Casse-Noisette : le Grand Ballet de Fernand Nault donne des airs de temps des fêtes à la Salle Wilfrid-Pelletier

Casse-Noisette
Casse-Noisette

Pour la première de Casse-Noisette, hier, Les Grands Ballets Canadiens de Montréal avaient convié smokings et robes de soirée à se réunir devant la scène de la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts afin de célébrer les cinquante ans de sa création par le chorégraphe québécois Fernand Nault.

Pour l’occasion, d’anciens danseurs de la production -dont l’étoile Vincent Warren- étaient présents, spectateurs avisés se laissant entraîner par les pointes et les plats qui perpétuent cette année encore la tradition de Noël qu’est devenu après un demi-siècle de représentations ininterrompues Casse-Noisette.

En 1891, le Théâtre Mariinsky de Saint-Pétersbourg commande au compositeur russe P. I. Tchaïkovski une partition pour un grand ballet, Casse-Noisette, qu’il livrera l’année suivante après avoir collaboré avec le chorégraphe français Marius Petipa, ce dernier tirant le livret du grand ballet d’une version du conte fantastique d’E.T. A. Hoffmann écrite par Alexandre Dumas ; Casse-Noisette sera finalement porté sur scène par Lev Ivanov, le second de Marius Petipa.

Au cours de la saison 1963-1964, Fernand Nault présente son propre Casse-Noisette au Louisville Ballet Company de Kentucky avant de poursuivre l’aventure avec Les Grands Ballets.

C’est ainsi que depuis cinquante ans, Casse-Noisette remonte sur scène au temps des fêtes de fin d’année afin de ramener petits et grands enfants au royaume des poupées.

« Mes chers enfants, il est un conte de fées que j’aime par-dessus tout. Chaque année au moment de Noël, j’éprouve une grande joie à vous le raconter une fois de plus. Asseyez-vous près de moi, installez-vous confortablement et mon histoire va commencer. » Fernand Nault

C’est le soir de Noël et la famille Stahlbaum est réunie autour du sapin et des nombreux présents déposés à son pied.
De son oncle Drosselmeier, la petite Clara reçoit un Casse-Noisette de bois, lequel sera bientôt brisé par son frère Fritz puis réparé par l’oncle mi-horloger mi-sorcier. Réconfortée, la fillette décide toutefois de passer la nuit sur le sofa afin de veiller pendant sa convalescence sur le pauvre soldat.
Mais minuit sonné, sort des murs de la maison le Roi des Rats, qui terrorise Clara. Casse-Noisette s’anime alors et mobilise son armée de bois pour livrer bataille au Roi et à ses rats.
Alors que débordées, les poupées se préparent à périr autour d’un dernier carré, Clara entre dans la danse et, lançant son chausson, atteint à la tête le Roi, lequel en trépassant délivre Casse-Noisette d’une ancienne malédiction.
Rendu à l’état de prince, ce dernier conduira Clara au Pays des Neiges puis au Royaume des Friandises, où elle rencontrera entre autres personnages féériques la Reine des Neiges et ses Flocons, la Fée Dragée et le Roi des Bonbons.

Casse-Noisette
Casse-Noisette

Avant même le lever de rideau, la production des Grands Ballets en met plein les yeux, un portique dont les moulures en trompe-l’œil arborent les personnages principaux de Casse-Noisette encadrant une toile bleutée, laquelle représente une nuit de Noël éclairée par de la neige qui tombe en boules de lumière sur les toits d’un village encaissé dans le creux d’une vallée.

Le rideau se lève et se succèdent dès lors les trois tableaux.

Qu’en dire ? Sinon que la scénographie, grandiose, fait défiler les décors somptueux en harmonie avec les superbes costumes créés par François Barbeau, avec une mention spéciale pour la pourpre dorée du Roi des Bonbons et ses protubérances sucrées.
Emmené par le chef d’orchestre Allan Lewis, l’Orchestre des Grands Ballets interprète sans fausse note la musique de Tchaïkovski, laquelle participe pleinement à emporter notre âme d’enfant en plein cœur fondant de la féerie, en particulier lorsqu’elle suit les petits pas de Danse de la Fée Dragée.

Le premier tableau vaut surtout le coup d’œil de par le nombre déroutant de protagonistes, petits et grands, qui se croisent et se recroisent aux pas d’une chorégraphie formidable et compliquée lors que la scène de la réception est ponctuée de saynètes humoristiques entre lesquelles s’insère avec bonheur Colombin et Colombine et leur drôle de danse mécanique.
La scène de la bataille entre les petits soldats et les rats est pour sa part un trésor de théâtre dansé et est menée de bout en bout tambour battant.

Dans les deuxième et troisième tableau, la danse prend toute son importance et les pirouettes sont alors omniprésentes, de sorte l’on a un peu le tournis après que se sont succédés la Reine des neiges et son Cavalier, les Flocons, la Fée Dragée et son Cavalier, le Roi des Bonbons et ses Trois Chefs, les Anges Bonbon-Mousse, les Espagnols, l’Orientale et sa suite, les Chinois, Trépak Ivan et les deux Matriochkas, les Gouttes de Rosée, le Berger en Massepain et ses Brebis et la Valse des Fleurs, cette énumération ininterrompue de pointes et de portés, de plats et de sautés mariant la grâce à la virtuosité s’achevant sur un par un de deux de toute beauté avant le final très acclamé.

L’arbre de Noël s’accroissant sans fin nous ayant fait entrer par un trou de souris dans la féérie, on en ressort à la taille et à l’état de poupée une fois Casse-Noisette fini et alors qu’est tiré un coup de canon ensevelissant la salle de spectacle sous la merveille et les confettis.

Du 12 au 30 décembre à la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.

Chorégraphe : Fernand Nault
Maître de ballet principal : Pierre Lapointe
Maîtresse de ballet : Margret Kaufmann
Maître de ballet : Steve Coutereel
Chefs d’orchestre : Allan Lewis, Oleksiy Baklan
Concepteur des costumes : François Barbeau
Concepteur des éclairages : Nicholas Cernovitch
Concepteur des décors : Peter Horne

Crédits photographiques : Les Grands Ballets Canadiens de Montréal