Préquelle inattendue à « St-Eustache » et ses Petites Victoires, KORIASS présente Rue des Saules, œuvre-fleuve où l’auteur-compositeur-interprète distille les souvenirs d’une époque mouvementée aujourd’hui révolue. Chapitre peu abordé jusqu’ici dans son parcours musical, le rappeur plonge tête première dans une flopée de souvenirs, en se tenant toutefois loin des clichés et gardant toujours la tête froide pour mieux s’émanciper de ses démons.
Le premier extrait vidéoclip « Montréal Nord », déjà visionné plus de 60 000 fois, pose ainsi un regard critique et mordant sur « Les mal-élevés, les centres jeunesses, les SDF, les aliénés, les fils de la paresse, les vrais BS » et toute une pléiade d’archétypes d’un genre désœuvré. Et si KORIASS a toujours puisé dans sa réalité pour mettre en prose son flow, jamais n’a-t-il été creusé aussi loin dans l’intime de son passé. Tout comme il le fait – avec autant de virulence que de rédemption – sur « 88 MPH » où le jeune homme « tente de réparer c’qui est cassé [car] le présent, c’est déjà le passé ».
On constate du coup, en écoutant « Tséveudire », que le rappeur n’a manifestement rien perdu de sa verve et son humour grinçant lorsque vient le temps de propulser quelques salves à l’endroit des ringards de ce monde. Ce qui, en soi, est une excellente nouvelle.
Sans contredit, KORIASS marque ici un franc coup et confirme tout le bien que l’on dit à son sujet. Armé d’un aplomb tonique, Rue des Saules démontre avec justesse l’étendu du talent de jeune MC, aujourd’hui perçu comme un chef de file de la nouvelle génération du rap québécois.
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photo: courtoisie
