièces de toile autocollantes, il transforme ainsi les pierres des murs de sa salle de bain, de sa véranda et de la cheminée de sa cuisine en autant d’animaux imaginaires dont la prolifération compose de joyeux bestiaires domestiques. De multiples variantes du thème suivront et ponctueront le reste de sa carrière, jusqu’à constituer le sujet de son dernier tableau : le fabuleux Bestiaire no 26, peint en 1984.

Les bêtes créées par Pellan peuplent tous les territoires de son art : dessins, estampes, peintures, sculptures. Souvent nées d’inspirations fortuites, elles prennent parfois l’allure d’animaux reconnaissables, mais sont pour la plupart tout droit issues de son imaginaire. Tantôt amusantes et paisibles, tantôt menaçantes, voire féroces, ces étranges créatures revêtent plusieurs caractères propres à l’homme, l’artiste ayant ainsi mis en œuvre une sorte de théâtre où se joue la comédie humaine.

LA FEMME DÉSIRÉE

Objet de désir, figure de la volupté et du plaisir charnel, la femme a traversé l’univers pellanien jusque dans les dernières œuvres de l’artiste. Par elle, Pellan aborde l’érotisme, un des sujets de prédilection du surréalisme – référence primordiale dans l’ensemble de sa production.

Tantôt inspiré de la poésie d’Éloi de Grandmont, de Paul Éluard ou de Claude Péloquin, tantôt issu de l’imaginaire de l’artiste, le nu féminin s’est exprimé sous diverses formes dans son travail. Peintes, dessinées ou intégrées à des collages, les femmes qui habitent ses compositions célèbrent l’amour et revendiquent fièrement leurs formes généreuses et sensuelles, adoptant ici des attitudes libres et enjouées, là des poses lascives, voire provocantes.

Le répertoire iconographique féminin de Pellan est aussi parfois associé à d’autres symboliques. La femme, sublimée, incarne alors la fertilité, l’univers cosmique ou la régénérescence. Dans certaines œuvres plus sombres, la figure féminine s’apparente plutôt à une allégorie du temps qui passe (memento mori). Elle côtoie alors la représentation de la mort, inéluctable destin de tout être vivant.

EXPLORER POUR CRÉER

Alfred Pellan a toujours éprouvé un profond respect à l’égard du métier d’artiste, auquel il s’est voué toute sa vie, sans compromis. La maîtrise du dessin et la compréhension de la couleur constituaient pour lui les fondements d’un tableau accompli. Sa connaissance intime des matériaux avec lesquels il travaillait, la multiplicité des techniques qu’il a explorées au fil de sa carrière, sans compter celles qu’il a mises au point, témoignent de son appétit pour l’expérimentation.

Ainsi sa pratique s’est-elle accompagnée d’une constante recherche exploratoire qu’il croyait essentielle à l’épanouissement de sa créativité. Le foisonnement des motifs et des arabesques dans ses toiles tout comme l’incorporation à sa peinture de matériaux inusités – brins de tabac, poudre de silice, sable, colle, débris de verre, fragments minéraux, riz ou mâchefer – s’inscrivent dans cette quête permanente visant à amplifier la richesse visuelle de ses compositions.

Les œuvres réunies dans cette section illustrent l’extraordinaire inventivité formelle, plastique et technique dont Pellan n’a jamais cessé de faire preuve dans son art.

LE QUOTIDIEN MAGNIFIÉ

Le besoin de créer d’Alfred Pellan semble avoir été insatiable. Absolument tout pouvait nourrir son inspiration et devenir prétexte à un geste créatif. Les objets les plus banals, la routine de tous les jours et même les mauvaises habitudes ont, à un moment ou à un autre, servi de matériau à son génie inventif. Sous sa main, des souliers, des articles ménagers, des galets, des illustrations parues dans les journaux ont subi un traitement inattendu, l’artiste portant à travers eux un regard aussi caustique qu’amusé sur son quotidien, sur son entourage ou sur lui-même.

Ces interventions manifestent l’éclectisme et l’humour, parfois grivois, de Pellan, traits de sa personnalité qui, s’ils sont perceptibles dans son œuvre peint, se révèlent encore plus frappants dans ce volet peu connu de sa production. D’une richesse exceptionnelle, le fonds d’atelier reçu en legs par le Musée national des beaux-arts du Québec est particulièrement éloquent à cet égard.

ALFRED PELLAN

De ses premiers tableaux à ses ultimes créations, Alfred Pellan nous transporte dans un univers visuel foisonnant, d’une profonde poésie. C’est avec beaucoup d’audace et une maîtrise exemplaire qu’il a puisé dans les grands courants de la peinture moderne – cubisme, fauvisme, surréalisme – pour construire son propre langage plastique. Cet artiste protéiforme, dont le Musée national des beaux-arts du Québec possède la plus importante collection d’œuvres, compte parmi les principaux acteurs de l’avènement de la modernité au Canada et demeure une figure emblématique de l’art québécois du xxe siècle.

CHRONOLOGIE

1906
Alfred Pelland naît le 16 mai à Québec. Vers 1930, l’artiste supprime le « d » de son patronyme.

1921
Pellan s’inscrit à l’École des beaux-arts de Québec, qui vient d’ouvrir ses portes, rue Saint-Joachim, dans le quartier Saint-Jean-Baptiste.

1926
Alfred Pellan et Omer Parent sont les premiers boursiers des arts de la province de Québec. Les deux amis s’embarquent pour Paris, où Pellan fait son entrée à l’École nationale supérieure des beaux-arts.

1940
De retour au pays en raison de l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale, Pellan expose 161 œuvres au Musée de la province de Québec (aujourd’hui, le Musée national des beaux-arts du Québec). L’exposition Alfred Pellan, reprise en version réduite à l’Art Association of Montreal (l’actuel Musée des beaux-arts de Montréal), sera l’occasion pour l’artiste de lancer une première attaque contre l’académisme, en faveur d’un art vivant.

1944
Pellan est nommé titulaire du cours de peinture à l’École des beaux-arts de Montréal. L’année suivante, plusieurs de ses étudiants manifestent haut et fort contre l’académisme qui y règne, exigeant le départ du directeur de l’école, Charles Maillard, qui démissionnera quelques mois plus tard.

1948
Quatorze artistes se regroupent autour de Pellan pour l’exposition Prisme d’yeux, qui est accompagnée du manifeste du même nom. Le texte, rédigé par Jacques de Tonnancour et signé par tous les artistes, traduit l’engagement de Pellan pour un art indépendant, ouvert à plus d’un mouvement artistique.

1949
Le 23 juillet, Alfred Pellan épouse Madeleine Poliseno, qu’il a rencontrée à l’été 1947 lors d’une soirée chez Jacques de Tonnancour.

1950
Le couple s’installe dans une maison centenaire à Sainte-Rose, près de la rivière des Mille Îles. Cette maison, qui a aussi abrité l’atelier de l’artiste jusqu’à la fin de ses jours, est aujourd’hui la propriété du Musée national des beaux-arts du Québec.

1955
Le Musée national d’art moderne de Paris présente Pellan, la première véritable exposition rétrospective d’envergure consacrée au peintre.

1969
Le soir du vernissage d’une exposition individuelle présentée au Musée d’art contemporain de Montréal a lieu le lancement de Voir Pellan, un documentaire sur l’artiste réalisé par l’Office national du film. La soirée prendra la forme d’un happening, avec un public costumé et la projection de diapositives polychromées sur des danseurs vêtus de blanc.

1972
Le Musée des beaux-arts de Montréal et le Musée du Québec (aujourd’hui, le Musée national des beaux-arts du Québec) organisent conjointement Pellan, la première rétrospective de l’artiste en sol canadien.

1984
Alfred Pellan reçoit le prestigieux prix Paul-Émile-Borduas, la plus haute distinction en arts visuels au Québec.

1988
Avec l’accord d’Alfred Pellan, le Musée du Québec et le Musée d’art contemporain de Montréal s’associent pour monter une exposition majeure sur son œuvre peint. L’artiste meurt à Laval le 31 octobre de la même année. L’expositionAlfred Pellan, une rétrospective sera finalement présentée à Montréal, puis à Québec en 1993.

2010
Le Musée national des beaux-arts du Québec reçoit en legs le fonds d’atelier de l’artiste, conformément aux dernières volontés de Madeleine Poliseno Pelland, décédée le 27 septembre. L’institution est désormais le plus important dépositaire de l’œuvre d’Alfred Pellan.

ESPACE PARTICIPATIF

Le travail de Pellan est une source inépuisable d’inspiration. Artiste aux multiples talents, tout ce qu’il touchait se transformait, se déployait et se magnifiait. Devant une œuvre de Pellan, tous nos sens sont interpellés, on veut les vivre. En s’inspirant du génie créateur de l’artiste, le public est invité à expérimenter, à s’approprier les œuvres et à les faire vivre, à sa manière.

Autour des Femmes boules
Une table basse permet aux visiteurs, petits et grands, de manipuler des formes tirées des œuvres de l’artiste. Femmes, chats, oiseaux et autres figures sorties de l’imaginaire de Pellan se retrouvent dans les mains des participants qui, à leur tour, font danser les formes et créent leur propre composition.

Le mur de pierres qui prendra vie
À la fin des années 1970 et au début des années 1980, Pellan transforme les murs de pierres de sa maison centenaire; c’est ainsi qu’un grand bestiaire habite les murs de sa demeure. Sur une reproduction d’un grand mur de pierres, le public manipule des formes aimantées afin de recréer une joyeuse ménagerie.

Dans le grand Jardin vert
Un espace immersif, où l’on entre littéralement dans l’œuvre Jardin vert, de Pellan. On peut s’asseoir, écouter les doux bruits qui émanent de ce jardin : l’œuvre prend vie. Quelques livres à consulter sont mis à la disposition des visiteurs.

Espace interactif
Des iPad permettent aux visiteurs de créer et d’envoyer une carte postale. À partir d’une photographie ou d’un fond peint, les participants font émerger, en dessin, des bêtes ou des formes. Par la suite, l’application permet de partager leur création sur Facebook, sur Twitter ou de l’envoyer par courriel.

LES CRÉDITS

L’exposition Alfred Pellan. Le grand atelier a été conçue et produite par le Musée national des beaux-arts du Québec.

Comité de projet :Marie-Hélène Audet, Eve-Lyne Beaudry, Jean-François Boisvert, Patrick Caux, Anne Eschapasse, Catherine-Eve Gadoury, Nathalie Thibault

Mise en espace :Jean Hazel

Le Musée national des beaux-arts du Québec est une société d’État subventionnée par le ministère de la Culture et des Communications du Québec.

LA PUBLICATION

Cet album met en lumière le processus créatif, les sources d’inspiration et les techniques de travail d’Alfred Pellan, l’un des peintres les plus importants de l’histoire du Québec. Véritable invitation à pénétrer dans l’intimité de l’atelier de l’artiste, il présente une centaine de dessins, de peintures, de photographies et de documents personnels pour la plupart inédits, puisqu’ils proviennent du remarquable legs consenti au Musée national des beaux-arts du Québec par son épouse. Ce face-à-face original et émouvant offre autant d’occasions de se laisser toucher par la prodigieuse imagination et l’inventivité effervescente d’un créateur hors du commun. Ce livre, généreusement illustré, est offert à la Boutique du Musée au coût de 19,95 $.

AUTOUR DE L’EXPOSITION

Visites commentées de l’exposition
Du 26 juin au 15 septembre / Du mercredi au dimanche, 13 h 30 et 15 h

Visite spéciale de l’exposition
Mercredi 19 juin, 19 h / Nombre de places limité / Premier arrivé, premier servi
Par Eve-Lyne Beaudry, commissaire de l’exposition

Visites spéciales nocturnes
Du 26 juin au 11 septembre
Les mercredis, en continu de 18 h 30 à 20 h 30

Conférences
Alfred Pellan, fils d’ouvrier
Vendredi 21 juin, 14 h
Ciné-conférence par André Gladu, producteur de cinéma, réalisateur et scénariste.
Alfred Pellan, peintre de la liberté
Mercredi 31 juillet, 14 h
Causerie par John R. Porter, président de la Fondation du MNBAQ, et Germain Lefebvre, antérieurement conservateur de l’art canadien au Musée des beaux-arts de Montréal.

Pour la famille
Mini-bestiaire
Du 1er au 30 juin / Ateliers pour tous / Les samedis et dimanches, 13 h, 14 h 15 et 15 h 30
Masques en folie
Du 3 août au 1er septembre / Ateliers pour tous / Les samedis et dimanches, 13 h, 14 h 15 et 15 h 30
Pellan plein les yeux : la murale de chantier
Samedi 15 juin, de 10 h à 15 h (remis au lendemain en cas de pluie)
Bestioles fantastiques
Festival d’été de Québec / Place de la famille le Lait située à Espace 400e
Tous les jours, du 4 au 14 juillet, en continu de 10 h à 16 h 30

Ateliers pour adultes
À vos crayons, spécial Pellan!
Les mercredis 3 et 31 juillet, 14 h et 19 h / Le mercredi 17 juillet, 19 h

Activité spéciale
Ateliers en tournée
Les vendredis 14 et 28 juin, 9 et 30 août, 13 h
Thomas Hellman chante Roland Giguère
Mercredi 4 et jeudi 5 septembre, 20 h

SUR LE WEB

Microsite de l’exposition
Explorez l’univers d’Alfred Pellan
www.atelierpellan.com

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RENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX

Heures d’ouverture du Musée

Du 1er juin au 2 septembre 2013
Tous les jours, de 10 h à 18 h, et le mercredi jusqu’à 21 h
Du 3 septembre 2013 au 31 mai 2014
Du mardi au dimanche, de 10 h à 17 h, et les mercredis jusqu’à 21 h. Fermé les lundis

Droits d’entrée

  • Adultes : 18 $
  • Aînés (65 ans et plus) : 16 $
  • Jeunes de 13 à 30 ans : 10 $
  • Forfait famille (2 adultes et 3 enfants de 17 ans et moins) : 40 $
  • Abonnés-Amis et jeunes de moins de 12 ans : gratuit
  • Prix réduit pour les groupes
  • Vestiaire gratuit
  • Les mercredis, de 17 h à 21 h : demi-tarif

Pour nous joindre
418 643-2150 ou 1 866 220-2150 / www.mnba.qc.ca

photo: courtoisie du Musée national des beaux-arts du Québec