Le Balcon de Jean Genet au TNM

Le Balcon: Marie-Thérèse Fortin
Le Balcon: Marie-Thérèse Fortin

LE BALCON d  JEAN GENET dramaturgie et mise en scène RENÉ RICHARD CYR

du 5 au 30 novembre / Soirée médiatique vendredi 8 novembre, 20 h

AVEC  Éric Bernier / Stéphane Breton / Sonia Cordeau / Kim Despatis /
Benoît Drouin-Germain / Bernard Fortin / Marie-Thérèse Fortin /
Marie-Pier Labrecque / Simon Lacroix / Roger La Rue / Julie Le Breton /
Macha Limonchik / Bruno Marcil / Vincent-Guillaume Otis / Denis Roy

 
Au fil des saisons, René Richard Cyr se plaît à jeter un regard neuf sur des oeuvres fortes de la dramaturgie contemporaine. Dans Le Balcon, de Jean Genet, il met en scène un carnaval de personnages paradant dans un joyeux bordel où bourgeois et notables se travestissent pour mieux déguiser la réalité, pendant qu’au dehors gronde la révolution. Cette pièce sur la corruption et la perversion du pouvoir, d’une acuité et d’une pertinence très actuelles, est servie par une distribution éblouissante sur laquelle règne en Madame Irma une Marie-Thérèse Fortin au sommet de son art. Le Théâtre du Nouveau Monde est fier de présenter cette ambitieuse production d’un auteur majeur et pourtant rarement monté sur nos scènes.
 
JEAN GENET, MARGINAL ET GÉNIAL Enfant de l’Assistance publique, voleur, délinquant, révolutionnaire, homosexuel, Jean Genet (1910–1986) est l’ange noir de la littérature française du 20e siècle. Mais il est aussi un des plus grands dramaturges de son temps ! Également romancier et poète, Jean Genet a écrit une oeuvre controversée, satirique et provocatrice. Ses pièces Les BonnesLes ParaventsLes Nègres et Le Balcon ont marqué la création théâtrale des années 1950. Sa misère était sa richesse et la bassesse, sa gloire. S’il n’avait pas volé de livres, il aurait été ignare, disait de lui-même cet autodidacte qui se présentait comme un vagabond asocial et mystique. Inclassable, Genet revendiquait une rigueur intellectuelle, un militantisme de la marge et une liberté de propos qui ont fait scandale. Sauvé de la prison par Jean Cocteau, défendu par Jean-Paul Sartre, mis en scène par Louis Jouvet, ami de Giacometti, Henri Matisse et Simone de Beauvoir, Jean Genet a dépeint les bas-fonds de l’âme humaine avec délectation. Dans une écriture sublime et sensuelle — une écriture comme une rédemption car il s’agissait pour lui de maîtriser cette langue qui l’avait trop souvent condamné —, Genet a créé une oeuvre magistrale, dérangeante et d’une terrible actualité.
 
LE RÈGNE DE LA PERVERSION ET DE LA CORRUPTION Dans cette « maison d’illusions » qu’est Le grand Balcon, un bordel tenu par Madame Irma, les clients se travestissent pour atteindre une condition sociale qu’ils n’ont pas, ils paient pour transgresser les règles de la société. Dans ce huis clos décadent, se croisent l’homme d’église, le juge et le policier, la sainte et la prostituée, pendant qu’au dehors la révolution fait rage. Les personnages échangent leur rôle et le costume devient plus signifiant que celui qui le porte. Le Balcon est une exaltation de l’artifice, du faux, de l’illusion et de la théâtralité qui caractérisent l’oeuvre de Genet. Usant d’une écriture raffinée pour témoigner de la corruption qui ronge notre société, l’auteur a choisi la mascarade pour montrer comment l’image pervertit la réalité, pour dénoncer le mal et en faire naître la beauté. Écrit en 1956, Le Balcon a été remanié plusieurs fois par son auteur qui en a publié trois versions successives, en supprimant ou en ajoutant certains tableaux. René Richard Cyr a puisé dans ces différentes moutures de Genet pour composer une partition tout en nuances et proposer une vision de la pièce à la fois personnelle et universelle. En 1976, c’est André Brassard, révélateur de Genet au Québec, qui mettait en scène Le Balcon au Théâtre du Nouveau Monde, avec notamment Jean-Louis Roux, Monique Mercure et Jean-Louis Millette.
 
LA MAÎTRISE DE L’ILLUSION Fasciné par l’univers de Genet, René Richard Cyr a monté deux fois Les Bonnes : à l’Espace GO en 1992 et au Théâtre du Trident en 1994. Pour Le Balcon, qui représente pour lui une « folle allégorie sur la part de vrai et de faux inhérente à nos vies », il a choisi de montrer sur scène le grotesque de cette oeuvre baroque et bariolée, de démonter les ficelles d’un théâtre où comédiens et personnages ne sont que reflets d’une société où le paraître l’emporte sur l’être. Depuis Elizabeth, roi d’Angleterre, René Richard Cyr a trouvé en Marie-Thérèse Fortin une interprète à sa (dé)mesure. Flamboyante dans Belles-soeurs, cette grande actrice sait porter haut et fort les personnages que le metteur en scène lui confie. Elle tient ici le rôle de Madame Irma, entourée d’une imposante distribution où, parmi les 15 comédiens qui brûleront les planches, nous retrouvons Bernard Fortin, Roger La Rue, Bruno Marcil et Denis Roy en hommes de pouvoir, Macha Limonchik qui interprète la prostituée Carmen, ou encore Éric Bernier en envoyé de la reine, Stéphane Breton en bourreau, Julie Le Breton en révolutionnaire ainsi que des comédiens et comédiennes de la relève passionnés et curieux. Pour traduire l’extravagance de cet univers, René Richard Cyr a réuni une solide équipe de concepteurs aux propositions toujours étonnantes et audacieuses, dont Pierre-Étienne Locas à la scénographie et Marie- Chantale Vaillancourt aux costumes.
 
ÉQUIPE DE CONCEPTION Pierre-Étienne Locas / Marie-Chantale Vaillancourt /
Erwann Bernard / Alain Dauphinais / Alain jenkins / Jean Bégin / Rachel Tremblay /
Assistance à la mise en scène Marie-Hélène Dufort

production Théâtre du Nouveau Monde

AUTOUR DU SPECTACLE
ARTVSTUDIO, LE TNM DÉMASQUÉ le mercredi 20 novembre à 19 h. Marie-Chantale Vaillancourt, conceptrice de costumes de talent, s’entretient avec Lorraine Pintal sur les défis qu’elle a dû relever pour habiller les personnages « démesurés » du Balconblogueartv.ca
LES BELLES SOIRÉES LE LUNDI 11 NOVEMBRE À 19 h 30 René Richard Cyr et Paul Lefebvre, rédacteur du dossier Genet de L’Emporte-pièces 6, échangent sur le parcours de l’auteur et les enjeux de la mise en scène. bellessoirees.umontreal.ca