Billy (les jours de hurlement) ou la sottise humaine!

Billy (les jours de hurlement)
Billy (les jours de hurlement)

C’est du 15 octobre au 2 novembre au Théâtre Périscope de Québec que le courroux collectif se manifeste, dans sa plus simple expression, par les mots de Fabien Cloutier dans la pièce Billy (les jours de hurlement). Ce texte, qui s’est mérité le Prix Gratien-Gélinas 2011, s’inscrit clairement dans la ligne de pensée de la nouvelle campagne promotionnelle du Périscope qui vocifère contre le jugement populaire. Un café philosophique aura d’ailleurs lieu gratuitement le vendredi 25 octobre autour de la question des préjugés.

Un matin d’hiver, trois personnages en colère : la mère de la petite Alice qui se révolte contre les gros « BS » de parents à Billy, le père de Billy qui, lui, crie à l’injustice devant la classe plus que moyenne, et une femme, insultée par le système, ne peut plus attendre qu’on vienne lui poser son babillard. Ce matin-là, ça en est assez. Ce matin-là, ils vont parler, ils vont hurler.

Billy invite à la compréhension de l’autre, à la compassion, à l’humilité. Pour en arriver là, les personnages doivent traverser un chemin jonché d’idées préconçues, de colères injustifiées, d’ignorance de l’autre et de déni de soi, un passage désolant, difficilement acceptable…pourtant si criant de vérité. Le spectateur rit, gêné, rit jaune, rit beaucoup, rit à gorge déployée même, peut-être parce qu’il a honte de reconnaître ses propres paroles ou celles de quelqu’un qu’il aime. Le spectateur est confronté au mépris de sa propre race, est choqué, est poussé hors de sa zone de confort devant tant de diatribes non censurées, d’injures gratuites à la sonorité si commune.

Billy (les jours de hurlement)
Billy (les jours de hurlement)

La mise en scène de Sylvain Bélanger guide très bien le texte de Cloutier. Au début, les personnages ne se déplacent pas, ils refusent d’évoluer, seuls avec leur fureur vide et la lumière blanche, froide, accusatrice. Plus les scènes avancent, plus la colère qu’ils accumulent pour un oui ou pour un non les rend solidaires ou ennemis, jusqu’à ce que la honte, le regret, la raison les terrassent. Vers la fin, les trois insurgés, sans le savoir, interagissent, évoluent, et prennent conscience des fausses vérités qui ont nourri leur ignorance. Entre les scènes, la musique et les effets des néons sont aussi agressants et rythmés que les propos des personnages. Dans la blancheur du décor, des paravents en verre qui nous laissent voir, espionner ce qui se passe chez l’autre, comme si voir était synonyme de comprendre…

Billy (les jours de hurlement) est une pièce coup de poing signée Théâtre du Grand Jour, qui a comme dessein de stimuler la réflexion sociale et politique et de décrasser la pensée populaire des idées figées et faussement basées sur des opinions vides. C’est à grands coups de blasphèmes et de grossièreté que les trois comédiens, Guillaume Cyr, Catherine Larochelle et Louise Bombardier critiquent, combattent la sottise par l’insulte : des mots laids et faciles, mais tissés serrés, dans une mise en scène accessible. Ne pas s’attarder aux mots, se pencher sur la résonance des mots, ensemble…

Crédit photos: Yanick Macdonald

theatreperiscope.qc.ca