Inside Llewyn Davis (être Llewyn Davis) de Joël et Ethan Coen… pour la nostalgie de la musique folk traditionnelle américaine des années 60.

Inside Llewyn Davis (être Llewyn Davis)  de Joël et Ethan Coen
Inside Llewyn Davis (être Llewyn Davis) de Joël et Ethan Coen

J’ai vu, en grande première, le film Inside Llewyn Davis (être Llewyn Davis)  de Joël et Ethan Coen. Récipiendaire du grand prix du Festival de Cannes, en mai dernier,  ce film prend l’affiche dans nos salles de cinéma partout au Québec dès le 10 janvier 2014. 

Synopsis

Ce film raconte la vie d’un jeune chanteur de folk dans l’univers musical de Greenwich Village en 1961. Llewyn Davis est à la croisée des chemins. Alors qu’un hiver rigoureux sévit sur New York, le jeune homme, sa guitare à la main, lutte pour gagner sa vie comme musicien, et affronte des obstacles qui semblent insurmontables – à commencer par ceux qu’il se crée lui-même. Il ne survit que grâce à l’aide que lui apportent des amis ou des inconnus, en acceptant n’importe quel petit boulot. Des cafés du Village à un club désert de Chicago, ses mésaventures le conduisent jusqu’à une audition pour le géant de la musique Bud Grossman – avant de retourner là d’où il vient…

Si vous êtes comme moi, de grands amateurs des films des frères Coen, vous serez bien servis, car c’est probablement un de leurs meilleurs projets à ce jour. Ce long métrage se situe dans la même lignée que leur film O Brother, Where Art Thou?. Cette fois-ci, Joel et Ethan Coen nous transportent dans l’univers musical folk des années 60, dans les bars miteux de New York et ils se sont inspirés de la vie de Dave Van Ronk, ami et mentor de Bob Dylan, qui a été une figure de la scène folk new-yorkaise.

Si vous aimez la musique folk, si vous avez la nostalgie des années 60 ou si tout simplement vous avez le goût de vous tremper dans cette ambiance pendant 1 h 45, ce film est tout indiqué.

Dès les premières images, on est emporté dans ce petit bar du Greenwich Village, où Llewyn Davis (interprété avec brio par Oscar Isaac) chante avec émotions et une voix angélique superbe, une ballade triste (Hang Me, O Hang Me) qui nous poigne au cœur. Le ton est donné. Le public est accroché jusqu’à la fin.

Les chansons sont interprétées par les acteurs et je dois dire que Oscar Isaac m’a agréablement surpris. Je ne connaissais pas vraiment cet acteur, mais j’ai été conquise. Il a un charisme fou, et bien qu’il soit, il faut le dire un profiteur de l’hospitalité des autres, on ne peut presque pas lui en vouloir, tellement il a du talent et il sait nous charmer.

Oscar Isaac, Justin Timberlake  et Adam Driver , interprètent ensemble (en trio) une chanson comique et entrainante (Please Mr Kennedy)
Oscar Isaac, Justin Timberlake et Adam Driver , interprètent ensemble (en trio) une chanson comique et entrainante (Please Mr Kennedy)

En plus de Oscar Isaac, l’on retrouve dans la distribution Carey Mulligan, mais aussi Justin Timberlake (méconnaissable avec sa petite barbe et son look BCBG des années 60). Il y a un moment dans le film, où Justin, Oscar et un autre acteur/chanteur Adam Driver, interprètent ensemble (en trio) une chanson comique et entrainante (Please Mr Kennedy), qui m’a donné à peu près un des seuls sourires et moment de détente amusant du film. Car il faut le dire, pendant 1 h 45, l’on suit le périple de ce jeune chanteur qui n’arrive pas à percer dans son métier et qui attire la poisse partout autour de lui. Il abuse de l’amabilité des gens. Il lui arrive plein de pépins qui compliquent sa vie, et surtout, personne ne semble apprécier son talent. Cela est d’une tristesse sans fin, et la musique, mélancolique à souhait, vient ajouter à cet état d’âme tristounet.

J’ai bien aimé aussi la chanson Five Hundred Miles qui est remarquablement bien chantée en canon par les acteurs Justin Timberlake, Carey Mulligan et Stark Sands. Je pense que ce qui fait en sorte qu’on est autant affectés par ces chansons, c’est qu’elles ont été enregistrées live, pendant le tournage. Ce ne sont pas des pièces qui ont été enregistrées à part, mais bien tout en direct, devant les caméras et le public. Ce qui fait en sorte qu’on le vit comme si on était là, dans un concert intime.

Un autre moment magique pour moi survient, lorsque Llewyn va voir son père aphasique et lui chante une merveilleuse chanson avec toute l’émotion du monde dans ses yeux. Sublime! Et que dire de la réaction de son père que ne peux répondre que par un relâchement non souhaité…

John Goodman
John Goodman

On retrouve aussi dans la distribution, deux acteurs que j’adore et que je trouve qu’on ne voit pas assez souvent. John Goodman a un rôle fort difficile à jouer, en tant que jazzman au caractère exécrable, et à mon avis il le rend de manière fort crédible. Également F. Murry Abraham a un petit rôle, celui de l’imprésario peu loquace Bud Grossman, qui m’a plu tout de suite. Et j’ai eu un petit coup de coeur pour le couple Gorfein (Ethan Philips, Robin Bartlett), des bourgeois trop sympathiques qui hébergent parfois le pauvre Llewyn et qui lui pardonnent toutes ses bévues et ses mauvaises paroles.

Ce film sera assurément un succès et il cumule déjà une panoplie de prix et de nominations, dont certains aux Golden Globes et je ne serais pas surprise que cela continue pour les nominations aux Oscars.

Oscar Isaac, Justin Timberlake, Carey Mulligan
Oscar Isaac, Justin Timberlake, Carey Mulligan

Donc, en résumé, les frères Coen nous racontent ici l’histoire d’un antihéros, les échecs d’un chanteur qui aurait pu percer, mais qui n’était pas au bon endroit, au bon moment. Il était là, juste avant Bob Dylan, avec une plus belle voix, avec autant de détermination, mais c’était la transition, et Llewyn n’a pas su s’adapter, faire les compromis, alors que Bob Dylan, lui a été découvert et a eu une carrière formidable. La fin du film nous démontre bien cette ironie du sort et se termine sur une pièce de Bob Dylan justement. C’est la vie ! Mais au-delà de tout cela, c’est un pan de l’histoire de la musique traditionnelle folk américaine qui est raconté, mise en lumière et on se rend rapidement compte que les frères Coen sont en amour avec cette époque, cette musique et ces chanteurs. Alors, on ne peut pas faire autrement que de tomber en amour avec eux, nous aussi!

Distribution

Oscar Isaac (Llewyn Davis)

Carey Mulligan (Jean)

Justin Timberlake  (Jim)

Garrett Hedlung (Johnny Five)

Stark Sands (Troy Nelson)

Max Casella

Ethan Phillips (M. Gorfein)

Robin Bartlett (Madame Gorfein)

Adam Driver (Al Cody)

John Goodman (Roland Turner)

F.Murray Abraham (Bud Grossman)

Jerry Grayson (Mel)

Sylvia Kauders (secrétaire de Mel)

 Réalisateurs et scénaristes

Ethan Coen

Joel Coen

Producteurs

Joel Coen

Ethan Coen

Scott Rudin

Studio de production

Scott Rudin Productions

StudioCanal

CBS Films

Distributeur au Québec

Métropole Films Distribution

 

http://www.insidellewyndavis.com/home

 

crédit photos : courtoisie