Quand la mer…Le témoignage d’un peuple!

Quand la mer...
Quand la mer…

Le Périscope de Québec a donné le coup d’envoi de sa saison 2013-2014 hier avec la présentation de la pièce Quand la mer…, que vous aurez l’occasion de voir jusqu’au 5 octobre. Amandine Gauthier, la directrice générale du Périscope, nous promet une saison haute en couleur qui dépassera les attentes du public. Des créations plus éclatées, des collaborations et des spectacles ambitieux et sous plusieurs formes…

Applaudissement; fondu; lumière; et on est directement transporté en Asie centrale où de vieilles taupes bavardent sur les pêcheurs du village. La mer est bonne cette année, elle ne les a jamais autant gâtés, mais les malheurs ne tarderont pas à s’abattre sur les habitants… Le plus vieux pêcheur refuse de léguer son bateau à son fils cadet, toujours en attente de l’aîné disparu, sa santé qui l’empêche de naviguer, sa fille qui quitte la maison familiale et mourra dans un incendie, les traditions qui sont de plus en plus difficiles à perpétuer et surtout, la fierté de tout un peuple qui disparaît en même temps que la mer…

Dans Quand la mer… deux époques plus ou moins définies se succèdent et le temps qui passe fait des ravages : les sources de la mer Aral, un des lacs les plus étendus au monde dans les années 60, ont été déviées pour la production du coton, le niveau de l’eau baisse, le taux de salinité monte et la vie qui meurt goutte à goutte. S’est tari en même temps que la mer tout l’espoir des villages côtiers de l’Ouzbékistan et du Kazakhstan de vivre traditionnellement. La culture et la santé des habitants sont ébranlées. Des cris, des pleurs, des déceptions, des rêves ternis hantent la rive asséchée et la folie qui s’installe peu à peu…

Dans une mise en scène réaliste et très simple, Philippe Soldevila mise plutôt sur le travail des acteurs et sur la charge émotive d’une situation bien réelle vue comme une des plus grosses catastrophes environnementales du 20e siècle. Le texte d’Esther Beauchemin, empreint de compassion sourde et impuissante, est incarné par des personnages qui hurlent leur douleur littéralement, déchirés par tous les fléaux qui s’abattent sur les villageois! Les cinq commères viennent délibérément alléger le malheur : jeu burlesque, déguisement sommaire, voix exagérée, échanges niais, tout ce qui faut pour tomber facilement de la tragédie à la comédie. Les dialogues sont ponctués de courtes chansons très bien dosées qui, par l’harmonie des superbes voix des acteurs, ajoutent une touche bienvenue de mise en scène.

Quand la mer… présente d’abord une étonnante confrontation entre l’évolution et la tradition et un témoignage saisissant de l’emprise de la nature sur le destin de l’Homme. Ensuite, la pièce aborde au passage plusieurs thèmes dont le rejet, la honte, l’amour interdit et le respect de soi. Quand la lumière se ferme sur le dernier acte, le spectateur a reçu une grande leçon de résilience et une bouffée d’émotions.

Fiche technique

Auteur et idée originale

Esther Beauchemin

Mise en scène et appui dramaturgique

Philippe Soldevila

Conseillère artistique

Geneviève Pineault

Assistance à la mise en scène

Mélanie Primeau

Scénographie

Christian Fontaine

Environnement sonore

Pascal Robitaille

Costumes et accessoires

Marianne Thériault

Éclairages

Guillaume Hoüet

Direction artistique

Esther Beauchemin
Geneviève Pineault
Philippe Soldevila

Distribution

Éloi Archambaudoin, Roch Castonguay, Céleste Dubé, Valérie Laroche, Annick Léger et Sylvain Perron