L’Histoire des Ours Pandas Racontée par un Saxophoniste qui a une Petite amie à Fancfort prend son envol dans le sous-sol du Théâtre Prospero

Sonia Cordeau, Charles-Alexandre Dubé
Sonia Cordeau, Charles-Alexandre Dubé

Mise scène par Edith Côté-Demers d’après le texte éponyme de Matéi Visniec, L’Histoire des Ours Pandas Racontée par un Saxophoniste qui a une Petite Amie à Francfort s’installe du 25 février au 15 mars dans la salle intime du Théâtre Prospero.

IL se réveille, avec ELLE dans son lit. Qui est-ELLE ? Qu’ont-ILS vécu tous les deux la dernière nuit ?
C’est le trou noir pour LUI ; IL enquête alors, essayant de recomposer une histoire avec ce qu’ELLE raconte de LUI.

LUI est saxophoniste et solitaire, ELLE ouvre les portes de son pied-à-terre et de son esprit.

ELLE et LUI vont se revoir neuf fois, neuf nuits, soit le temps qu’il LUI faudra pour parvenir à écouter le silence et croire à la fantaisie avant de passer de l’autre côté, apprivoisé par sa présence à ELLE, sûr de LUI, vers le parc à pandas de Francfort et une autre vie.

Car leur relation, qu’est-ELLE, sinon son dernier rêve à LUI ?

Partant d’une situation ordinaire, L’Histoire des Ours Pandas Racontée par un Saxophoniste qui a une Petite Amie à Francfortpassée la première scène, prend son envol pour s’évader au-dessus du quotidien et emmener avec ELLE et LUI le spectateur dans un univers onirique qui n’est pas sans rappeler celui du cinéaste Michel Gondry.

Edith Côté-Demers, qui adapte la pièce du dramaturge roumain Matéi Visniec, dit avoir eu un véritable coup de cœur pour cette histoire d’amour magique très loin des réalisations actuelles, souvent moralisatrices ou cyniques.

Il est vrai que Matéi Visniec s’est depuis ses débuts en Roumanie servi de « l’absurde et du délirant » dans le but de se construire un espace-temps libéré du réalisme socialiste -en d’autres termes du totalitarisme communiste- de Ceausescu.

Son théâtre se déploie ainsi à travers une écriture parlée emplie d’humour, de folie douce et de poésie et qui, sans tomber dans la mièvrerie, rappelle par moments la naïveté émouvante du Petit Prince de Saint-Exupéry.

Pour sa première mise en scène, la diplômée du Conservatoire des Arts Dramatiques de Montréal Edith Côté-Demers a procédé en mettant sur la table ses idées, décidant avec les sept autres membres du Théâtre du Chantier des orientations que prendrait pas à pas le projet dont les premières lectures ont commencé en début d’année.

Suivant le vœu de la metteure en scène de donner la priorité aux acteurs, Sonia Cordeau et Charles-Alexandre Dubé, qui interprètent ELLE et LUI, ont laissé de côté le théâtre formel, se tournant plutôt vers le cinéma ; ils ont ainsi nourri leur jeu d’extraits de films en tous genres, gardant toujours en tête ces deux questions : Qui sont ELLE et LUI ? Qu’est-ce que leur relation ?

Le résultat, plein de lumière, c’est celui d’une histoire d’amour extraordinaire qui déroule sans trop de linéarité ses instants d’excentrique drôlerie et de tendre complicité pour amener l’audience vers le vide doux-amer du dénouement.

Composés par le musicien Arnaud Allary, les airs de saxophone passent du « romantique cheap » à des souffles plus farfelus et participent à rendre l’atmosphère de plus en plus floue qui fait perdre le fil des nuits à mesure qu’ELLE et LUI ne font plus qu’ILS avant de sortir de scène pour on ne sait où.

La porte est laissée ouverte aux interprétations et on a dès lors très envie de revenir faire un tour dans la salle souterraine du Théâtre Prospero, dans l’intimité de laquelle on se sent proche d’ELLE et de LUI et de leur chambre à coucher, pour se repasser le film et y apporter à chaque visionnage quelque chose de nouveau, un peu comme le message d’un répondeur qui ne répéterait jamais tout à fait de la même manière les mêmes mots.

Distribution : Sonia Cordeau, Charles-Alexandre Dubé

Texte : Matéi Visniec
Adaptation et mise en scène : Edith Côté-Demers
Assistance à la mise en scène : Alexandra Cyr
Décors et costumes : Sylvain Genois
Conception sonore : Arnaud Allary
Eclairages et régie : Geneviève Perreault
Avec la participation de : Mikhaïl Ahooja, Philippe Audrey, Hugo B. Lefort, Michel Dorion

Crédits photographiques : Hugo B. Lefort