Une soirée au FCVQ, avec entrevues pour le film L’Autre Maison

Roy Dupuis, Marcel Sabourin et Émile Proulx-Cloutier dans l'autre Maison
Roy Dupuis, Marcel Sabourin et Émile Proulx-Cloutier dans l’autre Maison

Dans le cadre du Festival de cinéma de la ville de Québec, la soirée du vendredi 20 septembre s’annonçait très chargée hier, avec 2 films en compétition officielle qui étaient présentés, en plus de la possibilité de rencontrer les acteurs et le réalisateur du film L’autre Maison avant et après la présentation du film. À cela s’ajoutait un 5 à 7 ciné-Jazz, où les gens pouvaient assister au cinéma muet de Buster Keaton et Charlie Chaplin avec la trame sonore livrée en direct par des musiciens Jazz d’envergure, en collaboration avec le Festival de Jazz de Québec. Ceci avait lieu sous le dôme, à l’espace casino de Charlevoix de la Place D’Youville. Et finalement,  après la présentation du deuxième film en compétition, Don Jon, les gens étaient invités par le Québec Scope Magazine à prendre une consommation gratuite sous le dôme et festoyer ensemble.

Voici donc quelques réflexions ou commentaires des acteurs du film L’autre Maison, et du réalisateur Mathieu Roy que j’ai recueilli, soit avant ou après la projection du film. En discutant avec les acteurs du film, on sent tout de suite l’esprit de camaraderie qui les anime, le ton était beaucoup à la rigolade durant les entrevues :

Marcel Sabourin (le père ) :

Avez-vous fait des recherches, étudiez des gens avec la maladie de l’Alzheimer pour incarner de manière si réaliste votre personnage « Non, je ne me suis pas trop posé de questions sur la maladie et je ne connais que deux personnes qui ont cette maladie et seulement une que j’ai rencontré un moment donné et qui m’a dit “On se connaît nous n’est-ce pas?»  et je lui ai dit bien sûr… et il m’a répondu «ah oui c’est vrai!» avec ce regard de quelqu’un qui prétend se souvenir, mais dont il n’en est rien. Je me suis donc basé un peu sur cela, mais aussi beaucoup sur le fait que je suis distrait et un peu perdu moi-même dans la vie, alors je me suis laissé allé, tout en suivant les indications de Mathieu qui m’a dirigé à merveille en me conseillant d’en mettre plus ici, et un peu moins là… et voilà!» 

Votre rôle vous a été offert, au lieu de passer une audition. Pourquoi avoir dit oui et comment choisissez-vous vos rôles? « Déjà, d’être choisi, avec ça, on a un bon bout de chemin de fait. Ensuite, bien tu regardes le rôle, le scénario, le film en son tout. Et si cela a du bon sens, alors tu y vas. Dans ce cas-ci, Mathieu avec son sujet, cela avait plus que du bon sens…À la lecture du scénario, on voit tout de suite l’humanité et la vérité. Un vrai bon scénario. »

Vos autres projets :« Pour moi, ce sont les téléséries qui continuent, ‘Toute la Vérité’, puis ‘les Parents’, et possiblement un court-métrage qui découlera d’un long métrage, qui se fait en anglais. Mais je ne peux pas en parler plus que cela. Et un petit spectacle au théâtre Outremont, dans le cadre du festival de littérature, qui s’intitule ‘Sermons ou discours’. »

 Roy Dupuis (le fils Gabriel) :

Qu’est-ce qui est important pour vous dans ce film? « C’est sûr qu’il y a la maladie de l’Alzheimer et tout ce qui en découle, mais le film va au-delà de cette maladie. Une des choses qui m’a attiré dans le film, c’est la question «qu’est-ce qu’on fait avec nos vieux aujourd’hui?» C’est une question qui est moderne, actuelle. On n’avait pas ce problème-là, il n’y a pas très longtemps. Avant, nos vieux se ramassaient chez un membre de la famille et aujourd’hui, on a les institutions. C’est plutôt récent cette avenue de remettre nos êtres chers aux supposés spécialistes des institutions. Donc, pour moi, le film va au-delà de l’Alzheimer, mais tout simplement la question de vieillir… »

Votre rôle vous a été offert, au lieu de passer une audition. Pourquoi avoir dit oui et comment choisissez-vous vos rôles? « Pour moi, au-delà des rôles, je choisis des histoires de plus en plus. Souvent c’est relié, car on m’offre de transporter le film. Mais dans ce cas-ci, c’était différent, ce n’est pas moi qui porte le film. Je suis un des personnages. Et j’ai vraiment dit oui à cause de l’histoire. Je trouvais que c’était une belle histoire, bien racontée et moderne. Et ensuite, j’ai vu que je pouvais être le bon gars pour jouer ce personnage. Car il m’arrive des fois, de dire au réalisateur qu’il se trompe de gars et qu’il serait mieux avec un tel autre acteur. Car je sens parfois que quelqu’un d’autre pourrait mieux servir le personnage que moi. Alors ici, je trouvais que ce personnage pourrait être pour moi. Ensuite, la rencontre avec le réalisateur est très importante. Il faut voir si on se complète, si on peut se nourrir l’un l’autre. Car c’est un travail d’équipe un film. »

Après la projection du film, Émile Cloutier-Proulx a lui-même lancé à la blague cette question à Roy Dupuis, à savoir si lui-même, était pleinement d’accord avec le choix de Gabriel de poursuivre sa carrière, sans s’occuper de son père? « Pleinement, c’est un peu fort. Mais je le comprends Gabriel. Je pense qu’il n’y a pas grand monde aujourd’hui qui ont la possibilité d’arrêter de travailler pour accompagner un parent. Ils ont des enfants à nourrir, des gens à faire vivre. Aussi, Gabriel, je le comprends ici, il rend hommage à son père, en continuant le travail que son père a fait avant lui. Et il est persuadé que son père ne voudrait pas qu’il arrête d’informer les gens pour s’occuper de lui. Et tout cela devient un vrai dilemme pour Gabriel et cela le bouleverse énormément. »

Vos autres projets : « Je commence un long métrage québécois à la mi-octobre, qui devrait s’appeler Ceci n’est pas un polar de Patrick Gazé. »

Émile Proulx-Cloutier (le fils Éric) :

Qu’est-ce que vous avez apprécié le plus de ce film et de Mathieu comme réalisateur? «Ce que j’ai vraiment aimé de l’écriture de Mathieu, c’est qu’il arrive à montrer l’imperfection des êtres qui entourent, un défi qu’engendre le déclin d’un homme de cet âge-là. Aucun des deux frères n’est parfait. Même si mon rôle est celui de l’aidant naturel, je ne suis pas sûr qu’il fait tout ce qui est pour le mieux pour son père et il peut être profondément haïssable ce gars-là parfois, car il a toutes sortes de travers humains. C’est sûr que certains de ces travers sont des dommages collatéraux à ce qu’il vit avec son père et les compromis qu’il fait pour lui. Mais à l’opposé, le personnage joué par Roy, n’est pas nécessairement celui du méchant, celui qui choisit sa carrière et décide de ne pas arrêter sa vie pour celle de son père. Le film est assez nuancé pour qu’on puisse adhérer à ces deux façons d’être et d’agir contradictoires.»

Vos autres projets : « Pour moi, la télévision se poursuit, avec Toute la Vérité,mais tout ce qui occupe mon temps, ma tête, mes énergies en ce moment, c’est mon premier album de chanson que je finalise et qui va sortir en novembre. Ça fait environ 1 an et demi que je fais de la tournée au Québec, pour une quarantaine de spectacles jusqu’à maintenant. Je serai au Théâtre du Petit Champlain le 5 décembre pour un spectacle avec ces chansons. Donc, 2014 sera assez musical, mais n’exclura pas non plus le jeu.»

Mathieu Roy, Roy Dupuis, la productrice Félize Frappier, Marcel Sabourin et Émile Proulx-Cloutier
Mathieu Roy, Roy Dupuis, la productrice Félize Frappier, Marcel Sabourin et Émile Proulx-Cloutier

Mathieu Roy (scénariste et réalisateur du film)

Le tournage du film s’est déroulé au Québec, mais aussi à Paris, en Islande et dans un camp de réfugiés au Kenya. Est-ce un plus grand défi d’aller tourner ailleurs ainsi? « Non, je suis très habitué aux tournages à l’étranger. J’adore ça. Je les ai abordés comme avec mes documentaires, avec une équipe réduite. Et je dois dire que je suis plus confortable dans cette configuration. Et j’adore voyager et découvrir de nouveaux paysages à filmer. Donc, je suis toujours partant pour des tournages à l’étranger.»

C’est sûrement différent de tourner une fiction plutôt qu’un documentaire, ne serait-ce que la direction d’acteurs. Est-ce que c’était cela votre défi dans ce film? « Je ne crois pas que ce soit très différent de réaliser un documentaire ou une fiction. Évidemment, il y a la direction d’acteurs, mais quand on comprend et maitrise son sujet, ça devient un jeu. On s’amuse avec nos acteurs. Ça, j’ai adoré ça. Le défi de la fiction, c’est la limitation de temps. On sait qu’on arrive un matin et qu’à midi, la scène 37 par exemple devra être terminée et qu’on ne pourra plus la revisiter. Donc, il y a un stress constant de ne pas prendre trop de temps pour tourner nos scènes.  C’est donc de gérer le temps qui est un apprentissage pour moi dans ce premier film de fiction. Mais en même temps, c’est tellement une drogue extraordinaire d’être sur un plateau de tournage avec une équipe qui travaille dans le même sens, qu’on a tout de suite envie d’en faire un autre.» 

Vous vouliez que ce film soit un hommage à votre père Michel Roy décédé il y a deux ans. Est-ce que c’est un peu thérapeutique ou une manière de faire votre deuil, que de faire ce film? « C’est une bonne question. Est-ce qu’il y a un côté thérapeutique dans ma démarche? Probablement, mais ce n’est une décision consciente, de dire que j’ai besoin de faire un film pour mieux vivre, non. Pour un premier film de fiction, il est préférable de parler de quelque chose que l’on connaît et nous est familier. J’ai donc essayé de m’inspirer de ma vie pour tenter d’émouvoir un large public. J’ai tenté de rester universel dans le propos. J’ai voulu que les gens se reconnaissent et tenter de créer des conversations autour de ces thématiques. »

Une chose est certaine, ce film va effectivement engendrer des conversations, et pour en savoir plus sur mon appréciation du film, vous pouvez cliquer sur ce lien : https://info-culture.biz/2013/09/21/lautre-maison-de-mathieu-roy-un-des-films-en-competition-officielle-au-fcvq/

Avant la projection du film L’autre Maison, on a eu droit à la présentation d’un court métrage L’été Indien de Yanie Dupont-Hébert, d’une durée de 9 minutes, qui parle de deux enfants, une jeune mime et un apprenti indien, qui vivent chacun un bouleversement. Ils se rencontrent dans la forêt et passent un moment ensemble et s’entraider à repartir le cœur plus léger. Ce court métrage sera présenté bientôt dans un festival à New Delhi, devant mille jeunes.

Ensuite, avant la projection du film Don Jon, on a eu droit à la présentation d’un autre court métrage. Celui-ci, d’une durée de 14 minutes s’appelle Le Chevreuil, de Rémi St-Michel. C’est un film qu’il a fait comme finissant à l’UQUAM et qui met en vedette Louise Portal entre autres. Un petit film très drôle, ludique, et fort divertissant. Ce court métrage a remporté le prix spécial du jury remis à un film québécois lors du festival Off-Courts de Trouville (France), qui avait lieu du 31 août au 8 septembre. Cette récompense lui a valu une bourse de 1 500 euros (environ 1 875 $ CAN).

Galerie photo lors des entrevues avec les médias pour L’Autre Maison http://www.flickr.com/photos/infoculturephotos/sets/72157635707007425/

 Pour la programmation complète des films et des événements du festival du cinéma de la ville de Québec, qui se déroule du 19 au 29 septembre 2013.

http://www.fcvq.ca/

Crédit photos : Lise Breton