La Vénus au vison chez Duceppe

Hélène Bourgeois Leclerc
Hélène Bourgeois Leclerc

La Vénus au vison
Texte de David Ives
Mise en scène de Michel Poirier
Avec Hélène Bourgeois Leclerc et Patrice Robitaille

Du 11 septembre au 19 octobre
au Théâtre Jean-Duceppe de la Place des Arts

L’acteur est un sculpteur de neige.
Pierre Fresnay

Thomas, dramaturge et metteur en scène a écrit une adaptation du célèbre roman de Leopold Sacher-Masoch, La Vénus à la fourrure.  Ce roman explore l’interaction entre le sexe et le pouvoir. Au moment où Thomas désespérait de trouver l’interprète idéale, arrive en coup de vent, Vanda, une jeune actrice fébrile et déterminée à tout faire pour obtenir le rôle, même si ses chances sont bien minces. Elle se confond en excuses, cajole et charme Thomas afin qu’il l’entende. Vanda plonge alors tête baissée dans l’interprétation du personnage, oblige l’auteur à reconsidérer son manuscrit et suscite par le fait même des discussions pertinentes sur les motivations qui habitent les deux personnages. S’amorce alors une aventure intellectuelle qui se transforme petit à petit en une rencontre captivante entre une actrice et son auteur.

Voici une grande histoire d’amour qui compose avec toute la fragilité humaine et l’impulsion du désir.

De la fourrure au vison
La Vénus à la fourrure, chef-d’œuvre sulfureux de la fin du 19siècle, signé par l’auteur autrichien Leopold Sacher-Masoch, relate la relation masochiste entre un homme et sa maîtresse qui consentent à être respectivement soumis et dominatrice, dans leurs jeux amoureux. Œuvre unique et, à l’époque, première du genre, elle en a inspiré plusieurs autres depuis les années 60. Adaptée en musique par Lou Reed pour le groupe The Velvet Underground, elle l’a aussi souvent été pour le cinéma. On attend d’ailleurs cette année sur les écrans, l’adaptation du réalisateur acclamé Roman Polanski. Le tour de force de David Ives, quant à lui, a été de transposer l’histoire de ces jeux de pouvoir dans et pour le théâtre, avec une saveur bien contemporaine. L’auteur crée ainsi, avec La Vénus au vison, une œuvre à la fois drôle et sexy qui est aussi surtout une mise en abyme brillante du théâtre. Un jeu de miroirs spectaculaire qui ouvre la réflexion sur les limites de l’interprétation, et les jeux de pouvoir et de séduction inhérents à la relation entre un créateur et sa muse.

Oser plonger
Pour incarner ce couple particulier et explorer les zones troubles et sombres dans lesquelles nous emmènent les personnages de Thomas et de Vanda, il fallait à Michel Poirier des acteurs matures qui n’hésitent pas à plonger corps et âme dans cette aventure. Et on peut présager d’un mariage heureux avec le duo à la fois choc et glamour formé par Hélène Bourgeois Leclerc et Patrice Robitaille.

Embrassant conjointement une belle carrière de comédienne au cinéma et à la télévision, la fougueuse Hélène Bourgeois Leclerc est de retour chez DUCEPPE après une première visite en 2003 dans Les Noces de tôle de Claude Meunier. Cette fois-ci, c’est sous la gouverne de Michel Poirier qu’elle remonte sur les planches avec l’assurance qu’on lui connaît. Si sa capacité de transformation fut immortalisée par sa magique interprétation de Dolorès dans Les Bougon et ses prestations dans les Bye Bye, sa force de caractère et son énergie pétillante ont fait d’elle une actrice fort demandée dès les prémices de sa carrière. La voilà qui incarne Vanda, une jeune actrice inexpérimentée mais prête à tout et qui saura se montrer savamment manipulatrice pour obtenir gain de cause. Entre ingénuité, séduction et manipulation, il n’y a qu’un pas. Explorant avec complexité le côté sombre de sa féminité et de son pouvoir, Vanda est un rôle en or pour Hélène Bourgeois Leclerc.

Patrice Robitaille, acteur polyvalent qui multiplie les rôles à la scène, à la télévision et au cinéma était un choix évident pour le metteur en scène. Entre Horloge biologique,Les doigts croches et ses rôles dans 30 vies et Toute la vérité, ce comédien prolifique a eu l’occasion de se frotter à un répertoire varié en plus d’être un scénariste apprécié. En tant qu’homme de scène ou d’écriture, nul doute que le défi de se glisser dans la peau de Thomas était attrayant. Jeune auteur et metteur en scène en quête d’une muse qui saura transcender son écriture jusqu’à inverser les rôles et mettre en doute ses certitudes, Thomas est un personnage ambivalent, brillant et plein d’envie. Du pain béni pour un comédien de la trempe de Patrice Robitaille que DUCEPPE accueille avec joie pour une première fois!